Le 22 janvier dernier, lors du meeting du Bourget, François Hollande a déclaré qu’il proposerait, s’il est élu le 6 mai prochain, de négocier un « nouveau traité franco-allemand » avec la chancelière Angela Merkel.

Cinquante ans après la signature du traité de l’Élysée et dix ans après l’adoption de la déclaration commune franco-allemande, notre candidat à l’élection présidentielle entend « ouvrir un nouveau cycle en Europe, celui d’une coopération économique, industrielle, énergétique entre nos deux pays ».

D’aucuns rétorqueront que la France et l’Allemagne ont adopté, le 4 février 2010, l’Agenda 2020, dans lequel est exposée leur vision commune de l’avenir. Certes, mais depuis cette date, les négociations pour résoudre la crise de la zone euro ont révélé le déséquilibre du couple franco-allemand au profit de l’Allemagne.

Cette situation est préjudiciable à l’ensemble de l’Union européenne, dont la stabilité et la prospérité dépendent, pour une large part, du moteur franco-allemand. D’où la nécessité d’un rééquilibrage de la relation entre Berlin et Paris.

Il n’est pas question d’institutionnaliser une sorte de directoire franco-allemand de l’UE. Cette dernière souffre déjà d’un excès d’inter-gouvernementalisme. Il s’agit encore moins de remettre en cause le formidable acquis de cinq décennies de coopération franco-allemande (OFAJ ; jumelages et partenariats locaux ; ARTE ; AbiBac ; manuel d’histoire franco-allemand ; colocalisations diplomatiques et consulaires ; brigade franco-allemande ; etc.).

Le nouveau traité bilatéral proposé par François Hollande devrait, à mon sens, exposer une nouvelle vision commune de l’Europe – idéalement fédéraliste – et jeter les bases d’une stratégie coopérative au service de l’intérêt général européen : rapprochement des modèles de croissance économique (faire jouer un rôle plus important à la consommation allemande et relancer les exportations françaises) ; convergence fiscale et sociale (instaurer un salaire minimum généralisé en Allemagne et sécuriser les parcours professionnels en France) ; redéfinition du rôle de nos deux pays sur la scène internationale (attribuer à l’Allemagne un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies et encourager Berlin à jouer un rôle accru dans les affaires du monde) ; etc.

Pour sortir l’Union européenne de l’ornière de la crise, il faut impérativement réalimenter en carburant le moteur franco-allemand. Cela passe nécessairement par une « relation de vérité » entre nos deux pays.

Richard Yung

Cet article a été publié dans l'édition printemps-été 2012 de la Lettre de Munich (http://www.adfm-munich.de/ldm.htm).