Lors de sa campagne présidentielle, François Hollande avait promis un débat annuel au Parlement portant sur l’immigration professionnelle, notamment dans le but de fixer les besoins de la France en main-d’œuvre étrangère.

Le premier de ces débats a eu lieu au Sénat mercredi dernier, dans une atmosphère sérieuse et apaisée, loin des excès à laquelle l’ancienne majorité nous avait habitués. Très justement, le gouvernement a fait le choix d’intégrer l’immigration étudiante à ce débat. Un tiers des étrangers diplômés en France restent en effet dans notre pays après avoir achevé leur cursus universitaire pour y exercer une activité professionnelle. C’est donc accompagné de la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, que le Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a piloté ce débat de très bonne tenue qui mériterait d’être davantage expliqué aux Français.

Ils découvriraient ainsi que les intervenants de tous les bords politiques ont unanimement souligné l’apport essentiel et historique que constitue l’immigration pour notre pays. Aujourd’hui, 19% des français sont immigrés ou descendants d’immigrés, et parmi eux, notre Ministre de l’Intérieur est un exemple d’intégration réussie. Loin des idées reçues, ils apprendraient que ces étrangers sont des contributeurs nets au budget de l’État. Ils apprendraient aussi que l’immigration économique (20.000 arrivants chaque année soit moins de 10% de l’immigration totale) reste trop faible en France par rapport à nos voisins européens alors que le besoin de main d’œuvre étrangère est réel. L’immigration étudiante reste quant à elle à un bon niveau puisqu’avec ses 290.000 étudiants étrangers, la France est avec l’Allemagne le premier pays non anglophone de destination des étudiants dans le monde même si ces dernières années la tendance est au reflux. Il y a donc urgence à élaborer une stratégie ambitieuse pour redynamiser ces deux formes d’immigration en faisant sauter les verrous (notamment nos procédures administratives décourageantes) qui y font obstacle afin que la France profite pleinement des nombreux atouts qu’elle possède déjà pour attirer les étudiants et travailleurs étrangers.

Dans cette optique, Manuel Valls et Geneviève Fioraso ont émis de nombreuses propositions auxquelles je souscris pleinement. Il s’agit en premier lieu de rationaliser et simplifier l’offre de titre de séjour pour les travailleurs – il en existe 15 actuellement ! – via une généralisation du titre de séjour pluriannuel. Le contrat d’accueil et d’intégration sera par ailleurs réformé pour améliorer la formation dispensée aux arrivants. De plus, le Ministre de l’Intérieur a annoncé une refonte de la liste des métiers en tension, c’est-à-dire des professions ouvertes aux travailleurs étrangers hors UE. Il est en effet aberrant de constater que l’aide à domicile n’y figure toujours pas alors que les besoins se font croissants. La question des travailleurs sans papier a évidemment été évoquée. Manuel Valls a rappelé que sa circulaire du 28 novembre 2012 serait appliquée avec un souci de justice et de rigueur.

L’immigration étudiante fera elle aussi l’objet de plusieurs ajustements. Les étudiants étrangers n’auront ainsi plus besoin de renouveler chaque année leur titre de séjour. Un visa leur sera délivré pour la totalité de leurs études plus une année supplémentaire pour leur permettre d’intégrer le marché du travail. Les doctorants étrangers, qui participent à l’excellence de la recherche française, bénéficieront en outre d’un visa permanent. Le dispositif de sélection sera renforcé pour attirer les meilleurs élèves et lutter contre l’échec. Surtout, les étudiants seront mieux accueillis grâce à la mise en place d’un guichet unique pour faciliter les démarches – qui auront vocation à devenir dématérialisées – et l’installation. Le système des bourses sera entièrement revu pour bénéficier aux étudiants étrangers qui en ont besoin. La construction de 40.000 logements étudiants d’ici 2017 dont une partie sera affectée aux étudiants étrangers garantira des conditions d’accueil propices à la venue de nombreux étudiants étrangers. Enfin, Geneviève Fioraso a rappelé deux mesures à venir qui sont susceptibles d’attirer davantage d’étudiants étrangers : la limitation drastique du nombre d’intitulés de licences (3700 aujourd’hui !) pour améliorer la lisibilité de notre enseignement supérieur et la possibilité pour les universités de déroger à la loi Toubon pour proposer des enseignements en langue étrangère.