Nous aurons, lundi à l’Assemblée nationale et mercredi au Sénat, un débat sur l’immigration à partir d’une déclaration du gouvernement.

Je fais miens les propos publiés par les Présidents de nos groupes parlementaires dans « Le Monde » du 5 octobre. Je souhaite pour ma part que la France reste la terre d’accueil qu’elle toujours été, qu’elle offre refuge aux persécutés et à ceux qui ne peuvent plus vivre sur leurs terres. Il faut que cette vocation humaniste qui définit notre pays et les valeurs européennes soient partagée avec les autres pays de l’Union européenne (et d’autres s’ils le souhaitent). Nous grandirons avec ceux qui nous rejoignent et qui nous apporteront leurs cultures et leur richesse. C’est là que nous devons faire aux porteurs de refus, de rejet, de haine.

« Immigration : tout repenser ! »

Tribune. Parler d’immigration, c’est notre devoir. Le 7 octobre à l’Assemblée nationale et le g octobre au Sénat, nous allons tenir la promesse faite par le président de la République aux Français, à l’issue du grand débat : organiser chaque année un débat parlementaire sur la politique migratoire en France et en Europe.

Nous allons parler d’immigration et d’intégration, parce que c’est le moment pour le faire. Nos concitoyens nous l’ont dit : ils attendent de notre majorité qu’elle s’empare des grands sujets, même les plus complexes. Alors que la nouvelle Commission européenne se met au travail, nous devons porter des positions claires en Europe, c’est à cette échelle que se situent les bonnes réponses. Et au moment où nous nous apprêtons à confier la gestion de nos villes à de nouveaux exécutifs, nous voulons soutenir nos élus locaux dans le déploiement des politiques d’intégration sur les territoires. Là où se construit la cohésion nationale.

Ce débat est inédit. Et ses objectifs le sont tout autant. Dans l’immédiat, il n’a pas vocation à statuer sur telle ou telle mesure. Celles-ci viendront en leur temps, construites par la majorité et les parlementaires. Il a une visée stratégique : repenser notre politique migratoire et d’intégration.

Relever ce défi ne concerne pas seulement l’année 2020 ou la fin du quinquennat, mais bien notre avenir collectif. Depuis vingt ans, trop de politiques ont été mises en échec. La loi que nous avons nous-mêmes adoptée en 2018 commence à produire des effets, mais chacun sent bien que les progrès sont trop lents, les obstacles trop nombreux.

Dire la vérité, c’est poser un diagnostic partagé

Nous allons parler d’immigration avec une exigence de vérité. Nos concitoyens n’en peuvent plus des postures caricaturales, des manœuvres d’évitement ou de !’instrumentalisation par les démagogues. Notre pays s’abîme, déchiré entre un camp qui reproche à la France d’avoir tourné le dos à ses valeurs humanistes et un autre qui ne voit dans les réfugiés et les migrants que des menaces. À cette opposition de postures, tout le monde est perdant : nos principes sont mis à mal, l’efficacité de notre action mise en accusation.

Dire la vérité, c’est poser un diagnostic partagé. La France vit une situation particulière : alors que deux fois moins de personnes entrent en Europe qu’en 2015, le nombre de demandes d’asile a augmenté de près d’un quart dans notre pays. Le système européen est à bout de souffle. Les conditions d’accueil dans les États membres sont disparates, la coopération insuffisante et les accords de Dublin conduisent à des situations inextricables. Nous refusons les raisonnements simplistes qui voudraient que des conditions d’accueil dégradées soient dissuasives. Mais l’efficacité de tous nos dispositifs doit être évaluée, en les comparant à ceux de nos voisins. Abus et détournements seront corrigés.

Dire la vérité, c’est aborder la politique migratoire dans toutes ses composantes : les politiques de régulation et les relations avec les pays de départ, bien sûr, mais aussi l’économie, la santé, le travail, le logement, l’éducation, etc. Témoignant de cette nécessité, la discussion au Parlement mobilisera de nombreux ministres. Nous souhaitons qu’au lendemain de ce débat l’organisation administrative évolue pour pérenniser cette approche globale et incarner de manière visible la cohérence de nos politiques. Dans le respect de la dignité des personnes, de nos obligations constitutionnelles et internationales et avec la prise en compte de nos besoins économiques.

Nous devons oser parler de l’immigration économique

Ce débat doit nous permettre de réinventer la politique migratoire de demain. En agissant sur tous les fronts.

L’asile est un droit, non une faveur. Notre humanité est chaque jour questionnée par les conditions d’accueil des femmes et des hommes qui entrent sur notre territoire. Elles doivent être dignes et bénéficier aux personnes qui sont légitimes à y prétendre, et à elles seules. La réussite de nos politiques d’intégration suppose de rétablir la confiance, au jourd’hui entamée, entre les associations, les initiatives citoyennes et les pouvoirs publics. Ne jamais tourner le dos aux bonnes volontés, elles sont trop précieuses !

À côté du droit d’asile, nous devons oser parler de l’immigration économique. Opposer les chômeurs français aux migrants, c’est omettre qu’existent en France des secteurs aux besoins de main-d’œuvre non satisfaits. Traiter ce sujet ne signifie pas être les naïfs de la mondialisation ou ouvrir grand nos frontières, mais imaginer une stratégie, fondée sur des besoins identifiés et des objectifs chiffrés, en associant tous les acteurs concernés, partenaires sociaux et acteurs locaux. Nous devons enfin poursuivre notre action d’accompagnement des pays de départ. Il faut que notre action diplomatique et l’aide publique au développement incitent les populations de ces pays à se construire un avenir chez elles.

La semaine prochaine, nous parlerons d’immigration. Avec sérénité et lucidité. L’action suivra, efficace et dans le respect de nos valeurs. Se joue rien de moins que l’idée que nous nous faisons de nous, de notre pays et de l’avenir de notre continent.

Stanislas Guerini est député de Paris et délégué général de La République en marche (LRM).
Gilles Le Gendre est député de Paris et président du groupe LRM à l’Assemblée nationale.
François Patriat est sénateur de la Côt e-d’Or et président du Groupe LRM au Sénat.
Stéphane Séjourné est député européen et président de la délégation française Renaissance au Parlement européen.