Le 9 février, j'ai posé une question d'actualité au Gouvernement relative à l'avenir de l'Union européenne.

Vous trouverez, ci-dessous, le texte du compte-rendu ainsi que la vidéo de mon intervention et de la réponse du secrétaire d'État chargé des affaires européennes, Harlem DÉSIR.

M. le président. La parole est à M. Richard Yung, pour le groupe socialiste et républicain.

M. Richard Yung. Ma question porte sur l’avenir de l’Union européenne.
Avec le Brexit, l’Union est confrontée à la crise la plus grave qu’elle ait eu à connaître depuis sa fondation.
Un divorce, après quarante ans de vie commune qui ont tissé des liens très forts, est nécessairement difficile, douloureux, complexe. Pour autant, nous devons être fermes et faire en sorte que, après la négociation, s’il y a un accord, les vingt-sept pays restés membres de l’Union européenne soient dans une situation plus favorable que celui qui l’aura quittée. Je pense bien entendu au Royaume-Uni.
L’Union doit aussi faire face à des difficultés du côté transatlantique. Pour le locataire de la Maison-Blanche, « cela n’a aucune importance […] que les Européens soient unis ou non ». « Le Brexit va être une chose merveilleuse » ; « d’autres pays vont quitter l’Union européenne », qui est « un instrument au service de l’Allemagne ». Ces déclarations surprenantes, choquantes, montrent que le président des États-Unis nouvellement élu ne maîtrise pas bien la matière européenne. Elles montrent aussi sa volonté de construire un ordre international basé sur des relations bilatérales et non plus sur le multilatéralisme, lequel prévaut depuis 1945.
Pour relever les nombreux défis qui sont devant eux, les États membres de l’Union doivent faire bloc et réaffirmer les valeurs sur lesquelles repose la construction européenne. C’est ce que l’on appelle le nouveau partenariat à vingt-sept.
Il nous faut donc définir une stratégie commune pour relancer le projet européen après le Brexit. Monsieur le secrétaire d’État, quelles sont les orientations et les propositions que la France souhaite mettre en avant dans la perspective des prochains sommets européens ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé des affaires européennes.

M. Harlem Désir, secrétaire d'État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé des affaires européennes. Monsieur Yung, dans le contexte que vous avez très bien rappelé, la première des déterminations de l’Union européenne doit être son unité, surtout quand l’un de ses membres les plus importants, à savoir l’Allemagne, est mis en cause par le nouveau président américain.
Quand le nouvel ambassadeur désigné par l’administration Trump auprès de l’Union rappelle qu’il a été auparavant en poste auprès de l’Union soviétique et qu’il souhaite que l’Union européenne connaisse le même sort que celle-ci, nous devons d’abord affirmer notre unité.
C’est pourquoi les célébrations du soixantième anniversaire du Traité de Rome qui nous réuniront le 25 mars doivent être plus qu’un temps de célébration : un temps d’affirmation !
Bien sûr, il conviendra de rappeler que nous avons accompli de grandes choses ensemble, après tant de guerres qui avaient déchiré le continent, que les valeurs qui ont fondé le projet européen, c’est-à-dire la paix, la coopération, la démocratie, les droits de l’homme, restent actuelles et indispensables pour le continent. Il faudra surtout réaffirmer que nous avons l’ambition de continuer à agir ensemble, parce que les affaires qui nous concernent, à savoir la sécurité face aux guerres qui nous entourent, en Syrie, en Irak, en Libye, et face au terrorisme, ne seront réglées par personne d’autre que nous.
Nous avons des intérêts et des valeurs à défendre. Lorsque la nouvelle administration américaine veut remettre en cause les accords de commerce, nous avons des intérêts économiques à défendre. Lorsque le Proche-Orient menace de nouveau de s’enflammer à cause du déplacement d’une ambassade, nous devons rappeler les principes des Nations unies qui sont ceux du droit international, et que l’Europe est au service d’un ordre international fondé sur le droit et non pas sur la force.
Lorsque, à l’est de l’Union, un grand pays a annexé la Crimée,…

M. le président. Il faut conclure, monsieur le secrétaire d’État !

M. Harlem Désir, secrétaire d'État. … nous avons rappelé le droit international.
Mesdames, messieurs les sénateurs, nous réaffirmerons nos valeurs, notre détermination, pour nos intérêts et notre sécurité. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)