L’Insee table sur une croissance du PIB de 0,4 % au premier et au deuxième trimestre. Le rebond de la consommation est plus fort que prévu. Les entreprises retrouvent des marges pour investir. Le chômage ne devrait que légèrement reculer.

L’absence de mauvaise nouvelle est en soi une bonne nouvelle. L’Insee, qui a publié ses prévisions ce jeudi à 18 heures, table toujours sur une hausse du PIB de 0,4  % au premier trimestre et de 0,4 % au deuxième. Les soubresauts des marchés financiers en janvier et février, le ralentissement des pays émergents et celui de la croissance mondiale ne pèse pas pour le moment sur la croissance en France.

Alors que le moral des patrons a flanché le mois dernier dans de nombreux pays développés, notamment en France, « on pouvait être un peu plus pessimiste », reconnaît Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture de l’Insee. Mais « après les chiffres de consommation et de production industrielle du début d’année, il y a matière à l’optimisme. Les derniers indicateurs confirment qu’une reprise est bien enclenchée ».

La consommation accélère

Cette reprise garde les mêmes moteurs qu’auparavant. Même s’il a remonté depuis un mois, le prix du baril de pétrole reste moins élevé que l’an dernier. L’inflation va donc rester quasi-nulle, ce qui redonne du pouvoir d’achat aux ménages. Dans le même temps, les salaires continuent à augmenter peu ou prou au même rythme qu’en 2015.

De ce fait, la consommation accélère. Elle devrait grimper de 0,8 % au premier trimestre puis de 0,4 % au deuxième. Les températures saisonnières sont revenues à la normale après un automne doux, ce qui relance les achats de vêtements. Et les effets des attentats du 13 novembre se font moins sentir, notamment dans le transport aérien et l’hôtellerie ou la restauration.

« La progression du PIB repose principalement sur la consommation des ménages », résume Vladimir Passeron. En revanche, l’investissement des ménages en logement risque de rester déprimer encore quelques trimestres, ce qui va retarder d’autant la reprise dans le secteur de la construction.

Les entreprises investissent

Ensuite, « de nombreuses conditions encouragent les entreprises à investir davantage début 2016, selon l’économiste. Les perspectives de demande restent bien orientées. Et les entreprises ont largement reconstitué leurs marges à la faveur de la baisse du prix du pétrole et des dispositifs de baisse du coût du travail ». Le taux de marge des entreprises devrait atteindre 32,5 % mi-2016 et se rapprocher de son niveau d’avant-crise.

« Le taux d’autofinancement se retrouve à son niveau le plus haut depuis 2003 », pointe Florian Doucher, économiste à l’Insee. Et les taux d’intérêt sont toujours au plus bas. De sorte que les investissements des entreprises devraient fortement progresser au cours des six premiers mois de 2016. « La croissance repose sur des bases solides », estime le ministre des Finances, Michel Sapin.

Léger recul du chômage

L’acquis de croissance à la mi-2016 - qui correspond à ce que serait la progression du PIB sur l’année en cas de stagnation au deuxième semestre - serait de 1,1 %. A la mi-année, la croissance serait donc déjà équivalente à celle de 2015. « L’activité gagne graduellement un peu de tonus même si la croissance n’est pas encore très forte », estime Vladimir Passeron. Elle sera quand même suffisante pour faire légèrement reculer le chômage. En France métropolitaine, 9,9 % de la population active serait à la recherche d’un emploi fin juin, c’est-à-dire presque le même taux qu’à la mi-2014. Une très légère inversion de la courbe du chômage. Mais pour que le sous-emploi de masse enclenche une véritable baisse, il faudrait une économie bien plus dynamique.

Guillaume de CALIGNON
lesechos.fr (18/03/16)

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