Tokyo (JPN), 26 févr. 2020 (AFP) - Des pères et mères dont le ou les enfants ont été enlevés par leur conjoint ont déposé mercredi à Tokyo une plainte en nom collectif contre l’État, estimant floués leurs droits fondamentaux de parents dans un pays où l’autorité parentale partagée n’existe pas.

Treize Japonais et une Australienne privés de leurs enfants par leur mari ou femme se sont pour l’heure associés à cette action en justice, mais l’avocate qui les défend, Tamayo Omura, espère attirer d’autres plaignants de diverses nationalités, car les parents étrangers dans cette situation se comptent par centaines.

Le 5 février, le Sénat français a voté à l’unanimité à l’encontre du Japon une proposition de résolution soulignant « la nécessité de garantir le maintien des liens de l’enfant avec chacun de ses parents ».

Des parents ont en outre déjà saisi l’an passé le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

« Les pères japonais aussi prennent davantage conscience qu’ils ont un rôle à jouer auprès de leurs enfants » au lieu de se résigner à ne plus les voir, estime l’avocate.

« En raison de l’enlèvement de leurs enfants, les droits humains fondamentaux des plaignants (droit de garde, autorité parentale) ont été violés », est-il écrit dans le document remis mercredi au tribunal de Tokyo et décrivant chaque cas.

Les plaignants réclament réparation pour le préjudice moral enduré, mais souhaitent surtout que les lois changent.

« Un parent quitte du jour au lendemain le foyer avec les enfants et empêche l’autre parent de les voir, mais il n’y a pas de sanction pénale dans ce cas d’enlèvement », a déploré l’avocate Omura au cours d’une conférence de presse.

« Il existe bien une loi contre les enlèvements, mais pour qu’elle s’applique il faut qu’il y ait violence physique », précise-t-elle.

Souvent, la mère ou le père parti avec le ou les enfants demande le divorce en plaidant être victime de violences conjugales.

« Il n’y a pas d’enquête approfondie de la police : il suffit de déposer une plainte pour que cela soit considéré comme un fait avéré », précise Mme Omura.

En cas de divorce ou de séparation, les tribunaux tendent à donner la garde ou attribuer l’autorité parentale au parent qui vit avec les enfants en vertu d’un principe non écrit « de continuité », dans le but d’éviter que les enfants ne soient déplacés d’un lieu à l’autre, « en violation de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et de la Convention de la Haye sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants », estime l’avocate.

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