Je retrouve M. Christian Rouyer, notre ambassadeur au Mali, Marie-Hélène Beye, notre conseillère AFE Français du Monde pour la région, qui fera toutes les visites avec moi ainsi que M. Patrick Mazounie, le consul général.

Le 22 au soir, dîner amical chez Marie-Hélène avec l’ambassadeur, le consul général, le conseiller culturel, le directeur de l’OFII, le président de l’APE du lycée et Isaac Keita, directeur de l’informatique de la BCEAO. Nous parlons en particulier du nouveau projet de code de la famille qui marque une régression très nette du statut de la femme. Un premier projet beaucoup plus progressiste avait été adopté par l’Assemblée nationale mais avait suscité l’opposition active des milieux islamistes. Ce qui est le plus inquiétant, c’est le manque de réactions de la société civile qui, par crainte, ne se mobilise pas pour défendre la situation de la femme.

Lundi 23 janvier

Visite du lycée français Liberté en compagnie de M. Jean-Marc Berthon, sous directeur de la diversité linguistique et du français au MAEE et de Mme Dominique Bordes, attachée de coopération pour l’éducation, la langue et la francophonie. Nous sommes accueillis par Mme Françoise Brilhaut, proviseure et son équipe de direction, par M. Jacques Drez, président de l’APE (gestionnaire) ainsi que par les représentants des enseignants. J’ai eu l’occasion de visiter le lycée lors de ma précédente visite. 1200 élèves sont actuellement inscrits, ce qui marque une stagnation des effectifs, voir même une légère régression. Les écolages sont de l’ordre de 2000€ par an avec un droit d’inscription de 500€. Il y a 75 enseignants dont 54% de résidents.
L’APE et l’AEFE ont prévu la mise en place d’une maternelle (120 places) qui serait à la place actuelle de l’école élémentaire, celle-ci étant dans un nouveau bâtiment en voie d’achèvement en face du lycée. Le projet est financé pour un tiers par des fonds propres de l’APE, un tiers par un prêt ANEFE et un tiers par l’AEFE.
L’équilibre du budget de l’établissement est toutefois perturbé par la récente décision de revaloriser l’ISVL, ce dont on ne peut que se réjouir tant la question était devenue lourde pour les enseignants. Mais qui étant à 100% à charge de l’APE met en cause l’équilibre du budget. Une négociation avec l’AEFE est devenue nécessaire.

Nous nous rendons ensuite à l’école Livia Lamoure fondée par Marie-Hélène Beye. C’est une école malienne qui enseigne en français pour la maternelle et l’élémentaire Elle compte 300 élèves avec des frais de scolarité de 100€ pour l’inscription et 50€ par mois. C’est une belle réalisation avec un enseignement de qualité. Nous débattons de l’attribution du nouveau label de qualité qui sera délivré par l’AEFE et le MAE qui donne une garantie de sérieux et de qualité. Il permettra aux maitres l’accès à des formations et la participation de l’école à certaines activités de l’Institut français.

Visite ensuite de l’école « Les lutins » dirigée par Mme Marianne Sotbar. Elle vient de déménager dans de nouveaux locaux, très élégants et spacieux. Elle y accueille 400 élèves et peut s’agrandir. Son principal problème est le remboursement du prêt immobilier qui est à un terme bien trop court.

M. Yves Gueymard, conseiller de coopération et d’action culturelle (COCAC), nous invite à déjeuner avec les membres de son équipe du SCAC qui présentent leurs activités et c’est l’occasion de tirer quelques conclusions de nos visites d’écoles.

L’après midi est consacrée d’abord à la visite du centre de formation professionnelle Sabatisso dirigé par Mme Djénéba Sissoko, destiné aux jeunes Maliens et Franco-Maliens qui reviennent de l’étranger et cherchent un emploi. Il s’agrandit et comprend maintenant un internat de 40 lits ainsi qu’un stade que le Sénat a contribué à financer.

Bamako Centre Sabatisso

Nous rencontrons ensuite le bureau de l’Association des Maliens Expulsés (AME) avec son président M. Ousmane Diarra avec qui nous faisons le point de la situation. Le nombre d’expulsions de France a baissé mais d’autres pays comme l’Arabie saoudite, le Koweit, les pays d’Afrique centrale ont augmenté fortement les leurs.

En début de soirée, chez Marie-Hélène Beye, nous tenons une réunion rassemblant les adhérents de Français du Monde-ADFE, ceux de la section PS et d'autres sympathisants de gauche pour faire le point sur les dossiers pendants et parler de la situation politique en France.
Plus de 80 personnes y participent dans un climat très amical. Français du Monde respecte le pluralisme des engagements à gauche et nous passons en revue les différentes candidatures  à l’élection présidentielle en France. Le discours de François Hollande au Bourget est abondamment commenté et, généralement, très apprécié.
Nous évoquons aussi les candidatures à l’élection législative dans la 9e circonscription et, après les critiques relatives aux modalités de sa désignation, celle de Pouria Amirshahi pour le Parti Socialiste. Il est décidé qu’il sera invité à Bamako.
Un "pot" a suivi cette rencontre et a permis quelques entretiens individuels au cours desquels j'ai bien perçu l'engagement des uns et des autres pour la victoire de la gauche.

Le soir, dîner offert par M. le consul général avec les chefs d’îlots chargés de la sécurité de la communauté française.

Mardi 24 janvier

Visite du consulat général qui me permet de saluer tous les agents. Deux difficultés majeures sont à souligner :

  • La prise de rendez-vous (le site internet qui le permettait ayant été piraté), les rendez vous par un call center n’étant pas en place, la seule solution est d’écrire ! La poste malienne étant ce qu’elle est, cela revient à couper les communications.
  • Le manque d’effectifs par rapport à la charge de travail qui a énormément augmenté, en particulier pour tous les contrôles, enquêtes, sur les pièces fournies dans le cadre d’un programme très actif de lutte contre la fraude documentaire. Ceci se traduit par des délais extrêmement longs de délivrance des différents documents

Visite de l’OFII (MM. Stéphane Darmas et Philippe Cognié)
Ils nous confirment que le nombre d’expulsés maliens de France a diminué. Ils ont développé plusieurs activités de soutien aux retours volontaires dans le cadre de l’aide à l’emploi (135 projets en 2010 et 107 en 2011 pour un montant de 780 000€) dont une aide salariale pour des cadres pendant une durée d’un an

L’activité de préparation au départ (Contrat accueil intégration) a touché 430 personnes en 2011, à la fois pour les cours de langue et d’instruction civique. Mais au total dans la mesure où le Mali a toujours refusé de signer un accord sur les réadmissions d’expulsés, les activités de l OFII au Mali ne se développent pas.

Le même bâtiment abrite CampusFrance dirigé par M. Nabil Silti. Dans le cadre des missions de ce nouvel EPIC, une centaine de candidats aux études supérieures en France sont reçus avec un système de prise de rendez-vous qui donne satisfaction. Il y a un peu de fraude documentaire (environ 10%) mais l’essentiel de la mission est d’orienter le candidat vers la formation et l’université française qui seront les plus appropriées. Un des souhaits de M. Silti est d’ouvrir davantage de filières professionnelles.

Nous déjeunons à l’Institut français avec le COCAC et l’équipe de direction (MM Lucien Roux et Jean-Michel Neher). Plusieurs nouveautés : la fusion SCAC (pour une partie de ses activités) et CCF, le développement des activités et la création de cours de langue française qui améliorera l’autofinancement. À terme, le problème des locaux se posera et un projet immobilier devra être envisagé.
Un exercice de programmation conjointe avec la Commission européenne et les pays de l’Union est mené, ce qui est une excellente initiative.

L’ambassadeur nous invite ensuite à une réunion avec les chefs de service de l’ambassade : M. Yves Gueymard, COCAC ; M. Patrick Mazounie, consul général ; Mme Marie-Paule Géron, chef du service commun de gestion ; M. le commissaire Christophe Briez, attaché de sécurité intérieur ; M. Pierre Morisson, régisseur et M. Vincent Hommeril, premier conseiller.
Nous passons en revue les différents secteurs dont ils ont la responsabilité.

Nous visitons ensuite l’AFD avec son directeur M. Hervé Bougault. Elle a un portefeuille d’opérations dans les domaines suivants : formation et scolarité, développement urbain de Bamako, (croissance démographique le plus forte d’Afrique) , développement de secteurs productifs (Office du Niger, coton, agro-carburant, …)

Puis réunion de travail avec le bureau de l’ARFM, l’association qui gère le Centre médico-social. Il vient d’être élu et de prendre la responsabilité de la gestion du Centre (3 médecins, infirmerie, analyses médicales, …)

Le soir, dîner offert par le premier conseiller qui nous permet de rencontrer un « panel » de chefs d’entreprises français dans les différents secteurs de l’économie malienne (BTP, transports, matériel, de travaux publics, ciment, télécoms, architecture).