Bangkok

Je suis arrivé le 6 février au matin en compagnie de mon ami Michel Testard, conseiller AFE de la région qui voyage par le même avion.

Nous plongeons dans ce chaudron (35°) suractif qu’est Bangkok avec ses autoroutes à étages et le mouvement brownien de ses centaines de milliers de personnes. Les affrontements politiques entre « chemises rouges » (partisans de Taksin Shinawatra, ancien premier ministre, en exil, accusé de corruption, favorables à un libéralisme débridé) et les « chemises jaunes », militaristes et monarchistes ont ralenti l’activité du pays et sa première industrie qui est le tourisme. Ce jour, juste après les élections législatives du 2 février, il n’y en guère de traces dans la rue. Je pense au parallèle qui pourrait être fait avec les manifestations violentes des mouvements d’extrême-droite, croix de feu et divers, le 6 février 1934 à Paris et qui faillirent se terminer par une attaque contre le Palais-Bourbon.

À midi, réunion et déjeuner avec les amis de la section Français du Monde et PS. Nous parlons de la situation en France et de la préparation des élections consulaires. À Bangkok, la liste devra comporter 7 noms (4 éligibles et 3 suppléants).

Le soir, à la Résidence de France, réception offerte par notre ambassadeur, M. Thierry Viteau à la communauté française qui me permet de rencontrer de nombreux compatriotes. Les principaux soucis tournent autour de la sécurité (quoique les étrangers n’aient jamais été menacés), de l’économie qui est ralentie, de la CFE et du lycée qui quoique neuf, est déjà trop petit.

Le vendredi 7 février nous commençons par une visite de l’hôpital (« Bangkok Hospital ») qui reçoit des patients français dans le cadre d’un conventionnement avec la CFE. C’est un hôpital de grande qualité sur le plan médical comme sur celui des services. Un différent s’est développé entre la CFE et le BH sur la durée des hospitalisations, la CFE considérant que ceux-ci sont, dans certains cas, trop longs et, en conséquence, limitant la durée de remboursement. Il est à espérer que la visite d’une mission de la CFE la semaine prochaine permettra de trouver une solution à ce problème (assez classique) ou de conventionner d’autres hôpitaux moins couteux.

Nous rencontrons ensuite la chambre de commerce franco-thaïe, toujours très dynamique. Elle est engagée dans trois directions : aider les entreprises françaises à exporter et investir en Thaïlande, la réciproque pour les entreprises thaïes et la formation pour des ressortissants français. Plusieurs chefs d’entreprises et juristes, aux côtés du directeur de la chambre, M. Lucas Boudet, me permettent de me faire une idée de la situation économique du pays et des problèmes qu’y rencontrent les entreprises françaises : corruption largement généralisée, faiblesse de l’action gouvernementale et de la législation, copies et contrefaçons, endettement des ménages. La négociation d’un accord de libre-échange entre la Thaïlande et l’Union européenne permettra sans doute d’améliorer la situation sur certains de ces points.

CCFT Bangkok

L’après-midi, réunion consulaire avec MM. l’ambassadeur et le consul, chef de chancellerie, M. Pierre Blondel ainsi que leurs collaborateurs qui exposent les difficultés de leur secteur : 600.000 touristes français qui génèrent une grande charge de travail, bureaucratie tatillonne de l’administration thaïe, vieillissement de la population française (retraités installés dans différentes villes de province), petite délinquance, l’augmentation du nombre de nos concitoyens en dérive sociale. Je note la différence entre le nombre d’inscrits – 10.000 – sur le registre consulaire et les 6.000 inscrits sur le liste électorale. La suppression du visa est à l’étude et un poste ETP a été demandé pour la loi de finances 2014 pour les autres activités du poste.

Départ pour Hong Kong en fin de journée.

Université d’hiver à Hong Kong

Réunion régionale organisée les 8 et 9 février par Mathias Assante de Singapour et notre compagnon de route René Aicardi de Hong Kong. Les amis et camarades de Pékin, Shanghaï, Hong Kong, Taïwan, Japon, Inde, Cambodge, Vietnam, Singapour sont présents plus des messages de Thaïlande, du Laos et de bien d’autres pays de la 15ème circonscription AFE. Les trois sénateurs socialistes sont aussi là. Dans le froid et un fog typiquement britannique, cette université d’hiver porte bien son nom, mais les esprits et les cœurs sont, eux, chauds.

Débats autour des thèmes suivants : la nouvelle loi sur les conseils consulaires, pratiques des campagnes électorales, emplois des outils les plus récents, réforme de l’enseignement, fiscalité, ... Le tout dans un excellent climat d’amitié constructive quoique les uns et les autres viennent d’horizons souvent différents.

Une excellente initiative qui a permis à chacun de se mobiliser et de repartir préparé pour l’échéance du 25 mai. Un grand merci aux deux organisateurs.

Manille

Le soir du 9 février, diner avec M. Gilles Garachon, notre ambassadeur et M. Gilles Vernet, conseiller économique. Nous parlons de l’histoire politique de ce pays, de ses rapports compliqués avec l’Espagne et surtout les États-Unis, le dernier colonisateur. L’indépendance réelle est récente (1992) avec le départ des bases militaires américaines. Les Philippins ne commencent à se structurer une identité culturelle et nationale propre que depuis ces dernières années. La balance commerciale avec la France est excédentaire à notre avantage.

La matinée du 10 février est consacrée à la visite, en compagnie du COCAC, M. Michel-Stanislas Villar, du Lycée français de Manille (voir description lors de ma visite du mois d’octobre 2012). Nous rencontrons le proviseur, Jean-Marc Aubry et son équipe de gestion ainsi que M. Laurent Goisrand, vice président du comité parental de gestion et plusieurs membres du bureau.

L’école compte 267 élèves dans la section française, effectif stable. L’écolage moyen est de 6000 € et il y a 60 enfants boursiers, ce qui est relativement élevé. La réforme des bourses n’a pas entrainé de diminution de quotité même s’il y a des baisses sur les accessoires (transport, cantine). Le principal problème est de faire croître les effectifs avec une concurrence amicale mais réelle de la section internationale de la partie allemande de l’école qui scolarise en particulier des enfants philippins et prépare au bac IB. Je regrette à titre personnel le manque d’intégration des classes françaises et allemandes mais visiblement les réticences sont grandes.
Nous rencontrons ensuite la directrice allemande de l’euro-campus, Mme Martinez puis les élèves, les parents et les enseignants

Visite et déjeuner à l’Alliance française avec MM. Bernardo Sim, président et Patrick Deyvant, directeur, plusieurs membres du conseil d’administration et M. l’ambassadeur qui nous montrent un outil rénové et performant, dont le fonctionnement, avec 4000 inscrits permet le quasi autofinancement.

Nous rendons ensuite une visite de courtoisie au Sénat philippin où l’ambassadeur et moi-même avons été reçus par le Président de la session et par le sénateur Sonny Angara jr.

Réunion à l’ambassade de France avec M. Christian Hué, consul et ses collaborateurs : 2500 inscrits au registre (assez peu de binationaux), 14 allocataires de l’aide sociale, 15000 visas demandés. L’équipe a été active lors du cyclone et a tourné un petit film très intéressant sur l’action humanitaire française déployée à cette occasion.

Le soir réception offerte par M. l’Ambassadeur à la communauté française où je rencontre une bonne centaine de compatriotes.

Mardi 11 février, petit déjeuner avec les membres du comité d’action France-Philippines pour la reconstruction après le typhon Yolanda-Haiyan (France- philippines united action for typhoon Haiyan).
Le comité s’est constitué de manière à coordonner les efforts, souvent importants, faits par chaque entreprise française et les pouvoirs publics de manière à être plus visible (« the French village » et plus efficace. Le groupe est conduit par le président de Lafarge Philippines, M. Don Lee et comprend les autorités locales frappées par le cyclone, Habitat for humanity, Lafarge, la commanderie de Bordeaux, Schneider, Archetype group, Total, Sanofi et doit s’élargir encore aux autres entreprises françaises des Philippines.
Le projet consiste à reconstruire plusieurs villages et à accompagner les communautés dans leur installation et la reprise d’une vie normale. Un million de dollars supplémentaire est recherché et toutes les donations sont bien venues.

Réunion ensuite avec Mme Marie-José Connan, directrice d’Ubifrance dont la création remonte à deux ans. Un des problèmes est le mauvais fonctionnement des douanes (dont la corruption). Parmi les axes pour les PME françaises, il y a les projets aéroportuaires (nombreux sous traitants), les biens de consommation (luxe, distribution alimentaire) et les projets agro-alimentaires.

Je participe ensuite à la réunion des conseillers du commerce extérieur (section présidée par M. Philippe Gauthier) Nous pro cédons à un tour de table des activités de chacun des 14 conseillers présents : tourisme, énergie, gaz, avions, matériaux de construction, systèmes informatiques, ... Le résultat des efforts français est récompensé puisque la balance commerciale est excédentaire pour la France) de un milliard et demi d’euros et se classe en 10ème excédent mondial. Un marché plein de promesses pour notre pays.