J’ai eu quelques difficultés le 28 mars pour rejoindre Ouagadougou, les deux vols au départ de Bamako ayant été annulés. J’ai dû finalement passer par Dakar ! Installation à l’hôtel du Karité bleu, propriété de mon ami Daniel GRANIER.

Karité bleu

Dimanche 29 mars

Je devais rendre visite au Mogho Naba, roi des Mossis et grand chef coutumier, mais la visite est reportée, celui-ci étant souffrant.

Je déjeune avec les amis de Français du Monde et du PS, notamment Ousmane OUEDRAOGO, conseiller AFE, Françoise L’ÉTANG YAMÉOGO, conseillère consulaire et Yves GAUFFRIAU, secrétaire de la section PS.

Ouagadougou

Dans l’après-midi, je tiens une permanence pour les Français qui souhaitent me rencontrer.

Je finis la journée par un dîner élection départementales avec les amis.

Ouagadougou

Lundi 30 mars

Je commence par un entretien avec M. Pascal COLLANGE, Directeur de l’AFD au Burkina Faso.
Celle-ci a autorisé 41 millions d’euros de nouveaux engagements au Burkina en 2014 dont un prêt souverain de 30 millions et une subvention pour la sécurité alimentaire de 4 millions. Les principaux secteurs couverts sont : l’éducation et la formation, le développement rural (coton et alimentaire), l’énergie, l’aménagement urbain, l’appui au secteur privé (fonds de garantie Ariz). L’AFD est aussi chargée de gérer certaines subventions d’autres donateurs comme l’Union Européenne (100 millions par an) ou le fonds mondial éducation.

Réunion au lycée Saint Exupéry avec M. Didier DEVILARD, Proviseur et son équipe de direction. Rencontre avec les représentants des personnels ainsi que ceux des élèves.
Le lycée a 1000 élèves. Un des problèmes est celui de la sécurité vis à vis du risque terroriste (moindre que dans les pays avoisinants) et du risque sanitaire (Ébola, ...).
Le lycée s’agrandit avec la construction de 4 classes, dans le cadre d’un projet immobilier global de 1,5 million d’euros de quatre bâtiments : trois à l’école primaire (travaux terminés) et le quatrième au lycée avec ces 4 classes (travaux en cours de réalisation).
Les écolages ont été augmentés de 2% pour 2015 (après plusieurs années de forte augmentation) avec un budget de 2,6 milliards FCFA.
Les élèves regrettent qu’il n’y ait pas de cantine car ils doivent, soit rentrer chez eux à midi (long et fatigant surtout pour les petits), soit acheter des casse-croutes dans la rue. La direction ne semble pas encline à développer un tel projet. Resterait la possibilité pour l’APE de le faire mais il n’a pas été possible d’en parler, le président, M. Géry BARBOT ayant été absent tout au long de ces entretien.
Il y a un conflit sur la fiscalisation des nouveaux enseignants de contrat local (depuis 2013) qui souhaitent bénéficier de la même baisse d’impôts sur le revenu que les autres enseignants. J’estime pour ma part que la modification de l’application d’une convention entre la France et le Burkina doit faire l’objet d’un échange entre les deux gouvernements.

Ensuite, entretien avec Mme Marine LELOUP, Directrice-adjointe de l’Institut français qui résulte de la fusion des deux instituts de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Il gère aussi Campus France.
Il mène de nombreuses actions de coopération culturelle (centre de développement chorégraphique, FESPACO, Rock à Ouaga, Jazz à Ouaga, ...). Le budget est de 1,1 million d’euros avec 30 % de ressources propres. Il dispose de lieux de création et de spectacle tout à fait remarquable au service d’une programmation très dynamique. L’Institut souhaite lancer des cours de langues mais n’a pu faire les études de faisabilité nécessaires. Je pense que c’est un point à regarder car les cours de français, outre leur utilité pour les apprenants, apportent des recettes nouvelles (à mesurer toutefois par rapport au coût) et surtout une visibilité beaucoup plus forte de l’Institut.

Après le déjeuner, rencontre avec M. Jean CHANSON, Consul de France.
Nous avons au Burkina Faso 3500 inscrits sur le registre avec 1500 binationaux.
Nous faisons le point sur le plan de sécurité, les bourses (130 à Bobo-Dioulasso et Ouagadougou) pour 600 000 €, les allocations de solidarité (8).

Le Service de coopération et d’action culturelle, dirigé par M. Franck HUMBERT, mène un certain nombre d’actions de coopération : gouvernance financière, gouvernance démocratique et aide à la transition, sécurité alimentaire, enseignement et recherche. Nous avons plusieurs coopérants dans différents ministères, ainsi que dans les organisations régionales (UEMOA, OMS, ACAM, ...), mais malheureusement le nombre va en diminuant.
Une possibilité peu exploitée est l’emploi d’experts d’Expertise France encore peu lisible.

Je discute ensuite de la situation économique avec M. Pascal CARRERE, Conseiller économique pour la sous région (Burkina et Niger).
Il s’occupe du régalien pour les deux pays et s’efforce d’avoir des relations avec les entreprises françaises implantées (120 environ). Il n’y a pas ou peu de nouveaux investissements depuis le changement de régime de 2014, tout un chacun attendant le résulta des élections présidentielles. C’est d’autant plus dommage que le climat des affaires est bon, la législation claire, en dehors des habituels problèmes de corruption.
Le PIB est de l’ordre de 11 milliards d’euros et les exportations sont pour 80% de l’or et pour 20% le coton (malheureusement de mauvaise qualité car OGM) et donc de prix bas.

Mardi 31 mars

Visite à M. Olivier LASSAGNE, le jeune Directeur Général de TOTAL Burkina. Avec 600 millions de dollars de CA, c’est une des premières entreprises du pays. Le pétrole et l’essence sont importés (il n’y a aucune production locale) par route, d’Abidjan, Lomé ou Cotonou.
Outre la grève des transporteurs routiers qui bloquent les camions-citernes, une difficulté plus grave encore est le non-paiement de ses factures et de ses dettes par le gouvernement. Ceci amène aussi un blocage progressif de la machine gouvernementale, forces de l’ordre, sociétés de transport en commun ou collectifs, étant privées d’essence.

Je déjeune ensuite avec notre Ambassadeur, M. Gilles THIBAULT, nos trois conseillers consulaires, M. Ousmane OUEDRAOGO, Mme Françoise L’ÉTANG YAMÉOGO et Mme Martine VORON, et les chefs de service de l’ambassade. Nous parlons beaucoup de la sécurité et des risques au Burkina.
Nous faisons également le point de la situation sociale qui est très tendue avec des grèves dans la grande brasserie, les transports routiers. Les revendications sont d’abord salariales. S’il n’y a pas de négociations, le pays pourrait être rapidement bloqué (manque d’essence, d’électricité, d’eau et de bière).
Il faut se souvenir du départ précipité de Blaise COMPAORÉ le 30 octobre 2014, sous la pression de la rue (manifestations importantes) et de l’armée. Exfiltré par l’armée, puis par le France, il se réfugie en Côte d’Ivoire. Après quelques péripéties (5 Chefs d’État en quelques jours), le colonel ZIDA prend le pouvoir, se désolidarise du général DIENDÉRÉ, chef d’État major et garde le pouvoir.
Le pouvoir de la transition (Président : Michel KAFANDO, Premier ministre : Isaac ZIDA et Président du Conseil national de transition : Cherif SY) est-il en situation de résoudre ces conflits qui se doublent d’un risque de retour des militaires dans le jeu ? Une extrême-gauche, certes vieillissante mais active, s’emploie à ranimer les rêves (dangereux) de révolution marxiste.

Deux rendez vous politiques malheureusement tombent (Cherif SY, Président du Conseil national de transition et Roch Christian KABORE, candidat sérieux à l’élection présidentielle).

Rendez vous avec M. Denis NIKIEMA, premier Vice-président  de l’UPC, parti plutôt de tendance libérale (social libéral selon son expression) dirigé par Zéphirin DIABRÉ, adversaire politique de Blaise COMPAORÉ et l’un des possibles vainqueurs de l’élection présidentielle de novembre.
Un autre candidat, avec une chance de l’emporter est Djibrill BASSOLÉ, ancien ministre de Blaise COMPAORÉ et ministre des affaires étrangères.

Fin de mission, retour dans la nuit à Paris