21 janvier
Je suis accueilli par M. Guillaume Rousson, notre ambassadeur en Bosnie-Herzegovine.

La Bosnie est composée de deux entités : la Republika Sperska (orthodoxe et serbe), et la fédération de Bosnie et Herzégovine regroupant les bosno-croates (catholiques) et les bosniaques (musulmans). Un système constitutionnel et politique très complexe a été mis sur pied par les Accords de Dayton (1995), sous la houlette des États-Unis et de la communauté internationale. Ils ont mis fin à la guerre civile terrible qui a ravagé le pays entre 1992 et 1995, entre toutes les entités.
Mais il n’y guère d’autres alternatives politiques pour le moment, les responsables font donc fonctionner le ou les pays selon leurs intérêts (corruption) et sur des bases ethniques.

Dans l’après-midi, nous rencontrons M. Thomas Widrich, conseiller politique du Représentant spécial de l’UE et du commandant de la Force de l’Union européenne (EUFOR).
L’Union européenne a mis en place une force de 600 hommes (plus logistique) de 19 pays curieusement sous commandement OTAN. Elle dispose de 17 maisons régionales qui constituent un bon maillage de renseignement dans le pays. Le mandat est assez général et vague. La Bosnie-Herzégovine est bien candidate à l’Union européenne et suit le long processus qui devrait lui conduire à l’adhésion si elle prend les mesures nécessaires en matière de droits de l’Homme. La situation est différente vis à vis de l’OTAN car l’entité serbe y est hostile.

Le soir, dîner à l’ambassade avec les chefs de service : MM. Xavier Rouard, premier conseiller, Bertrand Le Tallec, chef du service économique (en poste à Zagreb), Jean-François Caparos, attaché de sécurité intérieure, Yann Foulquié, consul, Emmanuel Mouriez, conseiller de coopération et d’action culturelle, Ronan Jegouic, chef du détachement de sécurité, Mme Nives Pavlinovic, attachée sectorielle. Nous parlons en particulier de la nouvelle route des migrants par le Monténégro et la Serbie, depuis que la Hongrie est fermée. Leur objectif est d’atteindre la Croatie, c’est à dire l’Union européenne.
Sur le plan économique, la France est en retard sur ses partenaires européens et nos implantations industrielles et commerciales sont peu nombreuses.
La venue de l’AFD et la création d’un club d’affaires franco-bosniaque devraient relancer les choses.

22 janvier

Petit déjeuner autour de l’idée du club d’affaires franco-bosniaque. L’absence de banques françaises est aussi une surprise et un inconvénient pour tout investisseur français.
Beaucoup choisissent de créer un bureau de représentation en Serbie ou en Croatie qui mène les actions commerciales en Bosnie. Plusieurs représentants des marques automobiles françaises se plagient d’être abandonnées par leur maison mère française.

Rencontre avec M. Edin Forto, Premier ministre du canton de Sarajevo.
Élu il y a trois semaines, il représente une nouvelle alliance de partis qui ne se reconnaissent pas dans les partis traditionnels basés sur des critères ethniques (serbe, croate, bosniaque). La France souhaite participer au plan de développement du tourisme de montagne ainsi qu’au schéma directeur des transports publics de Sarajevo (des études préliminaires ont été faites sur ces deux thèmes). L’arrivée de l’AFD devrait permettre à la France d’être plus présente.

Visite du collège international français de Sarajevo créé par M. Jean-François Roch qui dirige un groupe (Scolae mundi) de plusieurs écoles dans les Balkans, en Ukraine et en Russie. Une classe de seconde a été ouverte cette année permettant ensuite d’aller jusqu’au baccalauréat.
La concurrence est forte avec une école « allemande », une américaine, une anglaise, des écoles turques et des filières internationales dans deux écoles bosniaques.
Le financement est entièrement privé et peut représenter une des solutions pour le développement des écoles française à l’étranger.
Un accord global entre l’AEFE et Scolae mundi est envisagé.

L’après-midi, entretien avec M. Almir Sahovic, ministre adjoint des affaires étrangères qui nous explique les priorités de la diplomatie bosniaque : statut de demandeur d’adhésion à l’Union européenne, adhésion à l’OTAN rendue difficile par le rejet de la Republika Sperska.
Le ministre m’a fait une forte impression par sa connaissance des dossiers et sa vision à long terme.

Ensuite, réunion de lancement du club des affaires avec 16 entrepreneurs de Sarajevo.
Une volonté de travailler en commun avec l’appui de la Chambre de commerce française de Belgrade (Mme Sanja Ivanić) est manifeste.

Le soir, événement franco-allemand à l’occasion de la signature du traité d’Aix-la-Chapelle sur la coopération renforcée entre les deux pays.
Discours croisés des deux ambassadeurs dans la langue de l’autre pays.
Projection du film « Transit » sur un roman d’Anna Seghers, sensible et poignant.

22 janvier

Visite du consulat avec M. Yann Foulquié, consul. 387 français sont enregistrés, dont 50% de binationaux. Il y a une allocation de solidarité, un fonds d’intervention social et une centaine de bourses. Peu de difficultés.