Hasard du calendrier, l’annonce du déconventionnement du lycée franco-mexicain de Mexico tombe tout juste deux semaines après la présentation par la ministre déléguée chargée des Français de l’étranger, Hélène Conway, de son plan d’actions en faveur de l’enseignement français à l’étranger.

Cette triste nouvelle dont nous devons encore comprendre les raisons n’entame en rien la vitalité de notre réseau d’enseignement français à l’étranger qui offre un service d’éducation mondialement reconnu pour sa grande qualité comme en témoigne la fréquentation en constante augmentation de nos près de 500 établissements présents dans 131 pays. Cette dynamique favorable à la France dans un contexte mondialisé et concurrentiel se heurte pourtant à un mur budgétaire : le rétablissement des comptes publics ne nous permet pas de financer notre système d’enseignement à l’étranger au-delà du demi-milliard qui lui est déjà consacré. Comment dès lors répondre à une demande croissante et toujours plus exigeante ? C’est là toute l’ambition du plan d’actions qui entend réorienter et renforcer la politique scolaire extérieure de la France selon cinq lignes directrices, à cout zéro :

Le premier axe de ce plan consiste à préserver l’équilibre entre la scolarisation des Français et celle des étrangers. Cet effort de mixité permet en effet à notre système d’enseignement français à l’étranger d’être un relai linguistique et culturel auprès de publics étrangers tout en garantissant aux enfants d’expatriés français un continuum scolaire et pédagogique avec les élèves de la métropole. L’amélioration de l’accueil des élèves étrangers passera par une plus grande interpénétration des systèmes scolaires français et locaux. Il s’agit pour cela de maintenir dans les établissements conventionnés ou homologués l’enseignement des langues et cultures des pays hôtes et de multiplier les partenariats et passerelles avec les systèmes éducatifs locaux tant sur le volet scolaire que périscolaire. En outre, il convient de diversifier les publics étrangers accueillis qui ne doivent pas être freinés par le coût de la scolarité. À cette fin, il serait souhaitable de mener une politique de bourses au mérite pour les élèves étrangers financée notamment par le mécénat ou les caisses parentales de solidarité, complétant le système d’aide à la scolarité existant déjà pour les élèves français.

Le plan d’actions fixe ensuite le cadre du développement du réseau d’enseignement français à l’étranger. Le respect de la discipline budgétaire amène ainsi, d’une part, à encourager une politique de contractualisation entre l’AEFE et des établissements homologués autofinancés ; d’autre part, à effectuer des redéploiements géographiques au profit des zones jugées prioritaires pour leur intérêt diplomatique ou en raison de la présence d’une communauté française en forte augmentation.

Le renforcement du pilotage politique du réseau d’enseignement français à l’étranger constitue le troisième pilier du plan d’actions. Une concertation interministérielle annuelle sera instituée autour du ministre des Affaires étrangères afin d’adapter régulièrement notre réseau aux nouveaux enjeux mondiaux et de l’intégrer plus efficacement à une diplomatie globale d’influence qui mêle politique scolaire extérieure, politique de coopération linguistique et éducative, politique d’attractivité universitaire ou encore politique d’animation des réseaux d’anciens.

Le plan d’actions vise aussi à consolider l’excellence pédagogique de notre réseau d’enseignement français à l’étranger qui devra bénéficier, au même titre que la métropole, de toutes les avancées obtenues par le ministre de l’Éducation nationale depuis le début du quinquennat : réforme des rythmes, enseignement précoce des langues étrangères, initiation à la « morale laïque », place accrue de l’outil numérique dans les enseignements, amélioration de l’offre de formation artistique et culturelle… Surtout, le plurilinguisme doit être encouragé par le développement des « sections internationales » et la création de « sections langue et culture du pays d’accueil ». De manière générale, le dialogue avec le ministère de l’Éducation nationale devra être plus étroit, ce qui permettra en retour à ce dernier de tirer profit des nombreuses innovations pédagogiques déjà réalisées par le réseau scolaire à l’étranger.

Enfin, étant donné l’impossible adéquation entre une demande toujours croissante d’éducation en français et le nombre restreint d’établissements conventionnés ou homologués, le plan d’actions a pour objectif d’élargir l’accès aux offres éducatives complémentaires. Trois dispositifs existants doivent de ce point de vue être complétés :

  • l’enseignement bilingue sous le label FrancEducation : l’attribution de ce label sera facilitée par l’abaissement à 20% du temps obligatoire d’enseignement en français, étendue aux pays francophones dont la langue d’enseignement n’est pas le français et gratuite pour les établissements publics sans droits d’écolage ;
  • l’enseignement français à distance grâce aux cours du CNED : l’accès aux offres du CNED sera assoupli (suppression de la règle des 50km de distance avec un établissement homologué) et la nouvelle offre de trois matières en français au lieu de toutes sera promue ;
  • le soutien aux initiatives extra-scolaires organisées dans le cadre du programme FLAM (Français Langue Maternelle).

Ces cinq pistes permettront, je l’espère, de développer le réseau d’enseignement français à l’étranger pour consolider les liens scolaires, linguistiques et culturels entre la France et ses ressortissants à l’étranger et lui donner les moyens de jouer un rôle plus important dans la diplomatie d’influence de notre pays.