Michel Reverchon-Billot est le directeur général du CNED, établissement public qui forme chaque année près de 180 000 enfants et adultes, à la fois sur le champ de la formation initiale et sur celui de la formation continue. Il revient sur les défis que doivent relever demain l’enseignement et la formation à distance.

Publié le 22 juin 2020 par

Lorsque les établissements scolaires ont fermé, des millions de Français ont (re)découvert le CNED grâce à son dispositif « Ma classe à la maison », mais pour autant, peu d’entre eux connaissent cette institution, premier opérateur de formation à distance d’Europe.

Le CNED assure pour le compte de l’État la continuité de la scolarité des élèves ne pouvant se rendre en classe pour diverses raisons : soins médicaux, handicap, activités sportives ou artistiques, itinérance des parents… À cette mission de service public, s’ajoute une autre mission essentielle, celle d’accompagner les jeunes et les adultes dans leurs reprises d’études, leurs préparations de concours ou encore dans leurs parcours de formation professionnelle continue. Le dispositif Ma classe à la maison, actuellement en première ligne, ne représente qu’une version très simplifiée de notre modèle de formation à distance. Nos inscrits bénéficient ainsi de supports pédagogiques en e-learning, de tutorats individualisés, d’activités collaboratives, de classes virtuelles ou encore de forums. Nous créons des environnements adaptés aux profils et aux objectifs des apprenants et leurs parcours sont personnalisés en fonction des niveaux d’entrée, de leur disponibilité, de leur autonomie, de leur rythme et de leur mode d’apprentissage.

L’image de l’enseignement à distance va-t-elle changer ? 

Elle avait déjà changé. J’en veux pour preuve la réforme de la formation professionnelle qui a permis une vraie reconnaissance de la formation à distance. Pôle emploi a également choisi de faciliter largement l’accès à ce mode de formation, qui permet de concilier formation, vie professionnelle et vie personnelle. Le CNED s’inscrit très largement dans ce mouvement de « démocratisation » de l’accès à la formation pour tous.

Quels sont les grands défis de l’enseignement et de la formation à distance dans les années à venir ?

Le défi aujourd’hui, pour le CNED, est de détecter les signaux faibles qui permettent d’identifier le début du décrochage, pour activer immédiatement les leviers d’accompagnement adaptés à chaque situation. La spécificité des publics, la nécessité d’inventer de nouveaux modes d’échanges, plus flexibles, en s’emparant des opportunités offertes par les évolutions technologiques, voilà les enjeux de demain.

L’après-crise doit confirmer cette prise de conscience : les modes d’apprentissage sont multiples et l’on doit ainsi pouvoir se former aussi bien en présence qu’à distance ou en alternant autoformation et accompagnement. La force du CNED est d’être un laboratoire où sont expérimentés de nouveaux usages pédagogiques. Nos dispositifs d’hybridation, où distance et présence se conjuguent, témoignent de notre expertise en ingénierie pédagogique. Parallèlement, nous travaillons depuis plusieurs mois à la prise en compte de l’intelligence artificielle, mettant en avant l’empreinte mémorielle pour permettre un guidage des élèves de façon automatisée. Enfin, l’innovation se fait aussi au niveau des pratiques de terrain, c’est pourquoi nous envisageons des alliances vers des structures agiles, comme les start-ups, pour proposer des solutions innovantes, par exemple le mobile-learning. Structurer l’enseignement et la formation, des domaines qui évoluent au gré des développements technologiques quels que soient les types de distance (géographique, temporelle, culturelle, linguistique…), c’est l’ambition même du CNED.

Visiter le site internet du CNED