À un camarade du Danemark qui me demande pourquoi je soutiens Emmanuel Macron, j’ai apporté la réponse suivante que je souhaite partager publiquement.

Cher camarade,

Je réponds bien volontiers à ton mail du 28 février, d’autant que je viens de donner officiellement ma signature de parrainage à Emmanuel Macron. De ce fait, je me considère en marge du Parti socialiste et ne participerai plus à vos délibérations, en attendant les décisions plus formelles.

Je pense, et depuis longtemps, que Emmanuel Macron est le seul capable de battre Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle mais surtout d’arriver en tête au premier. C’est un sentiment construit sur ce que j’ai vu de l’homme, de son équation personnelle, de sa personnalité et aptitude à convaincre.

Gagner la présidentielle n’est pourtant pas suffisant, il faut également une majorité à l’Assemblée nationale. Le débat parlementaire, organisé autour de votes mécaniques, droite-gauche, est en partie stérile, voire un jeu de rôle trompeur pour la démocratie et les Français. Il n’y a qu’à regarder les questions d’actualité au gouvernement. Je crois qu’il y a nécessité d’un regroupement des forces politiques qui aille du Parti socialiste au centre autour du soutien à l’intégration européenne, à un contrôle des déficits, à des réformes de structure de l’éducation, du droit du travail. Il n’y a pas forcément accord sur tout mais la majorité de progressistes et de républicains que Macron s’efforce de construire me paraît aller dans ce sens. Il y a autant de sensibilités politiques à l’intérieur du mouvement « en marche » qu’au sein du PS et, pour ma part, je me sens pleinement socialiste. Personne n’a de monopole en la matière et, contrairement à ce que tu écris, je n’ai pas changé de camp.

A contrario, je ne me reconnais pas dans le type d’accord électoral que le PS vient de passer avec ce qui reste des Verts sur le programme et sur les 43 circonscriptions réservées dont 10 pour les sortants parmi lesquels Cécile Duflot, Sergio Coronado en particulier qui n’ont cessé pendant 5 ans de critiquer âprement le gouvernement socialiste sur tous les sujets et de voter contre ses propositions, la motion de censure. Curieusement, cet accord n’a pas été soumis au vote ni du conseil national ni des militants PS.

L’idée de chercher un accord à tout prix avec Mélenchon prolonge cette erreur de stratégie puisqu’elle n’a aucune chance d’aboutir, l’unique objectif de Mélenchon étant de mettre le PS à terre. Le PC ne le soutiendra pas (au contraire), fera son possible pour faire battre Hamon et Macron, et essayera de sauver 3 ou 4 circonscriptions législatives, peut être avec un accord avec le PS. Essayer de bâtir une « Union de la Gauche » sur le modèle de 1974 est un rêve erroné et donc dangereux.

Je m’honore, comme chef de file du Groupe socialiste à la Commission des finances du Sénat, d’avoir soutenu et voté tous les textes présentés par les gouvernements socialistes. Je n’ai pas eu à m’opposer à la motion de censure puisque celle-ci n’existe pas au Sénat mais je l’aurais fait.
Je l’ai fait parce que c’est ma conception de la loyauté et que mes idées sont en accord avec ce qui a été réalisé.

Je suis adhérent socialiste depuis 49 ans et je comprends l’attachement au parti qui fait que des camarades ne veuillent pas le quitter, même s’ils ne sont pas en accord avec la stratégie et les propositions de Benoît Hamon. Mais un parti n’est qu’un outil. Or nous achevons un cycle commencé dans les années 1970 : le parti socialiste ne répond plus aux attentes des Français.

Il faut avoir le courage de fonder autre chose : tel est le sens de notre démarche.
En tous cas, j’ai toujours privilégié mes idées et indiqué clairement quels étaient mes choix.
Je le dois aux militants de la Fédération des Français de l’étranger et du PS, ainsi qu’à mes électeurs.

Amitiés socialistes,

Richard Yung

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