Guy Penne, notre ami,

Nous voilà place Max Auber, devant la mairie de Sainte-Cécile-Les-Vignes (Vaucluse) en cette fin d’après-midi d’été. Plusieurs centaines de personnes sont là : plusieurs représentants de pays africains venus de loin, de nombreux maires de la région, plusieurs parlementaires et élus régionaux, les nombreux artistes dont il était l’ami, et tous ceux du bourg et de la région qu’il connaissait …

Monique Cerisier-ben Guiga, Claudine Lepage, Pierre Yves Le Borgn’, Hélène Conway, et moi-même y représentons Français du monde-ADFE, la FFE et le groupe socialiste du Sénat.

Devant le cercueil de Guy, le conseil municipal au complet et sa famille : son fils, sa fille et ses petits-enfants. Le maire, Max Ivan, qui lui a succédé, prononce avec beaucoup d’émotion, les paroles du cœur que nous ressentons tous : amitié, loyauté, servir les autres !

Une belle vie, voilà ce qui s’impose lorsqu’on pense à Guy.  De quoi occuper plusieurs vies normales. Pensez : président de l’UNEF, professeur des Universités et président de la faculté de chirurgie-dentaire, conseiller de François Mitterrand pour les affaires africaines et malgaches, sénateur et vice-président de la commission des affaires étrangères du Sénat, maire de Sainte-Cécile-Les-Vignes, président des maires du Vaucluse, fondateur du festival « Musique dans les Vignes »… Et il y en aurait encore autant à décrire, tant il était actif et ses intérêts nombreux.

Nous l’avons connu surtout dans sa responsabilité de sénateur représentant les Français établis hors de France de 1986 à 2004. Il parcourait le monde dans tous les sens, beaucoup l’Afrique mais aussi l’Europe balkanique car il s’intéressait  à la Bulgarie et à la Roumanie comme défenseur de la francophonie et, bien sûr, le reste du monde puisqu’il y a des Français partout.

Il avait rejoint François Mitterrand très tôt, à la Convention des Institutions Républicaines. Engagé dans la campagne présidentielle de 1981, il avait été l’un des  fondateurs de l’ADFE et de la FFE au début des années 80. C’était le début de la contestation du monopole de la droite et de l’UFE dans la représentation des Français de l’étranger, qui aboutit à l’élection du CSFE au suffrage universel puis à la création de la Caisse des Français de l’Étranger.

Mais c’est surtout l’homme que nous regrettons : chaleureux, un rien gouailleur, capable de grandes colères suivies immédiatement de réconciliations sincères, il avait le culte par-dessus tout de l’amitié. C’était une expérience exceptionnelle de se promener avec lui que ce soit à Sainte-Cécile ou bien à Ouagadougou : il connaissait tout le monde et était interpellé par chacun. Et cela n’avait rien à voir, comme on le dit bêtement, avec la franc-maçonnerie.

J’y ajoute une qualité rare : la loyauté. Lui et moi venions de sensibilités différentes et pourtant, ces dernières années, j’ai partagé de nombreux combats avec lui lors des Congrès, des élections ou bien contre les gouvernements de droite, en étant toujours assuré de sa loyauté.

Et c’était toujours avec plaisir que nous nous retrouvions l’été avec nos amis à Sainte-Cécile ou à Noizay.

Le maire conclut son évocation de Guy ; les pompiers emmènent son cercueil. On sent que son vrai enracinement c’était ici, dans cette petite ville du Vaucluse découverte par hasard lors de la première campagne de François Mitterrand en 1965.

La cérémonie toute simple, presque austère, loin des pompes et des ors des palais nationaux, s’achève. Il l’avait voulue ainsi.

Adieu notre ami, tu nous manques. C’est un jour bien triste que ce 28 juillet.

Richard YUNG