Le 28 janvier, je me suis entretenu avec la directrice Europe et relations internationales de Pôle emploi, Françoise Dumontier, et le responsable du département offre de services internationale de Pôle emploi, Nicolas Simon.

Cet entretien s’étant tenu quelques heures après qu’un homme armé a tué une conseillère de Pôle emploi à Valence, j’ai présenté mes condoléances à toutes les équipes de Pôle emploi.

Rattachée à la direction générale adjointe offre de service, la direction Europe et relations internationales remplit trois missions, à savoir l’accompagnement des personnes en recherche d’emploi, la référenciation (benchmarking dans le cadre du réseau européen des services publics de l’emploi, EURES) et la coopération technique (coopération bilatérale et coopération avec l’Union européenne et l’Agence française de développement).

Pour ce qui concerne l’accompagnement des personnes en recherche d’emploi, Pôle emploi dispose de sept équipes réparties sur tout le territoire. Environ 65 conseillers sont chargés d’accompagner - à distance - les personnes qui souhaitent vivre une expérience professionnelle à l’étranger.

Une expérimentation est actuellement menée avec l’Allemagne (le service de l’emploi allemand prend le relais de Pôle emploi pour accompagner les demandeurs d’emploi qui souhaitent s’établir outre-Rhin).

Les demandeurs d’emploi ont accès au portail numérique Emploi Store, qui rassemble de nombreux services en ligne dédiés à la mobilité internationale (simulateur d’entretien d’embauche, aides à la mobilité en Europe, évaluation des compétences linguistiques, CVthèque, etc.).

L’un de ces services, B.A.-BA retour de mobilité, s’adresse aux personnes qui envisagent de rentrer en France (liste des démarches à effectuer préalablement au retour, adaptation du CV, accompagnement dans la valorisation de l’expérience acquise à l’étranger, etc.). En 2020, environ 300 personnes ont recouru à ce service numérique (taux de satisfaction: 80%). Mme Dumontier m’a informé que « Pôle emploi est en train de se structurer sur le retour de mobilité ».

Pôle emploi entretient des relations étroites avec Business France, qui lui a notamment confié la rédaction d’un carnet de l’export consacré aux ressources humaines. En revanche, il travaille peu avec CCI France international. Aussi, Mme Dumontier souhaite-t-elle conclure un partenariat avec les chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger (CCIFE).

S’agissant des prestations de chômage, la situation varie selon le pays du dernier emploi.

Lorsqu’elles n’envisagent pas de reprendre immédiatement une activité professionnelle, les personnes ayant travaillé dans l’Union européenne, dans l’Espace économique européen ou en Suisse peuvent exporter leurs droits en France pour une durée maximale de trois mois (cette durée peut éventuellement être prolongée jusqu’à un maximum de six mois). Elles doivent toutefois rester à la disposition du service de l’emploi du pays de départ pendant au moins quatre semaines après avoir perdu leur emploi. Elles doivent par ailleurs se procurer, auprès des autorités du pays de départ, le formulaire intitulé « U2 – Maintien du droit aux prestations de chômage », qui permet de s’inscrire à Pôle emploi dans les sept jours suivant la date à laquelle elles ont cessé d’être à la disposition du service de l’emploi du pays de départ. Ce dernier continue de verser les indemnités, à la condition que les personnes concernées respectent leurs obligations envers Pôle emploi durant les trois mois d’indemnisation.

Les personnes qui envisagent de reprendre immédiatement une activité professionnelle doivent, quant à elles, se procurer, auprès des autorités du pays de départ, le formulaire intitulé « U1 – Périodes à prendre en compte pour l’octroi des prestations de chômage ». Les informations figurant sur ce formulaire pourront être utilisées pour établir les droits à une indemnisation en cas de perte d’emploi après une reprise d’activité – même minime – en France.

En revanche, les personnes n’ayant pas travaillé dans l’UE, dans l’EEE ou en Suisse n’ont pas la possibilité d’exporter leurs droits en France, y compris celles qui rentrent d’un pays lié à la France par une convention de sécurité sociale (les conventions de sécurité sociale ne couvrent pas le risque chômage). Seules les personnes ayant cotisé à titre volontaire à l’assurance chômage française peuvent percevoir des indemnités de chômage à leur retour en France.

Partant, Mme Dumontier recommande aux Français qui partent s’établir à l’étranger de préparer le plus en amont possible leur retour en France (auto-assurance, etc.).

J’ai par ailleurs interrogé mes interlocuteurs sur la formation professionnelle des Français établis hors de France. Depuis mai 2015, les personnes inscrites au registre des Français établis hors de France ont la possibilité d’accéder au service public régional de la formation professionnelle. Ce dispositif vise à apporter une solution aux personnes qui envisagent une réinsertion professionnelle en France, mais n’ont pas la possibilité de bénéficier d’actions de formation dans leur pays de résidence.
Concrètement, les postes consulaires assurent le premier accueil des candidats et transmettent les demandes de formation à Pôle emploi (équipe dédiée au sein de l’agence Brancion, située dans le XVème arrondissement de Paris). Ce dernier offre les prestations d’orientation, d’organisation du parcours de formation et de suivi personnalisé. Quant aux régions, elles sont chargées du financement des actions de formation et de l’hébergement, ainsi que du bilan et de l’évaluation du parcours de formation.
Mme Dumontier m’a dit vouloir améliorer l’information des usagers de Pôle emploi sur le compte personnel de formation (possibilité de mobiliser son CPF pour la prise en charge d’une formation à l’étranger, possibilité de mobiliser son CPF lorsque l’on est à la recherche d’un emploi dans un État membre de l’UE autre que la France et que l’on n’est pas inscrit auprès de Pôle emploi, etc.)