C’est fini. L’interdiction de la recherche sur les embryons avec quelques dérogations est maintenue. La majorité actuelle continue sur cette position alanguie et hypocrite, alors que le groupe socialiste du Sénat a défendu une position plus claire d’autorisation, justement encadrée.

CellulesEn première lecture, nous nous étions félicités de l’adoption par le Sénat du projet de loi comprenant certaines avancées, dont l’autorisation de recherche sur l’embryon et les cellules souches. Raymonde LE TEXIER (Soc) avait rappelé que cette autorisation était « réclamée depuis des années par les chercheurs et attendue avec espoir par les malades et leurs familles ». En raison de cette avancée, entre autres, nous avions voté pour le texte issu du Sénat.

J’avais d’ailleurs expliqué, à la fin du billet de mon blog du 9 avril, que ce débat avait été passionnant et de grande qualité. Il correspondait à l’idée que l’on se fait de ce que devrait être un débat parlementaire au lieu de ses votes bloqués et verrouillés qui sont notre pain quotidien.

Je dois malheureusement revenir sur cette bonne humeur. Lors de la deuxième lecture, le Sénat a reculé et a adopté conforme la position de l'Assemblée nationale posant à le principe d'interdiction de la recherche sur l'embryon et les cellules souches. Des dérogations sont prévues mais très strictement encadrées.

Le rapporteur Alain MILON (UMP) et la présidente de la Commission aux affaires sociales Muguette DINI (Union centriste), tous deux favorables à la recherche sur l’embryon, n’ont pas été écoutés par leurs collègues. Le 9 juin, la majorité sénatoriale a préféré laisser la parole à la droite traditionnelle et a adopté, par 164 voix contre 161, l’amendement présenté par le président du groupe UMP, Jean-Claude GAUDIN, rétablissant l’interdiction.

On a ainsi pu entendre sur les bancs du Palais du Luxembourg que la recherche sur l’embryon est « une triple régression, sur le plan symbolique, anthropologique et scientifique » et constitue un « régime débridé d'ouverture à tout vent » (Bruno RETAILLEAU, non inscrit) ; et que le « régime [de l’interdiction] garantit le haut degré de protection dû à l'embryon et lui donne sa pleine portée » (Jean-Louis LORRAIN, UMP).

Ces propos de la droite traditionnelle me désolent. Comme Alain MILON l’a justement dit, c’est « un signal dramatique pour les chercheurs, [qui] ne prend pas en compte l’évolution de la société ». En conséquence, le groupe socialiste, tout comme Alain MILON et Muguette DINI, a voté contre ce projet de loi bioéthique.