La loi sur la bioéthique doit être discutée à l’Assemblée nationale dès fin septembre, et pour ce faire, le Premier Ministre Edouard Philippe en a présenté les grandes lignes.

Si le sujet est délicat pour les différentes oppositions partisanes, il semblerait que cette fois, les fervents opposants soient plus prudents au regard de la récente fragilité de la droite. Mais il ne s’agit pas seulement de la majorité sénatoriale, le contenu de la loi notamment en termes de PMA (Procréation Médicalement Assistée) attire les visions disparates partout et fera certainement l’objet d’un débat animé.

Quel contenu ? Le sujet central est bien entendu l’élargissement de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, dans une logique de remédier aux PMA procédées à l’étranger et afin d’accompagner la législation avec les mœurs sociétales. Même au sein de la majorité, les opinions diffèrent, entre prétendue conscience familiale, précarité et éthique, mais les parlementaires semblent ouverts au débat et prêts à être convaincus. Deux thèmes reviennent sur les devants de la scène : l’accès aux origines et le régime de filiation en cas de PMA avec un tiers donneur. Pour le premier, il s’agirait de permettre au donneur de préserver son anonymat au moment du don, et de réitérer son droit dès la première demande de contact de l’enfant. Cela permettrait de donner le choix, sans annexer des droits parentaux pour le donneur. Beaucoup d’enfants souffrent du silence sur leur origine et il semble juste de leur permettre d’en faire la demande. Une autre question est celle de la filiation. Entre créer un nouveau type de filiation basée sur les dons de gamètes quelque peu stigmatisant. Ou réadapter celle des couples hétérosexuels tout en distinguant la sexualité, aucune solution n’est optimale et nous pouvons espérer que les débats permettront de proposer une solution adéquate. D’autres mesures, déjà en vigueur aux États-Unis, sont parties à la loi comme la possibilité pour une femme de congeler ses ovocytes afin de maitriser son horloge biologique et de procéder à un choix libre et éclairé quant au moment où elle souhaite concevoir.

Ces mesures illustrent une volonté progressiste du gouvernement qu’il faut saluer. Il est temps que la France s’adapte aux évolutions sociétales. Le Premier Ministre lui même parle d’une société changeante, qui est prête à accueillir des réformes évolutives. Le débat est nécessaire, et nous l’envisagerons avec soin. Au regard de la sensibilité du sujet, une mise en commun d’idées multiples ne peut que renforcer la loi. Nous pouvons ainsi espérer que les « anti » ne feront pas trop parler d’eux, et que des épisodes tels que « la Manif pour tous » seront évités avec élégance.