Quelle victoire magnifique que celle de Tom Boonen dans ce 110ème Paris-Roubaix !

Tom BoonenOn sentait bien qu’il était en jambe et décidé à devenir le second à gagner 4 fois cette épreuve reine mais son démarrage à 40 kms de Roubaix, juste après les pavés du Moulin de Vertain a été un chef d’œuvre de force et de domination.

Après quoi il n’a fait qu’accélérer jusqu’au Vélodrome de Roubaix, entrant dans la gloire des cieux cyclistes. Mais bravo aussi au groupe des suivants à 2 minutes et à leur très beau sprint final ! (ceci dit on demande à ces hommes de rouler à 45km/heure de moyenne – y compris passages d’enfer sur les pavés – et on s’étonne qu’ils ne boivent pas que du lait ! L’hypocrisie est aussi du côté du public qui en demande toujours plus).

 

Changeons de distance et de matière. En mai 2010, une vingtaine d’écrivains (plutôt établis, genre Académie française), d’artistes, photographes sont invités, dans le cadre de l’année croisée France-Russie, à traverser la Russie de Moscou à Vladivostok avec le Transsibérien.

Ils sont dans un wagon (de première classe), bien chouchoutés pour la vie matérielle. Le wagon est décroché dans les grandes villes où ils passent un ou deux jours, visitent tout ce qui est visitable (parfois même en s’évadant du programme officiel), participent à des débats et conférences dans les universités.

Ce voyage qui est un grand classique littéraire (voir Blaise Cendras), nous vaut deux livraisons : « Sibir » de Danièle Sallenave (Gallimard) et « Transsibérien » de Dominique Fernandez (Grasset).

On ne présente pas ces deux auteurs. Ce qui est particulièrement intéressant c’est d’avoir la relation de la même aventure, du même voyage (trois semaines, soit en train, soit à visiter les grandes villes qui se trouvent sur la ligne mythique) et souvent les mêmes scènes vécues par les deux écrivains et relatés si différemment : ainsi la visite de Kazan haut lieu de l’histoire russe puisque c’est là qu’Ivan le Terrible a battu les occupants Tatars, ainsi une excursion autour du lac Baïkal et une « fausse » cérémonie de mariage chez les « vieux-croyants ».

Il y a d’abord un grand intérêt pour l’histoire de ce pays extraordinaire qu’est la Russie puisque les étapes du voyage rythment la progression de la conquête russe de l’Oural, de la Sibérie occidentale puis de l’Extrême-Orient. Mais aussi la déportation des décabristes, puis le goulag.

En même, n’oublions pas que ce sont des gens de lettre, qui doivent participer, dans les grandes villes visitées, à des conférences et débats sur la littérature française et russe. Certes ils sont quelque peu dépités de voir que leurs livres (même traduits en russe) sont inconnus mais nous apprenons beaucoup sur la littérature russe depuis le XVIème siècle. Tous les grands auteurs russes sont convoqués : Gogol, Pouchkine, Tolstoï, Dostoïevski, Tchékhov, Gorki, … mais aussi quantité d’historiens, de peintres, d’auteurs moins connus. C’est passionnant, plus académique et érudit chez Fernandez ; plus vécu et plein de feu chez Sallenave.

TranssibérienSibir