La discussion interminable de la loi de finances 2015 nous laisse peu de loisirs ces derniers temps. Je profite de ce beau dimanche pour aller admirer le bâtiment de la fondation Louis Vuitton au jardin d’acclimatation au Bois de Boulogne.

C’est époustouflant ! Voulu par Bernard Arnault et construit par Franck Gehry, architecte américain, c’est un immense navire qui avance toutes voiles de verre gonflées. Et pourtant quelle impression de légèreté, de fluidité. S’y ajoute une superbe cascade descendant par vagues successives pour rejoindre la mer où navigue cette nef digne de Christophe Colomb. On imagine les trésors d’intelligence et de technique que les architectes et ingénieurs ont du déployer pour ajuster, équilibrer, faire tenir ensemble ces immenses toiles arachnéennes, les structures de bois et de granit.

N’hésitez pas chers Français non résidents lors de votre prochain passage à Paris : consacrez une heure à cette magnifique création ! D’autant que Paris comme Rome, soucieuse de préserver sa beauté historique, n’offre que peu d’architectures audacieuses et modernes, contrairement à Londres ou Berlin. Le bâtiment Louis Vuitton a du reste bien failli ne pas voir le jour : différentes associations, riverains, etc. ont déposé recours sur recours pour faire annuler l’autorisation de la Ville de Paris de construire sur l’emprise du Bois de Boulogne puis le permis de construire. Et pourtant qui aujourd’hui ne serait fier de ce chef d’œuvre.

Un peu plus tard, Paris traversée, à la belle Bibliothèque de l’Arsenal près de Sully-Morland, exposition de l’OULIPO (Ouvroir de littérature potentielle). Il s’agit d’une école littéraire créée en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais qui propose aux écrivains d’écrire sous certaines contraintes : l’exemple le plus achevé étant le célèbre roman de Georges Perec « la disparition » qui ne comporte la lettre « e » ou bien « les mille milliards de poèmes » qui se composent par bandes horizontales. L’inspiration, pour les Oulipotiens, vient non de l’esprit face à la page blanche mais précisément des contraintes. Rassurant mais aussi très intellectuel, très mathématique, souvent difficile à suivre. Fascinant et parfois très beau. Ce qui les rend sympathiques, c’est le fait de ne pas se prendre au sérieux : ils ont ainsi été proches du Collège de Pataphysique cher à Alfred Jarry.