De l’échec patent de la conférence de Copenhague, je tire deux observations :

  • barack-obama-greenpeaceL’Europe désunie, sans leadership, tirant à hue et à dia, ne pèse plus dans les affaires du monde. Les autres continents saluent cette vieille dame digne, prononcent quelques mots complaisants sur la culture et la langue française, anglaise, espagnole et s’en vont discuter des choses sérieuses avec les gens sérieux. Voilà le prix que nous payons pour le maintien des ego de nos chefs d’État et de gouvernement qui veulent par-dessus tout garder ce hochet pour grands enfants qu’est « la souveraineté nationale ». Depuis plus de 10 ans ils ont fait en sorte que la Commission européenne et les institutions européennes soient affaiblies, leurs pouvoirs rognés et leurs budgets ridicules. La réalité du pouvoir a été centralisé au conseil des ministres européens, c'est-à-dire les représentants des États : il n’y a pas donc de pouvoir européen. Chacun va faire le paon à Washington, Pékin, Brasilia mais sans résultats. Une alliance sacrée unit les partisans du « no Europe » à ceux qui veulent préserver leurs près carrés nationaux. Les efforts réels de Nicolas Sarkozy vers le Brésil n’ont pas empêché Lula de rejoindre les États-Unis et la Chine pour signer le texte insignifiant que vous connaissez (on verra aussi si le Brésil achète finalement les Rafales français : c’est la limite de la politique spectacle)
  • Obama, que nous avions paré de toutes les vertus, et qui allait changer la politique américaine, montre qu’il poursuit – et c’est chose normale – la défense des seuls intérêts de son pays. Et comme Bush, mais plus habilement, il considère que toute contrainte écologique serait nuisible à son industrie et à son économie. Dans sa vision du monde, l’avenir est autour du Pacifique dans une alliance États-Unis-Chine. L’Europe ne compte plus. D’où son alliance avec la Chine qui veut, elle, continuer un taux de croissance de 10% par an avec une « usine du monde » qui est de loin la plus polluante. Les autres grands pays du Sud, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du sud se sont évidemment précipités pour signer ce non texte qui leur laisse les mains libres (de ne rien faire). Le libéralisme a triomphé du tiers-mondisme comme du reste. Ils considèrent au fond que la croissance est leur priorité et que les pays développés, après avoir pollué la planète pendant 150 ans, ne doivent pas leur imposer de limitations ou de coûts qui les pénaliseraient. En passant, ils laissent tomber tous les autres pays du Sud qui ont besoin de plus de régulation. Alors, malgré son prix Nobel européen, Obama redevient un chef d’Etat comme un autre et certainement pas notre ami quoique notre allié : le roi est nu !