Depuis deux ans et demi, le peuple malgache souffre dans sa chair. L’économie du pays, qui n’était déjà pas brillante, s’est dégradée. L’État ne fonctionne plus, les services publics les plus élémentaires sont arrêtés, les investissements les plus essentiels ne sont plus réalisés. La vie est devenue la survie pour simplement se nourrir et se loger. Près de 20 millions de malgaches sont dans cette situation, sans parler des victimes de la sécheresse dans le sud. La communauté internationale doit donc agir urgemment, ce que malheureusement elle ne fait pas.

Zafy, Ratsiraka, Rajoelina et RavelomananaRappelons brièvement les faits. Sous la pression de manifestations populaire, le président Ravelomanana a confié ses pouvoirs à un groupe de militaires qui l’a immédiatement transmis à Andy Rajoelina, maire de Tananarive. Il est exact que ce processus n’a pas respecté la Constitution et prête à critique. Mais ceci s’est passé il y a deux ans et demi et l’on ne voit pas que l’on puisse revenir en arrière.

En attendant, le pays s’est doté d’institutions dites de transition : gouvernement, assemblée nationale, sénat. Elles ne sont pas élues mais composées par quatre composantes : les représentants de deux anciens présidents (Zafy et Ratsiraka) et ceux des deux adversaires Rajoelina, et Ravelomanana. La bonne sortie est d’organiser des élections présidentielles et législatives mais tout bloque sur le fait que Ravelomanana veut rentrer (il est parti en exil en Afrique du sud) alors que sa sécurité n’est pas assurée et qu’il a été condamné pour malversation et pour avoir fait tirer sur des manifestations.

Du coup, l’Union européenne et les États-Unis ont bloqué toute aide et appliquent un boycott très rigoureux. Outre le désastre économique et social que ce boycott entraine, il est inefficace politiquement, Rajoelina ayant la situation bien en main. Ravelomanana a perdu ses principaux soutiens intérieurs mais continue une campagne de déstabilisation et ses campagnes de propagande à l’étranger. La communauté internationale a montré récemment qu’elle savait apprécier les situations internationales : reconnaissance du nouveau pouvoir en Égypte, du Conseil national de transition à Benghazi ou, au contraire, non intervention en Syrie. Si le Parlement européen craint des atteintes aux droits de l’homme, je suggère qu’il envoie une mission sur place pour se faire sa propre opinion.

La peine du peuple malgache, pris en otage, le bon sens, la réalité des choses veulent que l’on sorte le plus rapidement de cette situation par l’organisation d’élections présidentielles et législatives libres et transparentes. Ceci est désormais possible avec une « feuille de route » préparée par la SADEC (organisation des États du sud de l’Afrique qui est chargée de la médiation) qui pourrait être signée en juillet. La France s’est tenue près de Madagascar pendant toute cette période et joue un rôle discret mais actif. Il faut maintenant que l’Union européenne reprenne sa place dans ce processus. Cela fait maintenant deux ans et demi que cela dure, il y a eu plus de quarante réunions de conciliation : il est grand temps de conclure pour qu’enfin le peuple malgache puisse retrouver la prospérité.