Je m’étonnais, au début du mois, de voir que l’Union Européenne ait décidé de reconduire les mesures de boycott et de suspension de l’aide européenne à Madagascar, suite à ce que certains appellent le manque de légitimité du régime d’Andry Rajoelina (critique que je trouve pour ma part abusive).

Je m’étonnais d’autant plus de cette reconduction des sanctions que l’Autorité de Transition, présidée par A. Rajoelina, avait, ces dernières semaines, beaucoup progressé dans la mise en œuvre de la régularisation politique qui lui est demandée par la communauté internationale (l’Union africaine, la SADEC, l’Union européenne, ...). Ainsi la « Feuille de Route » (ensemble des mesures et du calendrier demandés par la SADEC chargée de la médiation) a été signée par toutes les parties prenantes en septembre, un nouveau Premier ministre, M. Omer Beriziky, du parti de président déchu Marc Ravalomanana, a été désigné ; un nouveau Parlement a été désigné le 30 novembre, présidé également par un représentant de l’opposition. Enfin, il y a peu, l’ancien président Didier Ratsiraka est rentré au pays après 9 ans d’exil (quoiqu’il continue de refuser la feuille de Route) ainsi que le fils de l’ex-président Ravalomanana. Le retour de celui-ci est plus difficile à envisager car il fait l’objet de plusieurs condamnations (pour avoir fait tirer sur la foule) et la justice, comme la hiérarchie militaire, ne peuvent accepter, à ce stade, une amnistie.

Ces avancées importantes ont permis à l’Union européenne de revenir le 5 décembre sur sa décision et de décider la levée des sanctions et la reprise progressive de l’aide communautaire. De son côté le Conseil permanent de la francophonie, présidé par Abdou Diouf, s’est déclaré satisfait des évolutions récentes de même que le Comité du suivi (CSP) de l’Union africaine, bien plus regardant et exigeant pour Madagascar que pour beaucoup de ses autres États membres (Zimbabwe, Soudan, Erythrée, Guinée équatoriale, …).

Le président de l’Autorité de la Transition, M. Andry Rajoelina, a été reçu cette semaine à Paris par le président Nicolas Sarkozy. Il est vrai que la France a soutenu le processus de la transition depuis le début et n’a jamais interrompu son aide à la Grande Île. Je pense qu’elle a bien fait et il faut saluer ici l’excellent travail de notre ambassadeur, M. Jean-Marc Châtaignier.

M. Rajoelina confirme sa volonté de continuer le processus en organisant des élections législatives mi mai 2012 puis des élections présidentielles mi juin. Elles se feraient sous le contrôle des Nations unies et de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Le moment est venu de réintégrer Madagascar dans la communauté internationale et dans ses différentes organisations. Ceci encouragerait l’Autorité de Transition à poursuivre les progrès réalisés. Il est également nécessaire de rétablir toute l’aide bilatérale et multilatérale car la situation économique et sociale est très dégradée et ce sont les populations les plus démunies qui en souffrent.

Photo prise lors d’une rencontre le mercredi 7 décembre
Richard Yung, Andry Rajoelina et Jean-Marc Châtaignier

Richard Yung, Andry Rajoelina et Jean-Marc Châtaignier

TAGS: