Que dire de Vaclav Havel qui n’ait été dit ! Ses valeurs sont celles que nous respectons hier et aujourd’hui : démocratie, libertés, résistance, courage, modestie, culture et talent, même si elles sont particulièrement exigeantes et difficiles.

Vaclav HavelJ’ai connu la Tchécoslovaquie au Printemps de Prague, plus exactement lors d’un voyage en février 68. Nous étions là pour apporter le soutien des étudiants français au mouvement extraordinaire qui se déroulait sous nos yeux : la libéralisation d’un régime communiste mené par cet autre homme courageux et modeste : Alexandre Dubcek.
En fait, nous avons passé ces jours à palabrer comme cela se faisait à l’époque, à développer des « analyses » toutes plus pertinentes les unes que les autres et surtout à boire beaucoup de Pilsen dans ces magnifiques brasseries de Prague. Il neigeait, faisait nuit dès 15h, mais je découvrais l’Europe de l’est, la politique, la solidarité et j’en garde un souvenir très fort et très ému. D’autant que l’on connait la fin (provisoire) avec l’entrée des chars russes à Prague en août 68. Comme en 1938, comme en 1947, nous n’avons pas fait grand-chose : protesté un peu, voté des motions et puis… sommes retournés à nos petites affaires.
Havel le savait et en avait conçu une sorte d’humour pessimiste très pragois dont le grand auteur Bohumil Hrabal (« moi qui ai servi le roi d’Angleterre », « une trop bruyante solitude ») est l’expression achevée. Son humour grinçant se retrouve aussi dans ses « lettres à Olga » (sa première épouse décédée). Last but not least, il était un européen convaincu, un fédéraliste. Il avait milité pour l’adhésion la plus rapide possible de son pays à l’Union européenne et avait sans doute convaincu François Mitterrand, même s’il avait rejeté le projet de celui-ci de constituer une confédération européenne permettant aux pays candidats de mieux s’adapter.

De Kim Jong-Il, dirigeant nord coréen, il est aussi difficile de parler mais bien évidemment pour des raisons opposées. Dictateur héritier, drapé dans un faux communisme qui est en fait une dictature de l’armée sur son peuple, sans doute paranoïaque comme le montre sa peur de l’avion et des voyages. Il se piquait comme Staline d’être un artiste (metteur en scène de films, d’opéras) et a grandement fait le malheur de son peuple, affamé, pauvre au-delà de tout.
J’avais visité Pyongyang en 1981 et déjà constaté le délire des dirigeants (Kim Il-Sung) mais la seule question que je me pose aujourd’hui, c’est pourquoi acceptons nous cela ? Ce droit d’ingérence, de défense d’un peuple contre ses dirigeants fous, pourquoi est il vrai à à Tripoli et pas à Pyongyang ?