C’est le 25 janvier que le président Hery Rajaonarimampianina a prêté serment et est devenu le président élu et légitime de Madagascar. J’ai eu le plaisir de participer à sa cérémonie d’investiture au stade Mahamasina.

Investiture HeryChacun espère que c’est la fin d’une longue séquence de 5 ans commencée avec le départ en 2009 de Marc Ravalomanana du pouvoir présidentiel sous la pression de le rue et de l’armée. Il a été remplacé par Andry Rajoelina, président de la transition mais dont la légitimité a ensuite été discutée. Il s’en est suivi une période difficile pour la Grande Île, mise au ban des organisations régionales et internationales (ONU, UA, SADC, ...). Plus grave, l’aide internationale et bilatérale a été en grande partie suspendue, mettant les finances publiques du pays à mal.

Grâce à la médiation de la SADC (organisation économique régionale regroupant 15 pays du sud de l’Afrique) et du président mozambicain, Joaquim Chissano, finalement un accord entre les composantes politiques à été trouvé en Juillet 2011 basé sur une Feuille de route.
Ceci a permis la tenue d’élections présidentielle et législative en décembre 2013. Particularité de l’élection présidentielle, aucun des deux derniers présidents (Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina) ne pouvaient y prendre part. Ils se sont donc affrontés par candidats interposés, Hery Rajaonarimampianina pour Andry Rajoelina, Jean-Louis Robinson pour Marc Ravalomanana.

Le résultat de l’élection présidentielle est clair : 53,50% pour Hery Rajaonarimampianina. Le scrutin à été surveillé par un grand nombre d’organisations (OIF, SADC, UE) et de pays, et le résultat validé par la Cour électorale suprême. La contestation des résultats par M. Jean-Louis Robinson n’a pas aboutie faute d’être étayée.

M. Jean-Louis Robinson a fait le geste de venir et de participer à la cérémonie de Mahamasina reconnaissant ainsi la victoire de son adversaire. Il envisage, fort des 46.5% obtenus au second tour, de créer une force politique d’opposition dont il serait le leader. Reste à clarifier l’orientation politique de ce parti, ou de cette confédération de partis.

Le pays qui est dans une misère chaque jour plus grande, où l’insécurité frappe tous, à commencer par les plus faibles, où la corruption est généralisée, a besoin d’une action économique vigoureuse mais surtout d’une politique sociale de redistribution. Reconstruire un État (éducation, justice, sécurité) et soutenir par des programmes les déshérités : c’est la priorité.

L’ensemble de la communauté internationale a du reste reconnu le résultat et s’en est réjoui : pays de l’Union Africaine, Union européenne, Japon, ... Seuls les États-Unis, alliés de Marc Ravalomanana, ont marqué un soutien mitigé, mais globalement la manne de l’aide budgétaire et financière étrangère devrait revenir bientôt.

Le résultat des élections législatives n’est pas encore validé par la CES mais les estimations donnent pour 150 sièges à pourvoir, 50 sièges pour les soutiens de Rajoelina, 20 pour ceux de Ravalomanana et le reste réparti entre un grand nombre de candidats et de formations dites indépendantes. Un premier travail est donc de constituer une majorité politique et d’amener au moins une trentaine de ces indépendants (formels) à rejoindre le groupe Mapar (Rajoelina). D’où l’importance des choix idéologiques et programmatiques qui ont été évoqués plus haut.

Reste à voir ce qui peut se passer après cela.
La mouvance Ravalomanana acceptera-t-elle le résultat des votes et sera-t-elle tentée de faire appel à la rue ? Marc Ravalomanana sera-t-il autorisé à rentrer de son exil en Afrique du Sud ? Il semble que ce soit la position du nouveau Président Hery Rajaonarimampianina qui serait prêt à ce retour dès que les institutions seraient en place. Ce retour nécessiterait toutefois le vote d’une loi d’amnistie.
Le président a souligné lors de son discours d’investiture sa volonté d’ouvrir lé débat et l’exercice du pouvoir au delà de sa propre mouvance politique. Est ce à dire qu’un gouvernement d’union nationale est envisageable ? Pour le moment cela ne semble pas le cas, mais la situation peut évoluer rapidement.

Qui sera le Premier ministre? Si Rajoelina a une majorité au parlement, il peut être tenté par un scénario à la Poutine et d’être lui-même le Premier ministre. Mais il est probable que ni la communauté internationale ni le nouveau président n’en seraient ravis. Beaucoup d’autres noms circulent : un technocrate, un représentant des populations côtières, une personnalité neutre, ...

Les vrais enjeux sont ailleurs : reconstruire un État, relancer l’économie, pacifier un pays fatigué de ces luttes politiques. Des défis tous plus considérables les uns que les autres pour le nouveau président et l’équipe nouvelle alors même que le pays dispose des plus grandes richesses naturelles : de la terre cultivable, de l’eau, de la chaleur et de l’humidité permettant de produire les meilleurs riz, cacao, épices, vanille, par ailleurs du fer, du pétrole, du gaz, du nickel, ... Remarquons aussi que les nombreuses richesses touristiques de l’île permettraient d’accueillir plusieurs millions de touristes, contre 300.000 actuellement, si les infrastructures le permettaient.
Tout ceci pour dire que les conditions sont réunies pour un nouveau départ, pourvu que le peuple malgache et son gouvernement le veuillent.

Lors de ma brève visite à Tananarive, j’ai eu l’occasion de participer à une réunion des chefs de service de l’ambassade présidée par Monsieur l’ambassadeur puis à une réception pour la communauté française.
Ce fut enfin, une occasion de revoir les amis de Français du Monde et du PS

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