L’Iran a annoncé lundi 4 janvier avoir repris l’enrichissement de son uranium à 20% dans son usine souterraine de Fordo. Il s’agit à présent de la plus grosse enfreinte à l’accord JCPOA (1), que l’Iran avait signé en 2015 avec les autres grandes puissances mondiales. En effet, la République islamique avait déjà enfreint l’accord en juillet 2019, lorsqu’un porte-parole de l’organisation en charge du développement du programme nucléaire avait annoncé que le pays avait « passé le seuil de 4,5 % pour l’enrichissement de l’uranium ».

Ce seuil de 20% est significatif puisque l’effort nécessaire pour passer de 4,5% d’enrichissement à 20% est bien plus grand que celui requis pour passer de 20% à 90% - 90% étant le pourcentage d’enrichissement nécessaire à l’uranium pour en faire du matériel à bombe nucléaire. Plus que jamais, il est, scientifiquement, réaliste pour l’Iran d’aspirer à rejoindre le camp des puissances disposant de l’arme nucléaire.

L’Iran insiste que son programme nucléaire est pacifique, mais est revenu sur de nombreux points de l’accord de 2015. La République islamique justifie cela par la nécessité de représailles à la volonté de Donald Trump de quitter l’accord en 2018 et de réinstaurer des sanctions économiques très contraignantes à l’égard du pays.

Il est clair que cette annonce présage déjà une recrudescence des tensions dans la région. Benjamin Netanyahu, premier ministre israélien, a annoncé que la décision iranienne ne pouvait s’expliquer autrement que par la continuation logique d’une volonté de développer un programme militaire nucléaire.

Certains experts voient en l’annonce iranienne un moyen de pression sur Joe Biden, dont la succession à Donald Trump est prévue le 20 janvier. Le Président-Élu a déclaré considérer rejoindre l’accord si l’Iran revient à la pleine conformité de l’accord et s’engage à poursuivre des négociations. Le Ministre des Affaires étrangères iranien Javad Zarif a, quant à lui, souligné le fait que ces mesures d’enrichissement de l’uranium étaient totalement réversibles sous condition de… pleine conformité par tous les partis de l’accord ! Reste à savoir lequel des deux décidera de s’y conformer en premier...

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(1) Accord sur le nucléaire iranien de Vienne - 14 juillet 2015, originalement signé par les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Union Européenne.