Alors qu’Emmanuel Macron avait décidé d’éclairer le rôle joué par la France durant le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, le rapport Duclert avait accablé la France sans pour autant l’accuser de complicité de génocide. Le rapport commandité par le gouvernement rwandais auprès d’un cabinet d’avocats américain semble tirer les mêmes conclusions.

Les relations étaient tendues entre les deux pays mais se réchauffent peu à peu depuis 2009. En 2006, la France et le Rwanda avaient rompu leurs relations diplomatiques suite à la mise en cause par un juge français de Paul Kagamé, président du Rwanda. Elles ont été rétablies en 2009, à coup de voyages présidentiels et de quelques aveux. Mais l’ampleur de l’ingérence française au Rwanda pose toujours question. Emmanuel Macron avait ainsi demandé, lors de son entrée en fonction, à l’historien Vincent Duclert de rédiger un rapport sur l’implication française dans le génocide. Celui-ci, rendu public il y a quelques semaines, concluait à « un ensemble de responsabilités, lourdes et accablantes » de la France. Toutefois, le rapport ne mentionnait pas de complicité de génocide « si l’on entend par là une volonté de s’associer à l’entreprise génocidaire ».

Kigali avait lui aussi demandé un autre rapport, après celui de 2008 qui avait demandé « au gouvernement rwandais de se réserver le droit de porter plainte contre le gouvernement français pour sa responsabilité ». Le nouveau, réalisé par le cabinet Muse basé à Washington D.C., n’inclut plus cette notion de responsabilité juridique. Il pointe toutefois les bâtons que la justice française a mis dans les roues des procédures cherchant à établir la vérité, retardant de nombreux procès, et dénonce aussi l’asile accordé par la France à centaine de rwandais impliqués dans le génocide, dont la veuve de l’ex-président rwandais en 1994 Juvénal Habyarimana, Agathe Habyarimana.

Le rapport n’exclut pas que certaines personnalités françaises, ont, à titre personnel, une part non négligeable de responsabilité dans l’entreprise génocidaire des Hutus. Pourtant, les deux rapports tombent d’accord sur la non-responsabilité de l’État. Ceci est le plus important, et j’espère que ces avancées pour la vérité permettront aux deux pays d’appréhender leurs relations diplomatiques plus sereinement.