Les rendez-vous diplomatiques en présentiel reprennent doucement, et la France ouvre le bal. Hier, le président de la République a accueilli une conférence de soutien à la transition au Soudan. Aujourd’hui, une quinzaine de chefs d’États africains sont réunis à Paris par Emmanuel Macron lors d’un sommet sur le financement des économies d’Afrique subsaharienne.

Une vingtaine de chefs d’État et de dirigeants d’organisations internationales étaient donc présents au Grand Palais éphémère cet après-midi pour tenter de réintégrer le Soudan dans les circuits financiers internationaux. Cela n’était auparavant pas possible compte tenu du fait que le pays était sur la liste noire américaine des États soutenant le terrorisme - Paris a été une des premières capitales à militer en faveur d’un processus de transition. La journée n’aurait pas pu mieux s’achever pour le Soudan, pays qui croule sous une dette extérieure de plus de 49 milliards d’euros : la France efface 4 milliards d’euros de dettes, tandis que le reste de la communauté internationale s’est dite prête à investir davantage (prêts, effacement de dettes…). L’Allemagne efface elle aussi 360 millions d’euros de créances bilatérales.

Aujourd’hui, l’objectif est d’attirer davantage de liquidités en Afrique, à la fois vers les secteurs publics ou privés. Le levier principal des pays développés est les droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, qui sont des instruments de change permettant notamment de financer des importations. L’Élysée souhaite revoir à la hausse l’allocation africaine de la prochaine émission de DTS massive, car elle serait seulement de 34 milliards sur un total de 650 milliards. La France réfléchit aussi à une vente d’or au FMI pour alimenter des prêts à taux zéro pour les pays africains, à prêter une partie de ses DTS ou à des allègements de dette conçus entre créanciers publics et privés. De grandes organisations internationales sont également conviées : l’ONU, le FMI, l’OCDE, l’OMC, la Banque mondiale et plusieurs banques publiques internationales.

La pandémie a durement touché les pays africains économiquement : le continent devrait connaître sa première récession en 2021, avec un recul de 2,1%. Alors que le risque d’un accroissement des inégalités entre Nord et Sud pointe son bout du nez, la clef reste de sortir l’Afrique du piège de la dette sans trop affaiblir leur souveraineté.

Nous avons hier soir adopté au Sénat le projet de loi de programmation sur l’aide publique au développement, qui participera activement aux efforts de solidarité internationale envers l’Afrique subsaharienne. L’aide publique mondiale a baissé de 1% en 2020 - la France peut être fière de prévoir une politique ambitieuse en la matière pour répondre aux nouveaux défis posés au continent.