Hier, en marge d’une intense semaine diplomatique (G7, Sommet de l’OTAN et sommet de l’UE, entretien en bilatéral avec Joe Biden), Emmanuel Macron a annoncé vouloir réduire de moitié le soutien militaire français au Mali d’ici à 2023.

Pour rappel, cette opération extérieure (OPEX) a été lancée le 1er août 2014. Cette opération vise principalement à favoriser l’appropriation, par les pays partenaires du G5 Sahel, de la lutte contre les groupes armés terroristes (groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, organisation État islamique) sur l’ensemble de la bande sahélo-saharienne. Depuis le sommet de Pau de janvier 2020, le président de la République avait décidé de déployer des renforts temporaires portant ainsi les effectifs de Barkhane à 5100 militaires.

Les remous politiques au Mali ont-ils eu un impact sur la décision d’Emmanuel Macron ? Ce dernier rétorque que non. Mais cette décision intervient après l’annonce, la semaine dernière, de la fin de la collaboration bilatérale avec Bamako au Mali. Il est légitime de se poser la question du possible maintien d’une mission dont un des piliers est l’appui au retour de l’État et de ses administrations lorsque le pays est en proie à l’instabilité au niveau de ses plus hautes autorités.

Cela signe-t-il pour autant la fin définitive de Barkhane ? Barkhane, « en tant qu’opération extérieure », n’existera plus. Les modalités seront précisées avant la fin du mois de juin. L’annonce du retrait de certaines troupes françaises intervient aussi à l’aube des réunions très stratégiques de la semaine prochaine - cela fait maintenant plusieurs années qu’Emmanuel Macron souhaiterait voir plus de coopération internationale au Sahel, et il espère peut-être ainsi faire pression sur les alliés afin que ceux-ci engagent plus de moyens. En effet, le Président a annoncé vouloir continuer l’action de la Task Force Takuba, « avec, évidemment, une forte composante française - avec encore plusieurs centaines de soldats - et des forces africaines, européennes, internationales ». Pour l’instant, huit pays européens apportent un soutien militaire, qui reste toutefois limité : Belgique, Danemark, Estonie, Italie, Pays-Bas, Portugal, République Tchèque et Suède. Espérons que nos alliés suivront la logique d’européanisation et d’internationalisation que souhaite insuffler le Président : rendez-vous en fin de semaine prochaine…