Ce matin 12 septembre, j’étais au Conseil national du PS à la Mutualité, vieille dame digne, aimée de la gauche mais qui a besoin d’un lifting. Cela fait 25 ans que je participe à ces réunions, en apparence inutiles et mal organisées, mais qui répondent à des rituels très précis. Ainsi la tribune est toujours soigneusement composée de façon à ce que toutes les motions y soient représentées ainsi que la parité hommes-femmes (c’est bien la seule occasion).

mutualitéIl n’y a jamais de document préparatoire, très rarement de document distribué, encore moins de préparation. Il n’y a pas d’ordre du jour (la lettre de convocation porte laconiquement : « le CN se réunira tel jour à tel endroit »). C’est donc avec une sorte d’angoisse que l’on pousse la porte : « de quoi va-t-on discuter ? » (même si on a quand même une petite idée).
Autrefois, il y avait des réunions de courant préparatoires le vendredi soir ou, pire encore, le samedi matin très tôt pour déterminer la meilleure façon de pourfendre les autres courants (en général, sans succès).
Il n’y a évidemment pas de débat organisé, seulement une suite de monologues à la tribune. L’accès au micro est un exercice difficile : plusieurs personnes tiennent la liste des orateurs inscrits mais celle-ci change en permanence selon la nécessité de faire parler tel ou tel ancien ministre qui a un train à prendre. Il faut respecter les dosages de courant, les grandes fédérations, les grands élus (c’est une catégorie spéciale au PS), quelques femmes et un petit peu de diversité, … Voilà pourquoi, nous qui n’entrons pas dans ces catégories et qui pourtant représentons une fédération, la FFE, qui n’est pas la plus petite du PS, n’approchons jamais de la tribune.
Parfois, il y a des votes (c’est la différence avec l’UMP) : le bureau national s’est préalablement mis d’accord (c’est son boulot) et donc, il n’y a pas de surprise. Enfin le Premier secrétaire clôt la cérémonie (dans les cas graves, il ou elle s’exprime aussi en lever de rideau pour nous dire quoi penser). Avec Lionel Jospin, c’était sérieux, ennuyeux mais c’était au fond comme le Carême : on achetait notre rédemption. François Hollande était tout le contraire : pétillant, d’un humour dévastateur, traitant tout comme une traînée de poudre. Comme le champagne, il n’en restait rien une heure après. Avec Martine Aubry, les choses redeviennent sérieuses, moins oratoires peut être, mais plus dans le réel.

Voilà j’ai craché mon venin ! Tout ça pour dire que le conseil de ce matin n’est pas le pire. Il a débattu d’une proposition (écrite !) préparée par la commission de la rénovation présidée par Montebourg sur la rénovation avec 5 grands thèmes : les primaires, le non cumul de mandats, comment accélérer le renouvellement, la diversité, la parité, améliorer la démocratie interne, mise en place d’une instance éthique. D’entrée, il les présente avec une éloquence certaine et bien française.
Je ne commenterai pas chaque point mais je salue le courage de Bernard Poignant qui a expliqué avec talent pourquoi il était contre les primaires qui verraient, selon lui, s’installer une présidentialisation accrue à gauche et signifieraient la fin de l’engagement militant et du PS. Il souligne également que la réforme des statuts reste un peu nombriliste et ne résout pas la question du projet et des propositions politiques du PS. Ces arguments sont forts mais n’emportent pas mon adhésion : devant une UMP qui a fait l’unité de toutes les forces éparses de la droite, nous devons mettre en route un processus similaire à gauche : les primaires peuvent être l’élément déclenchant de cette nouvelle dynamique. Prenons en le risque !

J’ai voté de nombreux textes prônant, promettant la fin du cumul des mandats : espérons que celle-ci sera la bonne. Pendant qu’on y est, on devrait l’appliquer aux élections régionales et limiter le cumul dans le temps (3 voire 2 mandats successifs). Enfin le thème de la démocratie interne peut se révéler un des plus importants s’il parvient à découpler le débat d’idées et la désignation des chefs en mettant fin à cette mécanique odieuse de la proportionnelle.

Pour toutes ces bonnes raisons, je soutiendrai ces propositions car le moment est plus que venu de passer à l’offensive même si les règles de vie internes ne remplacent pas le projet de société.

Tout compte fait, je crois que j’irai au prochain Conseil national.