L’actualité politique française me suggère deux réflexions.

L’affaire Frédéric Mitterrand prend de l’ampleur. Il a certes été imprudent dans son livre et dans sa défense passionnée de Roman Polanski. Mais quand il a publié en 2005 « La mauvaise vie » (notez le titre qui n’est pas anodin), il ne pensait certainement pas devenir ministre et en tant qu’auteur, son droit à l’expression est entier d’autant qu’il s’agit d’adultes consentants, même si cela ne justifie pas le « tourisme sexuel » fondé sur l’exploitation de la misère, tout comme la prostitution.
Les faits reprochés à Roman Polanski sont plus graves (une mineure, droguée et des actes contre-nature) et ne méritent pas l’indulgence plénière accordée par Monseigneur Mitterrand. Je n’aime pas beaucoup la curée ni la chasse à courre même pratiquée dans ma belle forêt d’Amboise. C’est l’apanage de l’extrême droite de lancer l’hallali contre la démocratie, les partis politiques et si le résultat c’est le suicide de Roger Salengro, tant mieux. C’est pourquoi Marine Le Pen était, elle, bien dans son rôle. Cela me gène, par contre, que plusieurs dirigeants socialistes lui aient emboîté le pas, car ce n’est pas dans notre culture. La surprise est d’autant plus forte que ces petits « pères la pudeur », ce sont les jeunes, les quadras, la relève : Benoît Hamon, Manuel Valls, Arnaud Montebourg.
Certains ont du talent (pas tous) et je suis certes de plus en plus persuadé qu’il faut une relève générationnelle mais peut être est-ce, précisément, une façon pour eux de marquer la différence avec des vieux soixante-huitards attardés et séniles.

Transition fluide sur mon deuxième sujet : le refus de Ségolène Royal de participer à la direction du PS. Elle met en avant une bonne raison : si le renouveau, c’est d’avoir Laurent Fabius et Bertrand. Delanoë au Bureau National, c’est raté. Les militants et les Français attendent autre chose, et en particulier, que le PS arrête de se regarder le nombril. Et Ségolène Royal poursuit son avantage en proposant le nom d’un jeune militant issu de la diversité.
Score : 2 à 0.
Mais en même temps ce coup médiatique montre l’ignorance et l’incompréhension de Madame Royal à l’égard du PS. Il ne s’agit de trouver un nouveau membre du BN, aussi talentueux soit-il, pour y représenter la sensibilité qu’a elle a incarné.
Il s’agit d’une symbolique pour marquer l’unité retrouvée du PS que d’avoir tous ces vieux chefs de légion, y compris Ségolène, fourbus, couturés mais ayant combattu et emporté les grandes élections. C’est une base nécessaire pour partir à la reconquête de l’avenir. Que la candidate de la gauche qui a réuni 47% des Français sur son nom refuse d’en faire partie me blesse le cœur.