Ubu a eu l’occasion de se réincarner de nombreuses fois depuis sa création par Alfred Jarry que ce soit en Ceausescu, en Jean Bedel Bokassa ou plus récemment en Georges Frêche, roi de Septimanie.

Frêche LenineNotre docteur en pataphysique joue son personnage truculent à merveille et ses électeurs (« les cons » comme il les appelle aimablement) en redemandent. C’est un vieux tropisme gaulois : la gouaille, le bon vin, le refus de l’autorité, la recherche effrénée et efficace de publicité font un populisme fleurant bon le terroir.

L’inauguration hier des statues « place des grands-hommes » en est la dernière illustration : Jaurès, de Gaulle, Roosevelt, Churchill, Lénine. Ça marche puisque voilà notre roi de Septimanie invité sur toutes les grandes chaînes de télévision où, n’en doutons pas, il distribuera les galéjades, les injures et les brocarts avec talent puisque le paradoxe d’Ubu-Frêche, c’est que c’est un fin lettré comme l’était Franz-Josef Strauß, le taureau de Bavière.

Alors pourquoi en parler ? Il y a tellement d’autres sujets importants : les Roms, les retraites, la justice, …..
Non pas pour les 8 millions euros dépensés : ils ont été votés par le conseil d’agglomération et « pour faire œuvre d’historien », comme il dit, c’est pas très cher.
Non pour le choix des hommes illustres qui sont honorés un peu partout sauf Lénine depuis que la réalité de la dictature prolétarienne est bien connue.

La suite des « grands hommes » appelés par citizen Frêche au tribunal de l’histoire rend plus perplexe : Golda Meïr, Gandhi, Nasser, Mao, Mandela et un doute sur Staline. Cela brouille les choses : mettre Mandela aux côtés de Mao, Nasser et Golda ensemble, cela fait désordonné, incohérent, collage de maternelle.

Mais si cette grande gidouille révélait la vérité toute nue : le seul grand homme de la bande, bien sûr, c’est Ubu- Frêche lui-même qui s’occupe de nous enseigner son « Histoire ». Je ne savais pas que c’était dans les attributions d’un président de Région et je me méfie comme de la peste des hommes politiques qui veulent écrire l’Histoire ou qui invoquent la morale.
Mais ce que je sais c’est que je suis bien soulagé que nous ayons exclu Ubu : le vieux clown triste ne fait plus rire depuis longtemps !