J’ai été surpris que Jean-Louis Bianco déclare vouloir être candidat à la primaire et écrive même son livre-programme. Cela ne cadre pas avec son image de grand serviteur de l’État, plus technicien de la machine gouvernementale que politique même s’il a gravi tous les échelons de la vie locale : conseiller municipal, maire de Digne, conseiller général, président du Conseil général des Alpes de Haute Provence, député.

Si j’étais présidentSon livre-interview était une occasion de mieux comprendre cet ingénieur des Mines, énarque, retourné vivre à la campagne en Haute-Provence puis devenu secrétaire général de l’Élysée sous François Mitterrand, ministre des affaires sociales puis des transports. Je m’étais aussi interrogé sur son attachement à Ségolène Royal que je ne m’expliquais guère (il est vrai que je suis sans doute partial).

Que retenir du livre ? Un portait qui se dessine en filigrane d’un homme modeste, attentif aux aspects humains des situations et des combats, peu ambitieux personnellement, bon connaisseur des domaines international et social. Il a bien résisté à ces lessiveuses que sont les grandes écoles françaises, peut être parce que ses 4 grands parents étrangers lui ont donné une appréhension européenne de la société.

Assez atypique et attachant. S’y ajoute une vertu (ou un défaut), celui de la fidélité qui explique qu’il soit resté auprès de Ségolène même après que la plupart l’ait quitté. Des pages très intéressantes quoique discrètes sur François Mitterrand, sur la cohabitation avec Chirac ; également sur son action au gouvernement comme ministre des transports (le permis à points) comme ministre des affaires sociales (la régularisation des sans-papiers en 1991).

Plus mince est l’apport aux propositions du Parti socialiste et de la gauche : rien de très nouveau, même si je me retrouve dans la plupart de ses idées finalement assez « deuxième gauche ».

Alors pourquoi cette brusque envie de se mettre dans la lumière des candidats –même putatifs– à la présidentielle. On sent que ce n’est pas sa tasse de thé et d’ailleurs il ne dit jamais les choses clairement. Alors volonté de faire connaître ses idées, désir de sortir de l’ombre, de ne plus être éternellement le numéro deux, pression amicale faite sur Ségolène pour qu’elle soit elle-même candidate ?

En tous cas, je vous recommande son livre, intelligent, rapide et amusant (ça nous change !)