La grève actuelle des contrôleurs aériens français est exemplaire ... de ce qu’il ne faut pas faire ! De quoi s’agit-il ? Un accord de 2008 entre l’Allemagne, la France, le Benelux, la Suisse et d’autres prévoit qu’au lieu d’avoir un contrôle aérien purement national, c'est-à-dire s’arrêtant à la frontière, se mettrait en place un contrôle aérien pour l’ensemble de la zone.

eurocontrolL’intérêt est une sécurité bien mieux assurée, un gain de temps et la libération de nombreux créneaux d’atterrissage et de décollage. C’est aussi un gain de coût important. Les syndicats de l’avion civile, puissants, s’émeuvent du risque de perte d’emploi : ils ont raison, c’est en grande partie leur raison d’être, avec les salaires. Ils doivent donc rechercher les conditions pour que la mise en place de la nouvelle agence européenne de la régulation aérienne se fasse sans perte d’emplois. Ils doivent chercher quelle politique de l’emploi, de reclassement, de formation, suivre. Voir si les départs naturels sur 20 ans ne permettent pas d’atteindre les objectifs, si une amélioration du service peut être envisagé, ...

Ce qu’ils ne doivent pas faire, c’est s’opposer à la réforme sans proposer d’alternatives, c’est se mettre en grève sans avoir discuté (ce que les syndicats français appellent la grève préventive) ou du moins sans avoir été jusqu’au bout des discussions (les patrons ne sont pas parfaits non plus !). Car à la fin ceci se fera, et sera étendu à toute l’Europe. Il faut donc défendre les intérêts des contrôleurs français et non pas les envoyer au casse-pipe avec la certitude qu’ils perdront tout.
Ce même phénomène se retrouve dans toute une série d’institutions ou d’administrations qui devraient être européennes et qui défendent leur pré carré national comme la météorologie (croyez-vous que les nuages et le vent s’arrêtent sur le Rhin ?), la protection civile (croyez-vous que les catastrophes naturelles choisissent tel pays ?), la sécurité pandémique (croyez-vous que les virus s’arrêtent aux Pyrénées ?) et tant d’autres, ... Non, il ne faut pas avoir peur de l’Europe, il faut la construire !