16 novembre 2025

Boualem Sansal : défaite pour qui ?

La libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal ne peut que nous réjouir. D’abord parce qu’il pourra ainsi se faire soigner en France. Il était injustement accusé d’on ne sait trop quoi, son procès avait été mené en dehors des règles de la justice, et en tant que français il aurait dû, au pire, être extradé vers la France.

 On le sait le régime de militaires algériens vit, depuis 1962, sur la rente mémorielle et sur le pétrole. La rente mémorielle permet de relancer quand c’est nécessaire les attaques contre la France, ou de refuser d’appliquer les accords communs comme, par exemple, de recevoir des Algériens condamnés en France et expulsés. Ces crises à répétition suivent les méandres des rapports de force au sein de la nomenklatura algérienne. Emmanuel Macron a fait des efforts considérables pour améliorer les relations avec l’Algérie. Sans succès : à chaque proposition faite, répond une crise, une attaque, une rupture. S’y est ajoutée récemment la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara ex-espagnol. Bien que l’Algérie n’ait rien à y faire, elle considère que sa vocation de défenseur du tiers monde l’oblige à soutenir les quelques bataillons du Polisario. Or il y a bien longtemps que l’Algérie ne représente plus rien sur les plans international, tiers-mondiste et africain.  Le masque est tombé et tout le monde a compris depuis plusieurs années que l’association de malfaiteurs qui règne à Alger ne mérite aucune considération.

Une partie des dirigeants français pense, comme Bruno Retailleau, qu’il faut opposer la force à la force et se montrer intransigeant : c’est une réaction logique face au régime d’Alger. D’autres privilégient la négociation et la discussion. L’exemple présenté montre que ces derniers ont raison : il faut toujours discuter !

Les chroniqueurs se gaussent de ce que ce soit le Président allemand, M. Steinmeier, qui ait obtenu la libération de Boualem Sansal, et considèrent cela comme un camouflet pour la France et pour Macron.  La preuve en serait que Boualem a été renvoyé à Berlin plutôt qu’à Paris où pourtant il habite et où sa femme souffrante est soignée.

Je pense que c’est une interprétation erronée, même s’il faut remercier le Président Steinmeier de son action. C’est au contraire parce que l’Algérie se trouve dans une situation difficile qu’elle a discrètement sollicité l’Allemagne pour marquer un geste de bonne volonté qui permette la reprise du dialogue avec la France. Elle est dans une situation difficile. Isolée à cause de son soutien au Polisario (en fait une annexe de Moscou), en froid avec les pays africains au sud de la frontière, idem avec les Etats-Unis et le reste de l’Europe. Ce n’est pas le soutien de la Chine, très discret, ni celui de la Corée du Nord qui vont beaucoup l’aider. Il leur fallait donc sortir au plus vite de l’impasse Boualem C’est chose faite.

Que vont-ils faire maintenant ? La visite prochaine du ministre Laurent Nunez devrait éclaircir la question. En attendant la prochaine crise…

Richard Yung

Richard Yung, Sénateur des Français de l'étranger de 2004 à 2021, partage ici ses réactions à l'actualité.

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