4 décembre 2025

Cher Michel…

Belle et émouvante cérémonie cette semaine au Muséum d’Histoire Naturelle à Paris. L’occasion en était la publication d’un ouvrage d’hommages au professeur Michel Tranier. Un groupe d’amis chercheurs du Muséum a réuni, avec l’appui de la société des amis du Muséum (SECAS), un certain de textes de Michel publiés dans la Lettre de la SECAS, prononcés à l’occasion de conférences ou de visites, ou même non publiés. En quarante ans de vie professionnelle intense, ayant parcouru la plus grande partie de l’Europe et de l’Afrique, on peut imaginer la quantité considérable de ces contributions ! Il a fallu bien sûr procéder à une sélection (non darwinienne) sévère pour aboutir à ces 45 textes couvrant tant d’aspects différents de la science et de la nature : les mammifères, les singes, les marsupiaux, plusieurs biographies, les langues, la géographie, l’astronomie… Tel était Michel, tant de connaissances multiples, couvrant tant de domaines et pourtant parfaitement organisées dans sa tête et qu’il pouvait expliquer avec la plus grande clarté.

Vétérinaire, mais pas pour les mémés à chiens-chiens comme il disait, il devient assistant du professeur Dhorst au Muséum, puis professeur spécialisé dans les mammifères, puis responsable et directeur de la zoothèque c’est à dire des collections immenses de plantes, d’animaux, de minéraux que le Museum accumule depuis près de 400 ans et qui occupent cinq étages souterrains couvrant tout le Jardin des Plantes.

Michel était mon ami d’enfance. Quoique plus âgé de deux ans nous avions été élevés ensemble, avec les amis Benois, quai Charles Guinot à Amboise sur la Loire, nos maisons étant voisines. Plus tard la vie nous a séparés. Nous nous sommes retrouvés dans les années 80 lorsqu’il a acheté à sa retraite une maison à Cangey (“le mas St Thomas”) lui permettant d’être proche de sa mère, tandis que nous achetions “ Rose Lallée” quelques kilomètres en aval.

 Pendant de nombreuses années ce furent des réunions, des soirées, des sorties amicales et des repas formidables car comme chacun sait Michel était un fin cordon bleu qui rivalisait avec Aude, mon épouse. Se constitua ainsi une bande d’amis que nous allions chercher au train de Paris le vendredi soir. Ses amis et les nôtres célébraient les pampres et les rillettes de Touraine, ce qui n’empêchait pas des discussions sérieuses sur Darwin et autres philosophes. Michel était aussi un “client “ assidu de notre café philosophique chaque mois où il eut l’occasion de faire deux ou trois interventions remarquées par leur sagesse et leur humour.

 Quand je repense à ces temps presque retrouvés, c’est l’enthousiasme de mes deux petits-fils, à l’époque 8 ou 10 ans, qui me revient. Lorsqu’ils apprenaient que “Michel” serait là ils préparaient une liste infinie de questions sur tout ce qui fait l’Univers et bondissaient sur ses genoux en le monopolisant pour la soirée.

Merci Michel pour tout ce que tu nous as donné.

Richard Yung

Richard Yung, Sénateur des Français de l'étranger de 2004 à 2021, partage ici ses réactions à l'actualité.

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