La Maison Blanche vient de publier un document important : “National security strategy”. Il s’agit des orientations de la politique étrangère et de défense des Etats-Unis, tels que les envisage Donald Trump. La diplomatie et les actions y compris militaires des Etats-Unis pour les prochaines années vont être menées dans le cadre ainsi défini. Cependant l’Histoire nous a enseigné que les dictateurs ou apprentis dictateurs, führer et duce à venir, proconsuls autoproclamés, annoncent clairement ce qu’ils vont faire dans leurs discours et souvent dans leurs livres programmes – le meilleur exemple étant “mein Kampf”. Il en est ainsi de Donald Trump : vous avez là ce qu’il va faire.
Que le texte soit une chanson de geste lyrique et puérile à sa gloire, c’est la nature du personnage : toutes les idées viennent de son cerveau génial, il a remis l’Amérique debout alors que les Présidents qui l’ont précédé l’ont conduite dans l’abîme. Il a déjà réglé huit conflits dans le monde : Cambodge-Thaïlande, Kosovo-Serbie, Israël-Iran, RDC-Rwanda, Pakistan-Inde, Egypte-Ethiopie, Arménie-Azerbaïdjan, Gaza. Faisons un rapide tour des situations réelles :
– le conflit Cambodge-Thaïlande a repris immédiatement après la signature du soi-disant accord de cessez – le feu ;
– idem pour Arménie-Azerbaïdjan, avec un texte vide ;
– les affrontements Inde-Pakistan durent depuis 1947 et proviennent pour l’essentiel de l’opposition entre Hindous et Musulmans ;
– aucun accord n’existe entre Israël et l’Iran ;
– il n’y a aucune guerre entre l’Egypte et l’Ethiopie ni entre le Kosovo et la Serbie ;
– l’agression permanente du Rwanda dans l’est de la RDC n’a pas cessé malgré la signature d’un accord la semaine dernière à Washington ;
– quant à Gaza demandez aux habitants de l’enclave qui vivent sous les bombardements permanents de l’armée israélienne…
Il n’y a pas grand chose à ajouter aux mensonges et travestissements de Trump : fake news sur toute la ligne.
Selon le document, l’Amérique est déjà le pays le plus fort, le plus riche, le plus innovant du monde. Elle doit vérifier que ses “alliés”, pour mériter ce titre, la considèrent bien comme telle. Elle doit aussi se protéger des autres Nations qui voudraient prendre sa place. Les moyens : protection des frontières, actions militaires et économiques énergiques et pourtant paradoxalement libertés généralisées sur le plan économique, institutionnel, réglementaire.
En matière de politique étrangère, Trump se présente comme l’homme de la paix. Certes la doctrine Trump est la même que la doctrine Monroe et se proclame non interventionniste (pour mémoire, Trump a déjà menacé d’annexer le Canada, le Groenland, Panama, le Venezuela, le Mexique, la bande de Gaza).
Mais pour être respecté, il ne faut pas hésiter à montrer voir à utiliser sa force. C’est ce qu’il a fait à plusieurs occasions mais toujours contre des pays beaucoup plus petits et faibles que les Etats-Unis, jamais contre la Chine ni surtout contre la Russie. Il faut réaffirmer la primauté de la Nation, seul cadre de la Nation et de l’Etat et surtout combattre les organisations internationales et transnationales qui les affaiblissent en particulier par des réglementations et des normes inutiles et paralysantes.
Le plus intéressant mais aussi le plus inquiétant reste à venir. Dans le chapitre concernant l’Europe Trump revient longuement sur son affaiblissement sur le plan économique, militaire, politique, diplomatique. Une Europe qui ne compte plus guère dans le monde, empêtrée qu’elle est dans le transnationalisme de l’Union qui la vide de toute substance, en autre par sa politique d’immigration (on reconnaît là “le grand remplacement” cher à Zemmour) et qui a abandonné toute volonté morale et éthique comme le montre la chute des naissances. Elle menace même les libertés fondamentales politiques et économiques, la liberté d’expression et de parole. Ici Trump vise ce qu’il considère comme des atteintes au droit d’expression des partis d’extrême-droite en Europe, soutenus par Washington. L’Europe aurait montré son incapacité à gérer la crise ukrainienne et ses relations avec la Russie.
Ce sera donc à l’Amérique de prendre cela en charge à la fois la stabilité en Europe, et de bonnes relations avec la Russie. Elle le fera mais en dehors de l’OTAN qui se dénature de plus en plus et verra des pays non européens la rejoindre ! In fine pour atteindre cet Eldorado il est fortement recommandé d’ouvrir l’Europe aux produits, services et entreprises américains ! Rien n’est dit sur l’ouverture d’hôtels de luxe, de casinos et de golfs en Europe, à Gaza et chez nos chers amis de Moscou (à quand une Trump Tower sur la Place Rouge ?) mais cela ne saurait tarder.
Voilà, vous êtes avertis de ce qui vous attend.
Il y a une part de vérité dans tout ce bougli-bougla idéologique. Cela doit alerter l’Europe et lui faire prendre les mesures nécessaires telles que le rapport Draghi les a si bien énoncées. La balle est dans notre camp !