L’Assemblée nationale vient de réparer une injustice de 130 ans à l’encontre du capitaine Dreyfus. Accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne, il fut en 1894 injustement dégradé et condamné au bagne, à Cayenne, par des agissements frauduleux et des faux préparés par quelques-uns des hauts militaires de l’époque.
Il fallut plusieurs années pour cette ignominie fut reconnue, tant l’antisémitisme était fort en France à la fin du XIXème siècle. Ce n’est qu’après plusieurs procès en révision et le célèbre “J’accuse” d’Emile Zola que Dreyfus fut réintégré en 1906 par la Cour de cassation. Sa carrière militaire ne fut que partiellement reconstituée; en particulier les années de procès et de bagne ne furent pas prises en compte. Une injustice de plus que lui infligea la hiérarchie militaire, pour un homme qui avait toujours montré le plus grand patriotisme.
En le nommant général, à l’unanimité, l’Assemblée ne fait que réparer une injustice flagrante mais qui dure depuis de longues années. Il reste au Sénat à suivre ce vote qui honore la République.
On peut ajouter à ce dossier le transfert de la statue du sculpteur Tim représentant le capitaine Dreyfus tenant son sabre brisé. Elle fut installée dans une rue inconnue du 6ème arrondissement sous la pression des militaires qui ne voulaient pas que le public puisse la voir. Il serait juste qu’elle soit dans la cour de l’École militaire, là où précisément il fut dégradé, ou devant le bâtiment. Un autre débat plus difficile est celui du transfert de ses cendres au Panthéon. Il est peu probable qu’une telle décision soit prise car le Panthéon est réservé à celles et à ceux qui sont morts pour la France et que le général Dreyfus a été plus victime que héros combattant. De plus, le véritable vainqueur de cette triste affaire, Emile Zola, a été panthéonisé en juin 1908