La réponse est sans conteste oui depuis quelques jours. Tout est parti de l’incurie permanente de la JIRAMA, la société chargée de fournir l’eau et l’électricité au pays (l’équivalent d’EDF et de Suez). Cela fait des années que cela dure : coupures d’électricité de plus en plus longues (de 4 à 8 heures par jour), idem pour l’eau. On voit des files interminables devant les fontaines ou les points de distribution des camions-citernes.
La situation a encore empiré ces derniers temps, crispant les Malgaches pourtant pacifiques et dociles. C’est le syndrome de la cocotte-minute : avec la répression, les promesses d’un gouvernement incompétent et corrompu ont maintenu le couvercle par la force – jusqu’à aujourd’hui où il saute.
Pourquoi en arrive-t-on là ? Rien n’a été fait : aucun investissement, quelques mini centrales au fuel qui profitent à de gros investisseurs, aucun mini barrages (une vingtaine était prévus), pas d’éolien, pas de solaire…. Et maintenant que l’Ile souffre d’un gros déficit de pluies, plus d’eau !
Les citoyens appelés par l’organisation étudiante Gen Z descendent maintenant dans la rue en criant “ nous sommes pauvres, nous sommes malheureux”, puis des slogans plus politiques demandant le départ du gouvernement voire du Président qui faisait le joli coeur à New York. La réponse, habituelle de ces régimes autoritaires, c’est l’envoi de la force répressive sous toutes ses formes : police, gendarmes, forces armées contre des manifestants aux mains nues. On parle de 22 morts, malheureusement la réalité doit être bien plus. Pour corser le tout on a assisté à des pillages de maisons de particuliers dont on peut soupçonner qu’ils sont organisés pour créer un climat de terreur. Le Président a démissionné son gouvernement mais il est peu probable que cela soit suffisant. En tout cas le 3ème mandat après lequel il courrait parait à juste titre bien compromis.
Il faudrait un changement de régime et la mise place d’une équipe efficace et honnête qui prenne les affaires en main. Est-ce possible ? Peut-être que l’armée, comme dans le passé, pourrait faire la transition. Nul ne le sait mais en attendant Madagascar brûle !