Pendant des décennies beaucoup d’entre nous ont soutenu Lula, le chef des syndicats brésiliens puis du Parti des Travailleurs. Ayant vaincu à sa troisième tentative la droite la plus réactionnaire, il est élu Président de la République du Brésil en 2003. Il sera au pouvoir jusqu’en 2011 et mettra en œuvre des plans sociaux importants, une politique de reboisement contre les géants de l’agrobusiness, une politique culturelle portée par le célèbre chanteur Gilberto Gil, toutes raisons de se sentir proche de lui. Il sera mis en prison en 2018 mais battra en 2022 le président sortant d’extrême droite, Jair Bolsonaro. Preuve du bon droit de Lula Bolsonaro est aujourd’hui soutenu par l’idiot de la Maison Blanche Donald Trump.
Mais depuis son troisième mandat, les positions internationales de Lula posent problème. Il s’est rapproché de Poutine, condamne volontiers Zelensky, critique l’Union Européenne, pour des raisons qui sont surtout de politique intérieure. Bref n’est plus un allié fiable.
Il rejoint ainsi de nombreux responsables que nous avions pris en estime. Aung San Suu Kyi en Birmanie qui a tant lutté contre les différentes dictatures militaires mais qui au pouvoir a mené une politique de répression contre les Rohingyas, minorité musulmane. Elle rejoint ainsi Modi le premier ministre de l’Inde dans son délire pro hindouiste ; et le président de la Tunisie, élu comme démocrate modéré et qui se révèle au fur et à mesure du temps un apprenti dictateur sans foi ni loi. Et je ne parle pas des yeux enamourés que certains d’entre nous ont eu pour Mao Tsé Toung ou Castro. Bien sûr il est facile de critiquer tel ou tel après coup : cela arrive souvent, y compris dans la vie politique française (voir Macron que nous avions tant soutenu).
Ces positions de ce que l’on appelle maintenant le Sud profond montrent que les relations internationales se sont réorganisées depuis une dizaine d’années avec plusieurs pôles : les Etats-Unis et les pays d’Europe, la Russie et la Chine, les pays d’Afrique et d’Amérique latine. Chacun privilégie sa propre stratégie et surtout ses propres intérêts.
Efforçons-nous de comprendre cette nouvelle carte du monde. Mais cela n’est pas une raison pour se taire.