Les Echos, Renaud Honoré, le 11/03 à 18:18, mis à jour le 12/03 à 11:30
Le déficit public devrait être finalement proche de 2,7% du PIB en 2017, après la décision positive d'Eurostat sur le traitement de la taxe à 3%. Cela facilite également les objectifs pour 2018.
Cela fait neuf ans que la France est sous le coup d'une procédure de déficit excessif lancée par Bruxelles, et dix ans qu'elle n'a pas vu ce déficit sous la barre des 3 % du PIB. C'est dire le changement d'époque que s'apprêtent à vivre les finances publiques hexagonales. Désormais le gouvernement a en effet la certitude absolue de faire revenir son déficit pour 2017 sous ce seuil. « Nous tablons désormais sur un ordre de grandeur proche de 2,7%, voire 2,8% au maximum », convient-on à Bercy, alors que l'objectif officiel reste à 2,9%. « La conséquence de tout cela est que nous sommes bien sur la voie de la sortie de la procédure de déficit excessif comme nous l'attendions », poursuit cette source gouvernementale.
Les derniers nuages qui assombrissaient l'horizon budgétaire français se sont dissous vendredi, avec le feu vert d'Eurostat à la solution concoctée par l'exécutif pour le remboursement de la taxe à 3% sur les dividendes : le partage à égalité entre 2017 et 2018 de la facture de 10 milliards d'euros laissée par ce pataquès fiscal a été jugé valide par l'instance européenne de statistiques. L'exécutif n'aura donc pas à comptabliser 5 milliards en plus sur 2017, ce qui aurait fait déraper son déficit.
En janvier, il avait déjà été annoncé un déficit pour l'Etat seul inférieur de 6 milliards aux attentes . Une différence qui permet automatiquement de ramener le déficit public de 2,9% à 2,7%. Reste à connaître les soldes des comptes sociaux et ceux des collectivités locales. Pour les comptes de la Sécurité sociale qui seront dévoilés jeudi, les recettes se sont accélérées pendant le dernier trimestre et l'objectif de dépenses d'assurance maladie (Ondam) a été tenu, relève-t-on de source gouvernementale, signe que les choses se présentent bien. Concernant les collectivités, une hausse des dépenses d'investissement et de fonctionnement a été constatée, mais ce mouvement haussier vaut aussi pour les rentrées fiscales.
« En tout état de cause, même en cas de léger dérapage, cela ne devrait pas faire dévier le déficit de plus de 0,1 point », soit 2,8% au maximum, explique-t-on à Bercy. Une éventuelle décision européenne alourdissant la facture laissée par la recapitalisation d'Areva ne devrait pas non plus faire dévier beaucoup la trajectoire, estime cette source. Le chiffre officiel du déficit doit être dévoilé le 26 mars par l'Insee.
Cette bonne fortune pour 2017 aura également des conséquences positives pour l'année en cours. « Il y a un effet base mécanique. L'amélioration pour 2017 solidifie notre objectif pour 2018 » qui est un déficit à 2,8%, reconnaît-on à Bercy. D'autant que le gouvernement s'était appuyé pour construire son projet de budget sur une prévision de croissance de 1,7%, qu'il va revoir à la hausse dans les prochaines semaines compte tenu de l'amélioration de la conjoncture.
Paradoxalement, le risque politique pour le gouvernement serait presque d'avoir de trop bons chiffres. Jeudi dernier, Joël Giraud, le rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale a réclamé dans « Les Echos »qu'on redistribue une partie de la cagnotte fiscale générée par l'activité économique. Une perspective rejetée dès vendredi par le gouvernement. « Ne refaisons pas les erreurs du passé où dès que les choses allaient mieux immédiatement on se mettait à redistribuer l'argent public, c'est-à-dire l'argent des contribuables », a répondu Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie et des Finances.