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Je vous souhaite la bienvenue sur ce site archive de mon mandat de sénateur des Français hors de France.

Mandat que j'ai eu l'honneur de faire vivre de 2004 à 2021.
Ce site est une image à la fin de mon mandat.
Vous y trouverez plus de 2 000 articles à propos des Français de l'étranger. C'est un véritable témoignage de leur situation vis-à-vis de l'éducation, de la citoyenneté, de la protection sociale, de la fiscalité, etc. pendant ces 17 années.

Je me suis retiré de la vie politique à la fin de mon mandant en septembre 2021, je partage désormais mes réactions, points de vue, réflexion sur https://www.richardyung.fr

Merci de votre visite.

Richard Yung
Octobre 2021

Réforme, 6 mars 2019, Jean-Paul Morley

L’auteur réagit à l’éditorial de Samuel Amédro dans le no 3791 et refuse une loi qui assimilerait dans une même condamnation les deux notions.

C’est une question difficile qu’abordait, avec nuances, le bel édito de Samuel Amédro du 28 février. Il le dit : l’antisionisme est trop souvent le lâche faux-nez de l’antisémitisme, autant chez les islamistes que chez les antisémites bien français. Mais attention : une condamnation par la loi de l’antisionisme pourrait facilement devenir un autre faux-nez – celui de la politique impitoyable d’Israël sous son gouvernement actuel. Le danger, c’est l’amalgame, puisque le mot antisionisme couvre deux réalités : l’opposition à l’actuelle colonisation de la Palestine, et le rejet de l’existence même d’Israël. Ce rejet est évidemment pur antisémitisme. Mais si on introduit dans la loi l’assimilation antisionisme = antisémitisme, toute opposition à l’expansionnisme israélien pourra être rejetée comme racisme. Effrayant. Terrible cadeau fait au Likoud et aux religieux, qui pourront poser l’interdit moral sur toute critique de leur politique.

Pour le droit de...

Alors, pour protéger les juifs eux-mêmes de ce piège-là, empêcher de dénoncer la politique d’un Netanyahou sous prétexte de racisme antijuif, je voudrais plaider pour un droit. Celui d’ad mirer le judaïsme, d’aimer Israël et en même temps d’afficher sa consternation devant la politique actuelle de ses dirigeants. L’empêcher serait faire injure au judaïsme tel que nous l’avons entendu, découvert et aimé. Quand depuis près de cinquante ans, on aime et on respecte ce peuple hors du commun, son histoire tragique et le trésor spirituel qu’il nous a transmis ; qu’on grandit à fréquenter la richesse intellectuelle et humaine qu’il représente toujours, qu’on rit à son humour et se réchauffe à son amitié, qu’on partage souvent son inquiétude pour sa sécurité ou son avenir ; quand depuis près de cinquante ans non seulement on l’aime mais on le prouve, en luttant contre l’antisémitisme à travers conférences, prédications, expositions, démarches publiques, interventions auprès de jeunes, mémoire vive de Dreyfus et de la Shoah, manifestations interreligieuses, étude de la Bible, rencontres, articles, contacts, amitiés, vigilance quotidienne envers tout discours ou dérapage autour de soi, lutte contre les mouvements politiques nauséabonds qui relancent antisémitisme ou révisionnisme... il serait insupportable de s’entendre traiter d’antisémite parce que antisioniste.

Nous ne serons jamais antisémites.

« La politique d’Israël est l’une des plus agressives et cyniques »

La majorité des chrétiens, en particulier des protestants, ont peu de leçons à recevoir en la matière. Et ils peuvent aussi prendre la parole, et si besoin dénoncer l’actuelle politique d’Israël pour ce qu’elle est : insensée, irresponsable, porteuse de morts – y compris, on ne peut que trop le craindre, de morts juives à venir en Israël, comme il y en a déjà trop eu.

Et dénoncer l’amalgame, qui en ces temps de crise prend des allures de chantage moral, entre peuple juif et politique d’Israël. Et même entendre, douloureusement, certains intellectuels et croyants juifs qui craignent qu’Israël soit en train de faire commettre à leur peuple une des fautes spirituelles les plus graves de son histoire.

Comment pourrait-on aimer Israël et ne pas exercer son esprit critique pour faire la différence entre la politique d’un Netanyahou et celle des regrettés Pérès ou Rabin ? Comment pourrait-on dénoncer le terrorisme des uns sans dénoncer le terrorisme d’État des autres ? Comment pourrait-on dénoncer l’antisémitisme écœurant enseigné dans les écoles palestiniennes, sans dénoncer de l’autre côté la confusion immédiate entre Palestinien et islamiste ou terroriste ? Comment pourrait-on s’inquiéter pour Israël, sans voir que la situation en Israël-Palestine n’est pas équilibrée, et que la politique actuelle d’Israël est l’une des politiques d’État les plus agressives et cyniques d’aujourd’hui, mais aussi l’une des plus hasardeuses pour son avenir ?

Amis des juifs, n’acceptez pas ce chantage moral. Frères et sœurs juifs et juives, après la Shoah nous ne vous devons pas que le respect, aussi de vous parler vrai. Acceptez qu’on vous aime en vous respectant et en pensant que vous nous respectez, c’est-à-dire en acceptant qu’on vous parle comme à des proches : avec sincérité, pour le bien d’Israël.

Gardez votre lucidité et votre esprit critique, qui sont la gloire de votre héritage intellectuel. Et permettez à vos amis, dont certains savent qu’ils sont vos enfants spirituels, de dire leurs craintes pour vous-mêmes. Les uns, les autres, ne vous trahissez pas, ne nous trahissez pas. Et permettez-nous d’espérer, comme Samuel Amédro, qu’Israël puisse bientôt reconnaître parmi les Palestiniens de nouvelles Ruth et Rahab...