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Octobre 2021

Un Australien vient de passer quarante-cinq jours en détention pour avoir tenté d’apercevoir sa fille et son fils. Le pays ne reconnaît ni le droit de visite ni le partage de l’autorité parentale.

Par Philippe Mesmer Publié le 17 janvier 2020 à 05h06 - Mis à jour le 17 janvier 2020 à 08h34

La condamnation à Tokyo de l’Australien Scott McIntyre à six mois de prison avec sursis ravive la douloureuse question de « l’enlèvement » d’enfants en cas de séparation des parents au Japon. Le journaliste de 45 ans a été sanctionné pour être entré dans la résidence où habitent ses beaux-parents nippons, avec l’espoir d’apercevoir ses enfants. « Je ne les ai pas vus depuis près de deux cent cinquante jours », a-t-il expliqué jeudi 16 janvier lors d’une intervention au Club des correspondants de la presse étrangère (FCCJ) à Tokyo.

Interpellé le 28 novembre 2019 à son domicile, M. McIntyre a passé quarante-cinq jours en détention, notamment à la prison de Kosuge, célèbre pour avoir abrité pendant près de cent trente jours l’ancien patron de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Carlos Ghosn.

Au cours de son procès, il a expliqué avoir simplement voulu s’assurer que son fils et sa fille, âgés de 8 et 11 ans, étaient en bonne santé après le passage, à la mi-octobre, du typhon Hagibis. Il a ajouté que sa femme – qui a engagé une procédure de divorce mais ne s’est jamais présentée aux entretiens de conciliation organisés par le tribunal des affaires familiales – était partie avec leurs enfants en mai 2019 et avait rompu tout contact avec lui. Ses démarches, auprès de la police notamment, n’ont rien donné. « Je ne sais pas où sont mes enfants. Je ne sais même pas s’ils sont vivants ou morts. »

Au cours de l’enquête, le parquet a fait valoir que, selon son épouse, M. McIntyre s’était montré violent avec leur fille, ce qu’il a nié. Les éléments présentés dans ce sens par l’accusation ont été rejetés par le tribunal.

Drame de nombreux parents, étrangers comme japonais

L’affaire rappelle le drame de nombreux parents, étrangers comme japonais qui, du jour au lendemain, se retrouvent privés de leurs enfants dans un pays qui ne reconnaît ni le droit de visite ni le partage de l’autorité parentale et ne considère pas l’enlèvement d’enfant par l’un des parents comme un crime. En cas de remariage, le nom du parent biologique est même effacé de l’état civil du foyer.

« En Occident, l’intérêt supérieur de l’enfant est de voir les deux parents. Au Japon, il est de vivre dans une maison de manière stable », note Thierry Consigny, conseiller consulaire français à Tokyo. Le système nippon s’appuie sur des principes hérités de l’ère Meiji (1868-1912). Une nouvelle forme légale de la famille avait alors renforcé son aspect patriarcal. Fondée sur la « continuité et le maintien de la famille », elle prévoit qu’en cas de séparation l’un des parents sorte de la famille, de la « maison » – uchi, en japonais – et crée, de fait, une deuxième uchi, sans rapport avec l’ancienne. Le droit de garde des enfants est attribué à l’un des parents, le plus souvent à celui qui les emmène le premier, sans garantir à l’autre la possibilité de les voir.

Si le parent lésé cherche, comme M. McIntyre, à voir ses enfants, à l’école ou là où ils habitent, il risque des poursuites. « La police invoque la législation contre le harcèlement ou le risque de kidnapping », explique M. Consigny. Entre 100 000 et 200 000 parents japonais se verraient chaque année privés de leurs enfants, tout comme des centaines d’étrangers. « Il y a une trentaine de cas actifs pour la France, mais ce n’est que la pointe de l’iceberg. Il y aurait en réalité 200 à 300 cas », précise M. Consigny. Cette question suscite depuis des années une mobilisation internationale pour convaincre le Japon de changer.

En visite dans l’Archipel en 2019, le président français, Emmanuel Macron, avait exprimé son soutien à des pères français d’enfants franco-japonais enlevés par leurs mères. Le premier ministre italien, Giuseppe Conte, a soulevé la question avec son homologue nippon, Shinzo Abe. Il existe des associations, comme Sauvons nos enfants Japon.

Malgré l’absence de couverture médiatique, ce combat est aussi mené dans l’Archipel. Le député du Parti de la renaissance (opposition), Seiichi Kushida, milite pour la reconnaissance de la garde partagée. Des actions de groupe en ce sens sont en cours.

En vain pour l’instant. La signature en 1994 par Tokyo de la convention de New York sur le droit des enfants à voir les deux parents, et, en 2014, après des années de pressions européennes et américaines notamment, de la convention de La Haye sur les enlèvements internationaux d’enfants, n’a rien changé. L’Archipel ne les applique pas, à la différence des autres signataires. La justice française a ainsi ordonné fin décembre la remise à son père japonais du jeune Louis, 4 ans, qui vivait dans l’Aude avec sa mère, Marine Verhoeven.