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Je vous souhaite la bienvenue sur ce site archive de mon mandat de sénateur des Français hors de France.

Mandat que j'ai eu l'honneur de faire vivre de 2004 à 2021.
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Je me suis retiré de la vie politique à la fin de mon mandant en septembre 2021, je partage désormais mes réactions, points de vue, réflexion sur https://www.richardyung.fr

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Richard Yung
Octobre 2021

Je partage les opinions de Gilles Savary exprimées dans cette interview au Figaro

“Territoires de Progrès est issu du canal loyal du PS, celui qui a soutenu jusqu’au bout, contre vents et marées, François Hollande et Manuel Valls. Nous sommes des sociaux-démocrates qui en avons marre d’avancer cachés dans un parti (le PS) qui, tantôt oscille entre protestation systématique et social-démocratie quand il est au pouvoir et qui a épuisé cet exercice de style lors de la dernière mandature. Il s’est finalement auto-sabordé du fait de la différence entre son discours d’opposition et son discours et pratique de gouvernement.

Nous sommes dans la majorité présidentielle et nous avons appelé à voter pour Emmanuel Macron dès le 1er tour pour la raison simple, c’est que Benoit Hamon – par ailleurs une personnalité respectable et que j’aime beaucoup à titre personnel – nous a dit “je n’assumerai pas le mandat de François Hollande”. Et nous, comme nous l’avions assumé, nous n’avions pas d’autre choix que celui d’Emmanuel Macron.

 

Emmanuel Macron est un héritier accidentel de François Hollande, mais ce n’est pas quelqu’un qui a trahi Hollande. J’ai vécu les dernières heures de François Hollande. Le bouquin de Davet et Lhomme, c’est pas Emmanuel Macron qui l’a rendu public. François – qui est très respectable – s’est révélé politiquement très carentiel pendant sa mandature alors que c’était un véritable virtuose politique à l’intérieur du PS.

Anne Hidalgo peut bouleverser si elle fait l’unité à gauche, c’est ainsi qu’elle a gagné Paris. Mais pour nous, elle risque de le faire au prix de fréquentations… infréquentables. Par exemple, les Verts fanatiques. Nous, à Territoires de Progrès, nous pensons que l’écologie est un grand combat du XXIe siècle, un mouvement politique structurant face aux identitaires. Mais la France n’est pas obligée d’avoir des écolos fanatiques. Comme M. Bayou qui nous dit le soir du plan de relance “je déplore qu’on soutienne encore l’aéronautique et l’automobile”, c’est-à-dire, “je déplore qu’il n’y est pas des millions de chômeurs pour satisfaire mon idéologie et la décroissance”. Notre écologie (à TdP) doit être réformiste. La France n’a aucune raison de s’auto-flageller, toute seule sur la planète, alors qu’elle représente 1% des effets de serre (…) Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas être exemplaire, mais moi je suis plutôt favorable – et j’ai siégé longuement avec eux – à des écologistes à la scandinave, à l’allemande qui sont capables aujourd’hui d’être réformistes et pondérés.

Face à un duel Hidalgo-Macron, nous soutiendrons Emmanuel Macron. Et même si je suis un ancien socialiste battu par Macron (élections législatives en Gironde) ! Donc je suis totalement libre. Je n’ai pas envie qu’on refasse des majorités de circonstances, purement tactiques, sans aucune réflexion de fond sur l’avenir du pays. C’est ce qui est en train de se produire à gauche (…). Mélenchon est communautariste et anti-européen, nous (TdP) sommes très européens et très multilatéralistes.

Je pense qu’on dit qu’Emmanuel Macron penche à droite parce qu’il y a une ruse tactique de la gauche d’essayer de le “corneriser” à droite. Lors des dernières élections, et sans doute aux prochaines, le mot d’ordre sera donné : “notre ennemi public N°1, c’est Macron”. Pour moi, l’ennemi public N°1, c’est les nationaux-populistes comme J-L Mélenchon, national-populiste de gauche, et communautariste de plus. Il joue avec le feu de la République. Et puis, Madame Le Pen évidemment. Et puis, ça peut être aussi un accident qu’on ne voit pas arriver. Je trouve que la République est très fragile. Le consensus démocratique n’existe plus. Et donc quand on a un président qui fait le boulot, au plan national qu’au plan international, il faut réfléchir à deux fois avant de vouloir le battre à tout prix, sans esquisser le moindre projet !

Sur l’écologie, le gouvernement s’inscrit dans le long-terme (hydrogène, conditionnalités plan de relance, aides aéronautiques, plan vélo, loi LOM…). Après, on pourrait toujours aller plus loin, mais on tombe très vite après sur des gadgets totémiques.

Sur le champ régalien, ce qui est fait est insuffisant car je pense qu’on ne coupera pas une réforme profonde de la République. Aujourd’hui, on a créé un monstre avec le quinquennat et l’inversion du calendrier, ce qui fait qu’à peine les élections finies, on focalise sur une seule personne qui a tout le pouvoir, on a donc une crise de confiance dans les parlementaires qui ne touche pas tous les autres élus. Il faut changer les institutions, pas forcément de façon complète. Je pense qu’il faut rester dans un régime présidentiel, mais pas un régime hyper-présidentiel sans aucun frein, avec un Parlement godillot (j’ai été 10 ans au Parlement européen et 5 ans en France). Je me suis aperçu qu’on épuise les députés à ventiler, mais dès qu’il y a le moindre amendement qui ne convient pas à l’exécutif  – et ça ne date pas de Macron – l’exécutif peut toujours y revenir. Il n’y a finalement que le 49-3 qui peut créer une crise constitutionnelle. Je pense qu’il faut rééquilibrer et que le peuple sente que les parlementaires servent à quelque chose. Et il faut trouver et intégrer des mécanismes de participation parce que c’est la dimension nouvelle de la participation citoyenne. Ça peut être de la convention citoyenne, ça peut être aussi des votations opposables pour tout ce qui touche le cadre de vie, sur les collectivités locales et leurs compétences ; ça peut être aussi l’instauration d’un referendum national à options qui n’est pas un plébiscite puisqu’il y a plusieurs questions. On répond oui ou non mais du coup on ne remet pas en jeu, en arrière-pensée, le président de la République.

Oui, Territoires de Progrès est l’aile gauche. (Certains de nos militants) sont des soldats perdus de la gauche, des gens qui étaient tous très proches du PS, qui sont partis du PS, et qu’on essaie aujourd’hui de récupérer. Nous nous donnons pour mission de récupérer, enfin dans un parti, des sociaux-démocrates qui s’assument. Et qui ne sont pas protestataires, voire radicalisés dans l’opposition en promettant de terrasser le monde entier, la Chine, les financiers et autres… Mais qui se présentent comme une gauche de gouvernement.
Deuxièmement, nous ne sommes pas LaREM car nous ne pratiquons pas le culte de la personnalité. Nous soutiendrons probablement Emmanuel Macron s’il est candidat, et si d’ici là il fait n’importe quoi, on se réserve le droit de ne pas le soutenir. Mais notre projet dépasse Emmanuel Macron, c’est de faire en sorte que cette gauche-là s’organise et s’inscrive dans la durée.

Je pense que le président Macron n’est pas un président de droite. C’est un président de dépassement. J’ai passé une période formidable au PS, je ne renie rien, mais nos dirigeants d’alors ‘couchaient’ assez facilement avec la droite dans les caves parisiennes, tout en exaltant les militants d’un gauchisme immodéré. C’est donc pour nous (TdP) une clarification.

Dans TdP, il y a énormément d’élus ou d’anciens jeunes cadres du PS et beaucoup de jeunes. On est déployés sur les territoires et on ne date que du 1er février. Nous n’avons pas une sociologie d’anciens combattants. Et je compte ne pas m’éterniser à la tête du mouvement et faire en sorte qu’on trouve des jeunes qui puissent le reprendre.

TdP contribue au contraire à faire ré-exister une gauche qui s’était dissoute. Des PS étaient passés chez LaREM, parmi ceux-ci certains sont mécontents, ne s’y retrouvent pas. D’autres nous disent, “mais il n’y a que Bayrou et Agir qui pèsent sur le président de la République, où est passée l’aile gauche ?”. L’aile gauche, c’est celle qui a constitué le socle de Macron au 1er tour. Il l’a perdue en partie à cause du fait qu’il s’est beaucoup appuyé sur la droite et qu’il y a un certain succès de la stratégie de ‘cornerisation’ du PS. C’est assez grave. Macron est devenu l’adversaire numéro 1 de la gauche pleine de rancœur, de rancunes, et ce ne sont pas des valeurs d’avenir. On ne parle pratiquement plus de Marine Le Pen ! La bête noire, c’est Macron. Alors qu’on est assailli de toutes parts, communautarisme, corporatisme, individualisme… Donc nous, on ne veut pas se tromper d’adversaire !

Macron a raison de parler de dépassement parce qu’il y a aujourd’hui un porte-à-faux entre la géographie politique et la géographie des passions. La République est en difficulté. Ça ne dit plus rien aux jeunes. Notre système politique qui nous a assuré la paix, une certaine prospérité, pas mal de sécurité, est en train de s’effondrer. Et pour quoi ? Pour l’aventure populiste. La France n’est pas le pays le plus démocratique depuis le début de son histoire (…) donc il faut faire très attention. L’ambiance nationale-populiste, les réseaux sociaux sont en train de travailler les esprits et de les amener vers des régimes que je ne souhaite pas. On est entrés dans une période de néo-paganisme, chacun a ses croyances et la raison n’existe plus. Il suffit que vous ayiez la tête qui dépasse, que vous ayez BAC+4, c’est terminé, on ne vous écoute plus. Donc tout cela est extrêmement dangereux. C’est cela le clivage. Et je suis persuadé qu’à gauche il y a des gens qui partagent cela mais qui seront piégés par des tactiques politiques. L’idée du dépassement avec des gens de droite de bonne volonté, qui partagent l’essentiel de la République, il faut faire en sorte de retrouver de l’autorité publique et que les gens ré-adhèrent – vaste sujet !- eh bien, je suis prêt à partager un gouvernement avec eux.

Macron a des tas de qualités. C’est un bon gouvernant, même s’il a des problèmes de relation avec les Français. C’est pas lui qui l’a produite, il en a été l’instrument, mais il a fait exploser le paysage politique et ce dernier ne se recompose pas. A gauche, il n’y a pas beaucoup de leader pour s’affirmer.

On va vers des formes de partis spongiformes. C’est-à-dire un groupe de gens très engagés, qui s’il réussit, gonfle à la veille d’élections, et se rétrécit après. LaREM en est l’exemple. Plus personne n’achètera une carte dans un parti à l’ancienne pour la vie.

Je suis toujours cotisant au PS et c’est un miracle ! La plupart des gens comme moi le PS les a virés mais pas moi ! Et j’ai cotisé en Gironde car TdP accepte la bi-appartenance sur les idées. Nous voulons fonctionner sur des idées et pas sur des tactiques. Donc on a des gens qui sont à LaREM, notamment dans les groupes parlementaires, car nous ne voulons pas de fractionnistes parmi nous. On est pas là pour faire une crise politique. Il y a aussi des gens qui sont au PS, j’en fais partie et je ne suis pas le seul.

Extraits de l’interview de Gilles Savary dans l’émission “Le Talk” du Figaro par Yves Thréard. Seul le prononcé fait foi.