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Je vous souhaite la bienvenue sur ce site archive de mon mandat de sénateur des Français hors de France.

Mandat que j'ai eu l'honneur de faire vivre de 2004 à 2021.
Ce site est une image à la fin de mon mandat.
Vous y trouverez plus de 2 000 articles à propos des Français de l'étranger. C'est un véritable témoignage de leur situation vis-à-vis de l'éducation, de la citoyenneté, de la protection sociale, de la fiscalité, etc. pendant ces 17 années.

Je me suis retiré de la vie politique à la fin de mon mandant en septembre 2021, je partage désormais mes réactions, points de vue, réflexion sur https://www.richardyung.fr

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Richard Yung
Octobre 2021

Alors qu’on le pensait relégué au second plan de l’actualité par la crise liée au COVID-19, le conflit commercial sino-américain a été réactivé par un Donald Trump toujours obnubilé par le déficit commercial américain avec la Chine.

Moins de quatre mois après la signature d’un « formidable » accord commercial préliminaire, dit de « phase 1 », Washington menace Pékin de nouveaux droits de douane au motif que le nouveau coronavirus trouverait son origine dans un laboratoire de Wuhan. Confrontée depuis de nombreux mois à un ralentissement structurel de son économie - amplifié par la chute actuelle de la demande mondiale -, la Chine est sommée de respecter son engagement d’acheter pour 200 milliards de dollars de produits américains supplémentaires au cours des deux prochaines années.

En déterrant la hache de guerre à la faveur de la pandémie, le locataire de la Maison Blanche - en baisse dans les sondages - envoie aussi un message à son électorat, six mois avant l’élection présidentielle. Cherchant à faire oublier sa gestion erratique de la crise sanitaire, il est prêt à déclencher son arme économique favorite en vue de faire payer la Chine pour les dommages causés par le COVID-19 et obtenir le remboursement de titres de dette émis par l’empire du Milieu au début du siècle dernier et détenus par des Américains.

Depuis 2017, Donald Trump souffle le chaud et le froid sur le commerce international. En jouant avec les nerfs de ses principaux partenaires commerciaux à coups de mesures unilatérales - parfois en violation des règles du système commercial multilatéral -, l’auteur de The Art of the Deal cherche à forcer des négociations bilatérales asymétriques. À cet égard, les nouvelles menaces de représailles lancées contre la Chine visent probablement à permettre aux États-Unis d’aborder en position de force la deuxième phase des négociations commerciales, et d’obtenir in fine la levée de plusieurs entraves à la concurrence (subventions publiques chinoises ; « vol » de droits de propriété intellectuelle américains ; etc.).

Cette politique commerciale agressive se révèle inefficace. Elle a un effet très limité sur le déficit commercial américain, qui n’a que légèrement diminué en 2019 (-1,7% par rapport à 2018). En revanche, elle est préjudiciable aux consommateurs américains, dont plus de 30 millions sont désormais au chômage. L’augmentation des droits de douane est en effet répercutée sur les prix, amputant ainsi le pouvoir d’achat des ménages. Les entreprises américaines dont la compétitivité dépend de produits importés figurent parmi les autres victimes collatérales de la politique commerciale du président Trump, qui a été qualifiée de « contre-productive » par le Fonds monétaire international.

Il y a gros à parier que l’hôte de la Maison Blanche s’en prendra très prochainement à l’Union européenne, qui est son autre bouc émissaire. En effet, la crise économique résultant de la pandémie de COVID-19 va probablement l’amener à réitérer sa menace de surtaxer les automobiles européennes si l’Union n’ouvre pas davantage son marché aux produits américains. Plusieurs produits européens importés aux États-Unis ont déjà subi les foudres de Donald Trump. L’acier, l’aluminium, les avions civils et des produits industriels et alimentaires - dont certains vins français - sont désormais soumis à des droits de douane additionnels.

Une nouvelle offensive a récemment été lancée par le Bureau du représentant américain au commerce, qui continue de remettre en cause l’excellent système européen de protection des indications géographiques. Alors qu’elles permettent de garantir la qualité de produits agroalimentaires, les IG sont considérées par les États-Unis comme une barrière non-tarifaire empêchant des produits américains d’accéder au marché unique. La taxe française sur les services numériques est aussi dans le viseur de Washington.

Face aux pressions américaines, l’UE doit continuer à faire preuve d’unité et de fermeté, tout en évitant un conflit ouvert et en respectant les règles du système commercial multilatéral. À cet égard, il faut saluer la mise en place, par l’Union et 16 pays, d’un mécanisme de résolution des différends commerciaux, qui permet de surmonter le blocage, par les États-Unis, de l’Organe d’appel de l’Organisation mondiale du commerce.

Lorsque cette dernière l’y autorisera, l’UE devra impérativement répliquer aux droits américains imposés au titre du contentieux sur les soutiens versés à Airbus. Concrètement, elle devra imposer des sanctions douanières contre les États-Unis, qui sont accusés d’avoir subventionné Boeing.

Il faut également se réjouir que l’UE soit prête à riposter si des droits de douane additionnels venaient à être imposés par les États-Unis à l’issue de leur enquête sur notre taxe sur les services numériques.

L’UE doit par ailleurs suivre de très près les négociations commerciales entre Londres et Washington, qui font courir le risque de voir le Royaume-Uni devenir un « porte-avions américain » arrimé à l’Union.

Enfin, il importe que l’UE promeuve une politique commerciale ouverte, qui devrait en outre faire partie intégrante du futur plan de relance européen, comme l’a récemment proposé le commissaire européen au commerce, Phil Hogan.