À mon arrivée à Tunis le 18 octobre j’ai rencontré, au palais du Bardo où siège l’Assemblée nationale, deux députés du partis Ettakatol : Lobna Jeribi et Jalel Bouzid, ainsi que Dora Djedidi, conseillère à l’ANC.
Le travail de cette assemblée, issue des élections du 23 octobre 2011 et chargée d’élaborer une nouvelle constitution pour la nouvelle Tunisie libre et démocratique née de la révolution de janvier, avait bien commencé, dans une atmosphère de consensus, y compris dans les domaines délicats des droits et des libertés. Mais les assassinats en juillet de cette année de Mohamed Brami et de Chokri Belaïd ont fait éclater ce consensus. Des contentieux électoraux ont surgi, des élus se sont retirés. Les membres d’Ettakatol continuent cependant de jouer le jeu du travail en commun, et veulent mener à son terme le processus de la constitution. Et ce en dépit des difficultés : l’opinion est de plus en plus critique envers le parti majoritaire Ennahdha (le parti des frères musulmans), réclame plus de sécurité, un gouvernement de personnalités non partisanes – des techniciens.
J’ai ensuite pu rencontrer, à la résidence, notre ambassadeur François Gouyette et Martine Gambard-Trébucien, consule générale, qui ont partagé leurs analyses de la situation politique actuelle, plutôt compliquée.
Le soir un dîner amical a réuni la section PS de Tunis, présidée par Martine Jedidi. Parmi les camarades présents se trouvait un député des Tunisiens à l’étranger… Sélim ben Abdesselem, député à l’ANC de la circonscription France-Nord. Il fait partie des 13 élus d’Ettakatol qui ont quitté ce parti pour rejoindre une autre formation, Nida Tounès. Pour ces militants, le jeu démocratique de l’ANC s’est révélé être une duperie, au moins une manipulation par le parti majoritaire, dont il est urgent de se démarquer. Il doit certes y avoir dialogue et union nationale, et Nida Tounès est mieux armé pour la confrontation.
Le lendemain 19 octobre je suis reçu au siège du Parti des travailleurs ou Parti populaire par son secrétaire général, Hamma Hammami. Il déplore que la révolution se soit arrêtée en chemin : Ben Ali est certes parti, mais le système est resté. Simplement, les hommes ont changé, ceux de Ben Ali étant remplacés par ceux d’Ennhadha, lesquels sont en outre politiquement et économiquement incompétents. Le pouvoir effectif est exercé par la police – l’histoire politique de la Tunisie est l’histoire du ministère de l’Intérieur -, mais maintenant une partie importante de la police est républicaine, et exige de pouvoir poursuivre les terroristes islamiques – ce qu’empêche Ennahdha. Le parti des travailleurs, d’origine marxiste-léniniste, a choisi d’abandonner la tactique classe contre classe et de s’allier avec les autres forces de gauche et tous ceux qui rejoignent Nida Tounès pour constituer un front de salut national. Il participera au « dialogue national » lance le 23 octobre, en l’appuyant par des manifestations.
Le soir s’est tenue l’Assemblée générale de la section Tunisie de Français du Monde, présidée avec gentillesse et efficacité par Lucette Jied. L’association comporte 227 adhérents, dont 80 dans la section du Cap Bon animée par Elyane Jazy, absente et remplacée par Nordine Chebbi. Notre amie Martine Djedidi a annoncé son désir de conduire la liste des conseillers consulaires.
