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Je vous souhaite la bienvenue sur ce site archive de mon mandat de sénateur des Français hors de France.

Mandat que j'ai eu l'honneur de faire vivre de 2004 à 2021.
Ce site est une image à la fin de mon mandat.
Vous y trouverez plus de 2 000 articles à propos des Français de l'étranger. C'est un véritable témoignage de leur situation vis-à-vis de l'éducation, de la citoyenneté, de la protection sociale, de la fiscalité, etc. pendant ces 17 années.

Je me suis retiré de la vie politique à la fin de mon mandant en septembre 2021, je partage désormais mes réactions, points de vue, réflexion sur https://www.richardyung.fr

Merci de votre visite.

Richard Yung
Octobre 2021

Arrivé à Taipei le 9 février en fin de journée depuis Singapour, je suis accueilli par Guillaume ROY, Directeur adjoint du Bureau Français de Taipei (BFT), ambassade de facto de la France à Taïwan en l’absence de relations diplomatique.

Je suis rejoint à l’hôtel par Alain Fontaine, mon collaborateur parlementaire, qui connait bien Taïwan pour y avoir vécu de nombreuses années.

Mardi 10 février

Nous commençons la journée par un petit-déjeuner avec Me Denis FORMAN, avocat-conseil du poste auquel participent également Guillaume ROY et Florence PEREZ, Secrétaire générale en charge des affaires consulaires (autrement dit, la consule).
Nous abordons divers sujets auxquels peuvent être confrontés les Français de Taïwan. Taïwan a un bon système de santé et une assurance santé qui offre une bonne couverture. Par contre, le niveau de cotisation pour les retraites est faible, et donc les retraites elles-mêmes aussi. De même, les indemnités journalières en cas d’accident du travail n’existent pas et donc une couverture volontaire à une assurance comme la CFE peut être utile pour couvrir cela.
Le nombre de familles binationales est important à Taïwan comme en France, et il existe quelque rares cas d’enlèvements d’enfants en cas de conflits entre les parents. Les procédures judiciaires dans ces dossiers peuvent être très compliquées et longues. Je recommande un travail de pression sur l’opinion publique comme nous l’avions fait au Japon pour faire avancer la situation.
La prison taïwanaise peut être dure pour les Français, notamment pour ceux qui n’y résidaient pas avant d’y être condamnés et ne parlent le chinois. Il n’existe pas d’accord de transfèrement entre la France et Taïwan, alors 2 ou 3 accords de ce type existent avec d’autres pays européens.

Le déjeuner nous permet une analyse politique de Taïwan et des relations avec la Chine avec Stéphane CORCUFF, Directeur de l’antenne de Taipei du CEFC (Centre d’Études Français sur la Chine contemporaine), Guillaume ROY et Sarah VANDY, Responsable de l’analyse politique du BFT.
L’antenne de Taipei du CEFC a fêté l’année dernière ses 20 ans. C’est une émanation du CEFC, unité mixte de recherche sur le monde chinois basée à Hong Kong, cofinancée et sous cotutelle du Ministère français des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI) et du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS).
Stéphane CORCUFF et Sarah VANDY passent en revue les récents développements politiques à Taïwan de la révolte des tournesols du printemps 2014 aux récentes élections municipales du 29 novembre gagnées majoritairement par le DPP, parti indépendantiste. La politique de rapprochement trop rapide avec la Chine du Président Ma qui n’a pas profité à la majorité des Taïwanais est un des facteurs principaux de la défaite du KMT, parti nationaliste. Le Président Ma commencera bientôt la dernière année de son mandat. Les deux principaux candidats pourraient être Eric Chu, maire de New Taipei pour le KMT et Tsai Ing-wen, Présidente du DPP. Mais rien n’est encore sûr d’un côté comme de l’autre et si 75% des Taïwanais pensent selon un récent sondage que la Présidente du DPP l’emporterait, l’élection est loin d’être gagné d’avance.

Taipei analyse politique

Nous commençons l’après-midi par une visite du BFT, conduite par Olivier RICHARD, Directeur du BFT (Ambassadeur de facto).
Une réunion restreinte avec les principaux chefs de service du BFT permet d’avoir une vue globale des activités du poste. Y participaient Olivier RICHARD, Guillaume ROY, Florence PEREZ, Nicolas BAUQUET, Conseiller de coopération et d’action culturelle, et Pierre MOUSSY, Conseiller économique.
Pierre MOUSSY indique que Taïwan est la 27ème économie mondiale (rang en 2013) avec un PIB de l’ordre de 500 milliards de dollars US et des exportations supérieures à 300 milliards de dollars US, dont 40% vers la Chine. Elle a connu une croissance de 3,5% en 2014 et la croissance estimée pour 2015 est proche de 3,8%. Taïwan est probablement le premier investisseur étranger en Chine continentale avec des investissements estimés à environ 200 milliards de dollars US. Environ 23 millions de Chinois travaillent dans entre 80.000 et 100.000 entreprises taïwanaises, ce qui est équivalent à la population de Taïwan. Et entre 1 à 2 millions de Taïwanais vivent en Chine.
Taïwan a une économie très dépendante de la santé économique mondiale et notamment des États-Unis et de l’Europe pour ce qui est de la demande finale. Mais son économie qui peut ralentir en cas de crise peut repartir très rapidement en cas d’embellie. Ses principaux secteurs d’activité sont l’électronique dans laquelle elle est très compétitive, la mécanique et la chimie.
Le BFT négocie actuellement trois accords avec Taïwan, le visa de programme vacances-travail (PVT) attendu depuis longtemps que je suis depuis octobre 2010 (voir ici sur mon site), le changement de statut de l’Alliance française et le nombre de VIE autorisés à Taïwan. Ces trois accords sont pour la France une négociation globale et doivent être négociés et signés ensemble. Alors que le ministère de l’intérieur français a longtemps bloqué le dossier du PVT avec Taïwan sur un problème réglementaire technique, un décret est maintenant prêt pour publication depuis six mois et alors que Taïwan était très demandeuse, car il y aura probablement plus de jeunes Taïwanais qui en bénéficieront, c’est maintenant la partie taïwanaise qui bloque la négociation. Olivier RICHARD a néanmoins bon espoir que la situation pourra se débloquer dans le cours de l’année.
Nicolas BAUQUET fait état d’une coopération dans le domaine culturelle avec des partenaires très motivés qui sont prêts à mettre les moyens. Environ 200 livres français traduits en chinois sont publiés chaque année. Dans le domaine du cinéma 50 films français sous-titrés sortent dans les salles taïwanaises. En ce qui concerne l’enseignement du français, il est aujourd’hui de très bon niveau dans les universités et le français est également enseigné dans certains lycées en 2 e langue vivante. La France accompagne les lycées notamment avec une formation CIEP. Chaque année environ 1000 visas sont délivrés à des étudiants taïwanais. La France est la première destination en Europe continentale. Réciproquement, les 1400 étudiants français à Taïwan sont le premier contingent européen. De nombreuses coopérations universitaires existent, notamment d’écoles d’ingénieurs avec parfois des doubles diplômes. La France est le 2e partenaire scientifique de Taïwan, notamment dans la recherche fondamentale. Le BFT fait la promotion de l’innovation taïwanaise en France et réciproquement, dans le but de développer des partenariats industriels via des pôles de compétitivité.
À la fin 2014, 1900 Français étaient inscrits sur le registre consulaire. En tout avec les étudiants et ceux qui ne s’inscrivent pas, on estime la population français à 3500 personnes, dont environ un tiers de binationaux. Environ 90% des Français sont à Taipei ou New Taipei. La communauté est jeune et dynamique avec de nombreuses familles franco-taïwanaises, du fait notamment des échanges étudiants entre les deux pays. Le BFT ne peut pas rendre tous les services consulaires du fait de l’absence de relations diplomatiques. Les actes d’état-civil, par exemple, peuvent être uniquement transcrits au service central de l’état-civil à Nantes avec l’aide du BFT et non pas inscrit sur un registre local. Il n’est pas possible de célébrer un PACS ou un mariage à Taipei. Taïwan n’a pas de conseil consulaire et dépend de celui de Séoul. Il faut trouver une solution pour que Taipei ait une circonscription consulaire, et je saisirai la DFAE sur ce sujet.

Je rencontre ensuite Frédéric LAPLANCHE, chef du Bureau économique et commerciale européen (BECE), équivalent pour Taiwan des Délégations de l’Union européenne. Seize États de l’UE. sont directement représentés à Taïwan, le BECE permet aux autres d’y être indirectement présents. Le BECE a par exemple pour tâche les négociations commerciales, parfois conjointement avec certains pays de l’UE. Il permet aussi de coopérer avec Taïwan sur certains points, par exemple sur le changement climatique. Taïwan est le 20e partenaire commercial de l’Union européenne avec 40 milliards d’euros d’échanges. Un accord de libre échange serait le bienvenu et permettrait probablement de rééquilibrer le déficit commercial comme cela a été le cas avec la Corée. Mais ouvrir de telles négociations risque d’être difficile.

Le soir, réception offerte par Olivier RICHARD avec une quarantaine de participants représentatifs de la communauté française.

Mercredi 11 février

La journée commence par l’inauguration du Salon International du Livre (TIBE) suivi de l’inauguration du Pavillon français du TIBE.
L’édition est un secteur majeur pour la promotion des industries culturelles françaises à Taiwan. Les éditeurs français y sont particulièrement bien positionnés, avec environ 200 titres français publiés chaque année, ce qui fait du marché taïwanais le quatrième d’Asie pour le livre français.
Le TIBE est le moment central pour la cession des droits des livres français aux éditeurs taïwanais. Le TIBE est le deuxième salon asiatique, après la foire de Séoul. L’édition française y est massivement présente, en partenariat étroit avec le BIEF (Bureau International de l’Edition française) et la librairie française Le Pigeonnier. Cette année, plus de 1200 ouvrages issus d’une soixantaine de maisons d’éditions françaises sont présentés sur le Pavillon français.
Le Président taïwanais, MA Ying-jeou, accompagné de son ministre de la culture, HUNG Meng-chi, a inauguré le TIBE (voir ici). Lors de l’inauguration du pavillon français ce matin, Olivier RICHARD, a souligné l’importance des échanges franco-taïwanais dans le domaine de l’édition. J’ai pu revoir à l’occasion de ce salon la propriétaire de la librairie Le Pigeonnier, Sophie HONG, qui est également une créatrice de mode reconnue avec des boutiques à Taipei et à Paris.

En début d’après-midi, j’ai rencontré la conseillère consulaire élue localement Mme Cindy HO épouse DUBRUEL, son colistier M. Kamel BENAISSA et l’animateur de l’association des familles franco-taïwanaises M. Jean-Michel PHILIPPOT. Ont participé également à cette rencontre Guillaume ROY, Héry ANDRIANJAFY du service Administration des Français du BFT, ainsi que M. Christophe DUBRUEL.
Nous abordons lors de cette rencontre des points importants pour la communauté française, comme l’école français de Taipei (voir plus bas pour plus de détails) et la couverture sociale, notamment la CFE.

Accompagnés de Déborah ZÉBOULON, secrétaire générale du SCAC, nous rendons ensuite visite à l’école française de Taipei (EFT), sur le campus de Wenlin de la Taipei European School, où nous rencontrons M. Jean-Yves VESSEAU, Directeur.
L’EFT est la section française de la TES, qui comporte également une section allemande et une section britannique (de très loin la plus importante des trois). L’EFT fait partie du réseau des établissements de l’Agence pour l’Enseignement du Français à l’Étranger (AEFE), le primaire et le collège sont actuellement homologués et la classe de 2nde est en cours d’homologation, la réponse étant attendu pour mai. Le dossier est solide, les locaux sont excellents, l’équipe est déjà en place, et l’homologation ne devrait pas poser de problème. Une demande d’homologation de classe de la classe de 1ère, qui doit ouvrir l’année prochaine, sera également, et elle pourra peut-être poser problème du fait d’un effectif réduit.
L’EFT a cette année 227 élèves, dont environ un tiers de nouveaux élèves, et son directeur espère en avoir 350 dans 3 ou 4 ans. Cette croissance est due à l’augmentation du nombre d’élèves taïwanais possesseurs de passeports étrangers par une campagne de recrutement active. Un deuxième CP a été ouvert cet année, et le doublement des niveaux pourrait être possible progressivement tous les ans.
Les professeurs en détachement direct de l’Éducation nationale, mais sans participation financière de l’AEFE, autre que les 70 bourses environ accordées à des familles françaises.
L’école est chère, entre 8000 et 12000 euros selon les niveaux, mais de très grande qualité, notamment du fait de la mise en commun au sein de la TES des infrastructures et de certains enseignements (le chinois à partir de la primaire, puis l’art, la musique, le sport et l’anglais à partir du secondaire).

La dernière étape de la journée, est une visite de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Taiwan (CCIFT) et de son service de domiciliation d’entreprises (Business Center) avec Karine LIMA, Directrice générale et de Stéphane PEDEN, Directeur général adjoint.
La CCIFT, créée en 1991, a aujourd’hui 180 membres, avec une progression de 27% en deux ans. Les grands groupes français présents à Taiwan sont membres de la CCIFT, mais une des particularités de cette chambre est les services offerts aux PME, notamment avec son Business Center, dans lequel sont domiciliés une vingtaine d’entreprises grâce aux bureaux ouverts ou fermés et moyens mis à leur disposition dans ce Business Center (notamment des salles de réunion).
L’équipe de la CCIFT comporte 5 membres permanents et 6 stagiaires et il offre un service de recrutement pour ceux qui cherche un travail, un poste de VIE ou un stage à Taiwan. Une cinquantaine de personnes ont pu être placées en 2014 grâce à ce service.

La journée s’est terminée par un dîner avec des entrepreneurs français ayant créé leur société à Taiwan auxquels participaient Guillaume ROY, Karine LIMA, Stéphane PEDEN, Cédric ALVIANI (conseil/PR), Florent BOUTOT (traductions) et Régis VIDAL (logiciels de paiement bancaires sécurisés).

Jeudi 12 février

Je commence ma dernière journée à Taïwan par un petit-déjeuner avec ZHANG Ming-Zhong, Directeur Europe du ministère taïwanais des affaires étrangères, auquel participaient également Olivier RICHARD et Guillaume ROY.
ZHANG Ming-Zhong espère de meilleures relations avec la France. Pour lui, même si les relations dans les domaines de la coopération scientifique, de la culture et du sport sont très bonnes, il n’y a plus eu de visite ministérielle française à Taïwan depuis 1998, et il espère donc qu’une telle visite pourra bientôt être à nouveau possible.
Avant de quitter le Directeur ZHANG, je lui fais part de ma préoccupation sur des dossiers d’enlèvement d’enfant en espérant que le ministère taïwanais des affaires étrangères pourra apporter son plein soutien sur ces dossiers.

Nous nous rendons ensuite à Hsinchu, la Silicon Valley de Taiwan, accompagnés de Guillaume ROY, Emmanuelle PLATZGUMMER, Conseillère-adjointe de coopération et d’action culturelle, et Sasha TING, Attachée de coopération scientifique et universitaire du BFT.

Nous visitons d’abord l’Industrial Technology Research Institute (ITRI), une organisation à but non lucratif de R&D engagée dans la recherche appliquée. Fondée en 1973, l’ITRI a joué un rôle essentiel dans la transformation de l’économie taïwanaise d’une industrie de main-d’œuvre à une industrie de haute technologie. L’ITRI a environ 6000 employés dont 1300 titulaires d’un doctorat.

Nous rencontrons ensuite 4 chercheurs français : Ludovic ANGO et Thelo GAULTIER de l’ITRI, Xavier BERGAMINI d’Evonik Industries, entreprise allemande hébergée par l’ITRI, et Aurélien GAUTHIER-BRUN d’Epistar, entreprise taïwanaise qui collabore avec l’ITRI.

Guillaume ROY m’accompagne pour finir à l’aéroport de Taoyuan pour mon vol vers Hong-Kong, prochaine étape de mon déplacement en Asie.