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Je vous souhaite la bienvenue sur ce site archive de mon mandat de sénateur des Français hors de France.

Mandat que j'ai eu l'honneur de faire vivre de 2004 à 2021.
Ce site est une image à la fin de mon mandat.
Vous y trouverez plus de 2 000 articles à propos des Français de l'étranger. C'est un véritable témoignage de leur situation vis-à-vis de l'éducation, de la citoyenneté, de la protection sociale, de la fiscalité, etc. pendant ces 17 années.

Je me suis retiré de la vie politique à la fin de mon mandant en septembre 2021, je partage désormais mes réactions, points de vue, réflexion sur https://www.richardyung.fr

Merci de votre visite.

Richard Yung
Octobre 2021

L’ambassadeur Charles Malinas, un ami de plus de 20 ans, a dû accompagner le Président Touadera, nouvellement élu, pour une visite à Paris et une rencontre avec le Président Hollande. Je n’ai donc pas eu le plaisir de le retrouver à Bangui mais M. Éric Bosc, chargé d’affaires, m’accompagne pendant la plupart des visites de ce séjour.

Le premier soir, un briefing politique à l’ambassade me met à niveau sur la situation politique issue des élections présidentielles et générales récentes (30 mars) et l’élection de Faustin Archange Touadera. Des élections qui se sont déroulées de manière tout à fait correcte et que le Président élu a remportées très nettement avec plus de 60% des voix et ce dans la plupart des préfectures.
Des élections législatives ont également eu lieu, avec de nombreux indépendants élus.

Un gouvernement vient d’être constitué, assez resserré, diversifié, mais ne comptant aucun ministre de la transition ni de représentants des groupes armés.
Le premier ministre est Simplice Sarandji, proche du président.

Les priorités du nouveau président sont les négociations avec les groupes armés qui restent en dehors du gouvernement en vue de leur désarmement et du retour à la vie civile des soldats « perdus » ainsi que le redressement économique du pays. Il entend aussi s’attaquer la corruption et mettre en place une Cour Pénale Spéciale pour juger tous les crimes commis depuis 10 ans. La France soutient ces orientations et met l’accent sur la constitution d’une gouvernance moderne.

La RCA sort en effet d’une longue période d’instabilité et de bouleversements.
Le président Patassé a été renversé en 2003 par le général Bozizé. Celui-ci sera à son tour renversé en 2013 par une coalition diverse, la Seleka dont le chef est Michel Djotodia. Il s’ensuivra une crise militaire des affrontements sanglants entre les différentes communautés qui entraînera l’intervention de la France et des Nations unies fin 2013 (opération Sangaris puis mandat Minusca et EUTM).

Le 20 avril, rencontre avec M. Simplice Mathieu Sarandji, premier ministre. Nous évoquons les priorités du nouveau gouvernement, le soutien de la France au processus, le rétablissement de la justice, ... un programme qui suscite beaucoup d’espoirs.

Visite au PK5, lieu de nombreuses destructions et pillages commis pendant la période de guerre civile, fin 2015.

Visite ensuite au Service Commun d’Entretien des Voies Navigables, service commun à la République démocratique du Congo et à la République Centrafricaine, dont le représentant à Bangui est M. Jean-Luc Maniglia, et qui sert au balisage de fleuve Congo entre Bangui et Brazzaville. C’est un axe essentiel de ravitaillement et de commerce, la route vers l’Ouest étant surchargée, mais qui souffre du manque de crédits.

Un déjeuner autour des thématiques de gouvernance avec le premier ministre, le chargé d’affaires, Mme Marine Thiry, conseillère politique de l’ambassade et MM. André Barry, attaché de coopération gouvernance et Jérôme Notebaert, expert en administration territoriale.

L’après-midi est consacré aux questions militaires avec une visite à l’EUMAM (European Union Military Advisory Mission) et à la force française Sangaris.

Le général Dominique Laugel qui commande le dispositif européen (EUAM) de 70 personnes. Elle a une mission non opérationnelle mais essentielle : réformer le ministère de la Défense, la chaîne de commandement et l’armée régulière (Faca).
Cela passe en particulier par une remise à plat du tableau des effectifs, nombreux étant ceux qui touche leur solde (57000 FCFA) mais sont absents : déserteurs, en stage de longue durée, malades, ... Elle souffre de manque de moyens sur le plan budgétaire et parce que certains États rechignent à la levée de l’embargo sur le matériel militaire.

Avec le Général Dominique Laugel

Le colonel François Beaucournu commande la force Sangaris qui a permis le rétablissement de la paix civile en décembre 2013 et janvier 2014. Un excellent travail qui lui vaut la reconnaissance les Français de la RCA mais aussi celle de la population.
De 2500 hommes, elle est maintenant descendue à 900 et devrait être rentrée pour la fin de l’année. Les discussions qui ont eu lieu ce même jour à Paris entre les présidents Hollande et Touadera devraient permettre de mieux connaître le calendrier.
Une des difficultés rencontrées est l’utilisation des hélicoptères d’attaque (très performants) de la Minusca. Leur emploi dépend d’une chaîne de commandement qui n’est pas militaire mais celle de la logistique : elle est très longue à mettre en œuvre et donc peu efficace. Une réforme des règles d’emploi serait utile.

Je rencontre ensuite M. André (dit Freddy) Lemonnier, conseiller consulaire élu pour la circonscription centrafricaine, présent depuis 35 ans et propriétaire du restaurant « Le Relais des chasses ». Nous faisons le point avec M. Anton Bialecki, consul adjoint, sur la situation de la Communauté française.

Le soir dîner avec les responsables culturels et de l’enseignement : M. François Béhue, conseiller de coopération et d’action culturelle, M. François Grosjean, responsable de l’alliance française, M. Bruno Wills, attaché de coopération éducative, M. Morad Bkhait, chargé de mission éducation, et Mme Marie-Christine Vogel, directrice du lycée français.
Nous parlons entre autre du projet pilote concernant l’utilisation de tablettes sur lesquelles se trouvent près de 700 fiches préparées par les instituteurs centrafricains et qui pourrait être généralisée dans le pays (peu coûteux, nécessitant peu d’électricité, support utile au maître). Un projet à suivre pour une application éventuelle dans d’autres pays.

Jeudi 21 avril, visite de l’Alliance française avec le conseiller de coopération et d’action culturelle et le directeur, M. François Grosjean : activités de spectacles locaux, peu chers (20 à 30 représentations), enseignement de la langue française, médiathèque.
Grâce à un gros travail de prospection, l’Alliance a trouvé des financements extérieurs importants qui lui permettent de développer ses activités. Ceci est à souligner dans un pays pauvre et qui sort d’une crise sociale et militaire sans précédent.

Visite de l’Institut Pasteur avec son directeur M. Pierre Lombart et son directeur scientifique M. Emmanuel Nakoune. Visite des laboratoires de recherche qui travaillent sur des maladies endémiques et régionales grippe, tuberculose, polyo, paludisme, ... Le laboratoire P3 stocke les souches de ces maladies dans des conditions très élevées de sécurité. La moitié du budget (1,2 millions d’euros) vient des prestations exécutées pour le public et l’autre d’une subvention du ministère de l’enseignement supérieur français.
Le principal problème rencontré est le recrutement d’un certain nombre de spécialistes (par exemple épidémiologiste) pour lesquels on ne trouve pas de candidats (problème de sécurité, salaire, ...).

Déjeuner avec les entreprises françaises en RCA au restaurant Les Relais des Chasses.
Une quinzaine d’entrepreneurs sont là et nous faisons un tour de table. Les principaux problèmes évoqués sont le non-respect les textes par les autorités (code des investissements, fiscalité, abus de la justice). Le groupement interprofessionnel de Centrafrique demande un certain nombre de gestes et d’actions du nouveau gouvernement.

L’après-midi, visite du lycée français Charles de Gaulle sous la conduite de M. Bruno Wills, attachée d’éducation et du Dr Maurice Guimendego, docteur en histoire, en l’absence de la directrice (en vacances). Le nombre d’élèves est passé de 650 à 180 (crise nationale). Il n’y a plus de professeurs de l’éducation nationale mais 15 formateurs qui accompagnent les cours du CNED. Le passif a été apuré avec une contribution exceptionnelle du MAE (200.000€) et de l’AEFE (80.000€). Le budget de fonctionnement est équilibré (les frais de scolarité sont de 1000€ mais il faut ajouter 2000 à 3000€ de frais de CNED).
M. Trompé Baguenard, président, et le bureau de l’Association des Parents d’élèves comptent sur une reprise du nombre d’inscriptions pour l’année prochaine.

Lycée Charles de Gaulle Bangui

Lycée Charles de Gaulle Bangui

Le soir réception à l’ambassade de France pour la Communauté française. Plus d’une centaine de nos concitoyens sont présents que je peux ainsi rencontrer. Je fais la connaissance du président de la section Français du Monde.

Le 22 avril, rencontre en présence du conseiller de coopération et d’action culturelle, avec les ONG françaises présentes en RCA (ATD quart monde, Croix Rouge, Alima, Acted, Médecins du monde, ACF, Handicap International) ainsi qu’avec l’AFD qui a des financements spécifiques.
Les activités et les secteurs couverts sont multiples : aide aux centres de soin, soutien au retour des réfugiés ou déplacés, jeunes des rues et jeunes travailleurs, familles en grande précarité, vaccination du bétail dans le sud-est, reconstruction de maisons, logistique, transports de médicaments.
Les observations essentielles sont : pays difficile et dur, peu de solidarité ; conflits de toute nature ; financements disponibles et efficacité du fonds Bekou géré par la commission européenne (6 mois pour lancer un projet) ; espoirs suscités par le nouveau Président et l’équipe gouvernementale

Déjeuner organisé par le chef de la section consulaire avec les associations françaises au restaurant l’Équateur : le CMS (M. Jacques Guyot), Français du monde, (M. Georges Matango), UFE (M. Jean-Luc Maniglia), APE (M. Trompé Baguenard). Nous faisons le point sur les problèmes de la Communauté. À noter le maintien d’un CMS avec un médecin français payé par le MAE. Il soigne les expatriés de toute nationalité et équilibre ses comptes.

Départ pour l’aéroport ou je croise brièvement Charles Malinas, notre ambassadeur, de retour de Paris.

Au total, une situation difficile stabilisée par l’intervention Sangaris, une transition politique réussie, un Président bien élu et une équipe gouvernementale représentant une véritable alternance. Beaucoup d’espoirs dans tous les domaines mais on sait par exemple que les réalités de gouvernement arrivent très vite et sont des rochers dangereux. Il n’en reste pas moins que la France doit aider et soutenir le mouvement en route.