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Je vous souhaite la bienvenue sur ce site archive de mon mandat de sénateur des Français hors de France.

Mandat que j'ai eu l'honneur de faire vivre de 2004 à 2021.
Ce site est une image à la fin de mon mandat.
Vous y trouverez plus de 2 000 articles à propos des Français de l'étranger. C'est un véritable témoignage de leur situation vis-à-vis de l'éducation, de la citoyenneté, de la protection sociale, de la fiscalité, etc. pendant ces 17 années.

Je me suis retiré de la vie politique à la fin de mon mandant en septembre 2021, je partage désormais mes réactions, points de vue, réflexion sur https://www.richardyung.fr

Merci de votre visite.

Richard Yung
Octobre 2021

Nosy-bé

Avec Jean-Daniel Chaoui et Pierre-Yves Féart, le représentant de l’ADFE à Nosy-bé, nous sommes accueillis le 4 décembre à Hell Ville par Sylvie Duriez, consule honoraire. Elle a choisi d’utiliser son enveloppe budgétaire pour louer un local en plein centre où elle tient une permanence bihebdomadaire, et rémunérer une assistante. Les services que cette « antenne » rend à la communauté française (évaluée à 800 personnes, faute d’accès au Registre) sont ceux d’une chancellerie, mais comme boîte à lettres. Elle pouvait accorder jusqu’à maintenant un « laisser-passer » qui permettait de sortir du territoire via l’aéroport international de Nosy-bé. Un autre point très sensible dans la communauté française de l’île est l’absence de bureau de vote, celui de Diégo étant à une distance telle qu’elle décourage les Français d’accomplir leur devoir civique.

Les problèmes qui se posent à nos compatriotes sont, outre l’insécurité (cambriolages et attaques avec violences), l’absence de collège français et la pénurie en matière de soins médicaux à Hell-Ville même (hôpital correct, médecin référent, spécialistes). Heureusement le médecin du CMS et une assistante sociale du consulat général font une tournée annuelle.
Le coût de la vie est d’autre part plus élevé dans l’île, qui, vouée à la culture de la canne à sucre puis de l’ylang-ylang, n’a pas de productions vivrières. De plus en plus de Français viennent pourtant s’y installer, en particulier des retraités.

L’école Lamartine (établissement conventionné) scolarise 150 enfants (maternelle, primaire et « collège » en CNED avec des répétiteurs). Comme l’explique son directeur David Malleret, en montrant les murs délabrés, la clôture en simples branches et le chemin raviné qui mène à l’école, il y a un énorme besoin de réparations. Les conditions d’hygiène sont déplorables : le puits qui approvisionne l’école étant presque tari, les enfants doivent se laver les mains dans des bassines d’eau posées à l’entrée de leur classe…L’APE gestionnaire a évalué à 300 000 euros le coût des dépenses les plus urgentes. La santé des élèves est un autre grand souci, dans la mesure où il n’existe sur place ni suivi médical ni dépistage des troubles auditifs ou visuels qui, faute d’être traités à temps, entraînent l’échec scolaire.
Les écolages devraient augmenter de façon à couvrir l’instauration d’un taux de remontée de 40 % et l’ISVL de 100 %. Les enseignants se plaignent de devoir payer une cotisation pour leur assurance médicale.
L’APE gestionnaire (Christophe Le Tallec, président, Eric Wyvekens, trésorier) voudrait ouvrir un collège ; elle estime qu’il y aura bientôt assez d’élèves. Comme les parents ne souhaitent pas de nouvelles augmentations des écolages, qui aboutiraient à faire de l’école française une école de riches, une solution pourrait être un établissement homologué.

L’Alliance Française est installée dans le bâtiment pittoresque mais en fort mauvais état de l’ancien théâtre de Hell-Ville. Elle est dirigée avec enthousiasme par Nicolas Stojcic, VP, sous la houlette expérimentée de son président M. Tourabhoussen, par ailleurs maire adjoint de la commune de Nosy-bé.

L’après-midi, une réunion avec les opérateurs économiques était organisée, à laquelle la participation a été plus que modeste. Le coquetel offert à l’hôtel Vanila par Madame La Consule n’a pas eu plus de succès.

Ambanja

Grande ville agricole au Nord Est de l’ile et au sud de la province de Diego Suarez. Nous y visitons le 6 décembre la clinique Saint Damien tenue par des frères capucins italiens. Elle dispose de 80 lits environ dans de bonnes conditions d’hygiène et de propreté et couvre la plupart des domaines médicaux : obstétrique et accouchements, ophtalmologie et fabrication des lunettes, radiologie, chirurgie, avec trois blocs opératoires et quatre chirurgiens. Cette belle réalisation soutenue par l’église catholique et par des donateurs suisses pourrait servir aux ressortissants français de la région - plusieurs personnes de Diégo nous disent y aller.

Nous allons ensuite à l’école française « Charles Baudelaire » dirigée par Nadège Ruinet. C’est une école conventionnée avec 86 élèves dont 31 français et 11 boursiers. Elle couvre le primaire, la 6ème et la 5éme en CNED. Le corps enseignant comprend une expatriée, un résident, 2 contrat locaux, 2 auxiliaires. Les frais d’écolage sont bas (400 € par an) et devront augmenter avec les remontées sur salaire de résident qui vont passer de 10% aujourd’hui à 50% en 2014. Un enseignant de plus permettrait de libérer la directrice (à voir avec le comité des parents). Des livres, CD, DVD pour le CDI des petits sont souhaités.

Nous rencontrons ensuite le Conseil de l’Alliance française présidé par M. Guy Randrianasolo. L’arrivée d’une nouvelle directrice (une VP) est bienvenue, après plusieurs mois de vacance du poste. L’AF a un programme FLE pour 70 élèves et a participé au projet PARSEM qui est malheureusement passé ailleurs, réduisant leur financement. Elle fonctionne avec une subvention de 1000 € de l’AF Tana et environ 800 € de recettes de cours. Elle dispose d’une jolie petite bibliothèque bien tenue dans un bâtiment modeste mais fonctionnel qu’elle aspire à acheter.

Antsiranana

François Frankel, consul, chef la chancellerie détachée, nous accueille à Antsiranana (Diégo-Suarez) le 10 décembre. La chancellerie couvre le territoire du nord de Madagascar, y compris Nosy-bé à l’ouest, soit 2 500 à 3 000 Français, dont 1 500 pour la ville d’Antsiranana. Il ne s’agit que d’immatriculés, et le chiffre serait beaucoup plus élevé si tous les Français vivant ici s’immatriculaient ; mais nombreux préfèrent vivre « officiellement » à La Réunion pour pouvoir bénéficier des aides (RMI, allocations familiales, pensions de retraite majorées). Le climat tropical et la beauté des jeunes malgaches attirent ici grand nombre de retraités qui refont leur vie, et de plus jeunes qui se lancent dans le commerce informel. Le développement récent d’un tourisme plus fortuné a redonné de l’éclat à une ville assoupie.
Devenu chancellerie, le consulat a vu ses compétences sérieusement réduites, au grand dam des Français qui n’y trouvent plus les services jusque là remplis. Le consul honoraire d’Antalaha de son côté n’a plus les moyens de se déplacer. Comme l’explique Pierrette Collomb, chargée des affaires sociales, les fraudes aux allocations de solidarité et les captations d’allocations ont repris depuis que les allocations ne sont plus versées directement aux intéressés par le consulat, mais payées par chèque. Le montant des aides (128 euros) est ici une très grosse somme qui suscite bien des convoitises dans l’entourage des allocataires… La chancellerie consacre beaucoup d’énergie à débusquer les multiples fraudes.

Avec le proviseur François Méchain et le directeur du primaire Thierry Lauret nous visitons ensuite le lycée Sadi Carnot qui scolarise 600 élèves, dont environ la moitié de Français. Le lycée compte une centaine d’élèves, un nombre en lente diminution, ce qui fait craindre à l’APE qu’il soit menacé de fermeture. Une solution serait de créer un internat, susceptible d’attirer une vingtaine d’élèves de la province, voire de Nosy-bé, trente enfants étant déjà hébergés dans des familles d’accueil. Gilles Rouxel, trésorier de l’APE, a trouvé le local adéquat, reste à régler la question de la structure gestionnaire, étant donné qu’il n’existe ni société de bienfaisance ni même association de Français. Stéphane Cassam Chenaï, président de l’APE, confirme sa détermination de faire le maximum pour la pérennité du lycée, indispensable au maintien à Antsiranana des communautés françaises.
Un projet intéressant de l’APE est de pallier le faible nombre de bourses d’excellence par la prise en charge des frais de scolarité dans le secondaire aux élèves malgaches lauréat d’un concours d’entrée en 2de.
Gilbert Rakotonirina, représentant les personnels sous contrat local (77, dont 37 enseignants) déplore que l’augmentation de la masse salariale soit inférieure à celle du coût de la vie, et réclame le paiement d’une somme forfaitaire unique lors de leur départ à la retraite. Les résidents, dont 95 % seraient en fait de « faux résidents », voudraient le remboursement de leurs frais d’installation et un complément de salaire pour les trois premiers mois. Ils protestent également contre la rareté de leurs inspections, tous les 10 ans, ce qui nuit à leur avancement.
Ils s’étonnent enfin que les représentants du personnel au comité de gestion n’aient pas de voix délibérative.



L’après-midi nous visitons l’Alliance franco-malgache, installée dans l’imposant bâtiment en métal, style Eiffel, de l’ancien marché d’Antsiranana, que la directrice Joëlle Cousinaud voudrait faire réhabiliter comme patrimoine historique. L’Alliance s’autofinance à hauteur de 78 % par les cours de français, les activités culturelles et sportives, en particulier de danse de salon, les spectacles et les expositions.





Les opérateurs économiques se réunissent à l’hôtel Colbert : Jean-Yves Morvan, PDG adjt des Salinières de Madagascar, vice-président de la chambre de commerce et d’industrie, responsable du Groupement des Entreprises du Nord de Madagascar (GENOM), Francis Gout, commerces, David Thomas (manutention). Les entreprises françaises ou à capitaux français correspondent à deux groupes : des filiales de grandes sociétés (hôtellerie, pêche, banque, import-export,…) et des entreprises personnelles (petits hôtels, restaurants, petits commerces). Les principaux problèmes rencontrés sont la sécurité, la survie du lycée, la législation économique et fiscale tatillonne. Les grandes entreprises poursuivent une politique de sous-traitance de manière à aider à la constitution d’entreprises moyennes.

Le soir M. le Consul et son épouse offrent un coquetel à leur résidence qui nous permet de rencontrer un grand nombre de représentants de la société française de Diégo.

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