Bienvenue sur ce site Archive

Je vous souhaite la bienvenue sur ce site archive de mon mandat de sénateur des Français hors de France.

Mandat que j'ai eu l'honneur de faire vivre de 2004 à 2021.
Ce site est une image à la fin de mon mandat.
Vous y trouverez plus de 2 000 articles à propos des Français de l'étranger. C'est un véritable témoignage de leur situation vis-à-vis de l'éducation, de la citoyenneté, de la protection sociale, de la fiscalité, etc. pendant ces 17 années.

Je me suis retiré de la vie politique à la fin de mon mandant en septembre 2021, je partage désormais mes réactions, points de vue, réflexion sur https://www.richardyung.fr

Merci de votre visite.

Richard Yung
Octobre 2021

Ce lundi matin aux première heures un accord sur la Grèce a été trouvé. Si cet accord est le fruit de longues discussions qui ont parfois laissé la place à des désaccords francs ; il n’en reste pas moins qu’il relance le projet européen sur la base d’une solidarité retrouvée.

Hollande TsiprasLorsque les urnes grecques ont délivré un non massif au plan des créanciers, beaucoup en Europe, beaucoup en France ont alors décidé de condamner la Grèce. Il a fallu tout le travail du gouvernement français et en particulier du président de la République pour aider la Grèce à formuler des engagements crédibles qui convenaient à tous et pour convaincre les autres créanciers de la confiance que nous devons avoir envers la Grèce.

La Grèce a compris qu’elle devait s’engager de façon sérieuse sur le chemin des réformes structurelles. C’est ce qu’Alexis Tsipras a reconnu en présentant son plan de réformes, validé par le parlement grec. La mise en place d’un cadastre, la remise en cause de niches fiscales, la réduction des départs anticipés en retraite, une hausse de la TVA, la reprise des privatisations… ce train de mesures reprend en grande partie celle des créanciers d’avant le référendum.  Même si Tsipras a évité les mesures les plus sèches (souvent plus symboliques qu’efficaces) pour protéger légitimement son peuple des réformes les plus dures. Les coupes budgétaires aveugles, systématiques touchant les classes les plus populaires relèvent d’une idéologie dangereuse à même de favoriser les populismes les plus extrémistes. La France a décidé d’aider la Grèce dans la rédaction de ces nouvelles propositions pouvant amener à l’accord, par la mise à disposition de hauts fonctionnaires. Le président Hollande s’est engagé de manière très résolue dans cette voie. Par contre, on ne peut pas dire que les polémiques de MM. Sarkozy et Fillon aient beaucoup aidé à la résolution de la crise ; Alexis Tsipras a fait un choix courageux au moment même où lui étaient demandées d’autres réformes. Mais il savait que c’était la condition pour recevoir les prêts de 80 milliards d’euros pour financer ses projets dans les prochaines années et faire face à ses échéances.

Mais une fois ce pas fait par le gouvernement grec, encore fallait-il que la confiance revienne  parmi les partenaires européens, cela a été le cœur des négociations engagées vendredi et qui se sont terminées, sur le succès que l’on connait, au petit matin, lundi. Le rôle du président de la République, avec le ministre des finances n’a pas été de trouver un équilibre entre les partis, mais bien de trouver le bon chemin pour restaurer une confiance qui avait été entamée. Il en allait de la crédibilité et de l’avenir de la zone euro et de l’Europe. Il a finalement convaincu le gouvernement allemand et sauvegardé ainsi l’axe franco-allemand.

La sortie de la Grèce de la zone euro aurait été une catastrophe ; elle aurait signifié la victoire de la conception ordo-libérale de la gouvernance de la zone Euro. Une telle application aveugle des traités, sans prise en compte des situations politiques particulières, qui voulait condamner une expression démocratique par une sortie pure et simple de la zone euro ne pouvaient être acceptée. La volonté politique, la démocratie, doit toujours prévaloir sur les intérêts purement pécuniaires des nations.

Comme l’a rappelé le président de la République, si la Grèce était sortie de la zone euro, on aurait dit que la zone euro n’était pas capable d’assurer son intégrité. On aurait dit de la France et de l’Allemagne qu’elles n’étaient pas au rendez-vous. Plus que l’intérêt de la Grèce, c’était l’intérêt de l’Europe, et de la France : l’intérêt et la grandeur de la France ne se dissocie pas de l’intérêt et de la grandeur de l’Europe.

Ce matin, l’Europe en sort grandie, mais nous devons rester d’une vigilance extrême. Il faut dès maintenant ouvrir un nouveau temps européen : il faut, de façon à éviter une prochaine crise, réorienter la gouvernance de la zone euro. Il est temps de construire véritablement l’Europe de la solidarité, par la mutualisation des dettes (les Eurobonds), par des véritables dispositifs de coopérations, par une plus grande intégration fiscale, par une plus grande intégration sociale…

Et si s’ouvrait aujourd’hui le temps de l’Europe Fédérale ?

C’est le moment de poser de façon sérieuse cette question. Si ce débat ne s’ouvre pas maintenant, il y a fort à parier qu’il ne s’ouvrira jamais.

Cette question est exigeante, il faudrait affronter les peurs, les craintes, les exaspérations légitimes des peuples européens, il faudrait batailler contre les nationalistes et les populismes… mais si la crise grecque doit nous servir à quelque chose, alors que ce soit en permettant de franchir une nouvelle étape, en étant fidèle à l’esprit qui a motivé ceux qui il y a plus de 50 ans se sont mis à rêver d’une Europe des peuples.

Quoi qu’il en soit, ce lundi, nous devons saluer l’action du président de la République : le dialogue constant avec toutes les parties, la détermination dans les objectifs, la ténacité dans l’adversité c’est ce qui a permis aujourd’hui de faire triompher l’Europe. C’est ce qui doit nous permettre demain, de faire gagner le peuple européen.