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Je vous souhaite la bienvenue sur ce site archive de mon mandat de sénateur des Français hors de France.

Mandat que j'ai eu l'honneur de faire vivre de 2004 à 2021.
Ce site est une image à la fin de mon mandat.
Vous y trouverez plus de 2 000 articles à propos des Français de l'étranger. C'est un véritable témoignage de leur situation vis-à-vis de l'éducation, de la citoyenneté, de la protection sociale, de la fiscalité, etc. pendant ces 17 années.

Je me suis retiré de la vie politique à la fin de mon mandant en septembre 2021, je partage désormais mes réactions, points de vue, réflexion sur https://www.richardyung.fr

Merci de votre visite.

Richard Yung
Octobre 2021

Mercredi 6 février 2019 : la Commission Européenne interdit la fusion entre le géant français Alstom, et allemand Siemens. La commissaire à la concurrence Margrethe Vestager explique la rationalité de cette décision en faisant valoir le besoin de protection des consommateurs, et le manque de mesures compensatoires de la part des entreprises – la cession de plus de 4% de leurs actifs cumulés n’a pas été suffisante.

Alors, choix raisonnable pour protéger la concurrence européenne, ou « erreur économique » (Bruno Le Maire) ? Le droit de la concurrence est une compétence exclusive de l’Union selon l’article 3 du TFUE[1]. La fusion Alstom/Siemens aurait en effet triplé les parts de marchés du nouveau groupe, se positionnant inévitablement en position dominante, sujet aux abus. La décision n’est pas une surprise puisque Bruxelles a pour habitude de protéger l’intérêt du consommateur devant les intérêts économiques.

Si les syndicats français et allemands sont rassurés de cette décision (crainte de la suppression de 3,000 à 7,000 emplois), le patronat s’indigne. En effet, la concentration visait tout d’abord à rivaliser avec le géant chinois CRRC. En 2006, les premiers TGV chinois pouvaient aller jusque 200 km/h, et en octobre 2018, un test était effectué pour un modèle allant à 600 km/h. CRRC est performante et a su subvenir aux besoins du marché chinois. Sa stratégie de conquête est évidente : 20% de son chiffre d’affaires effectué à l’étranger, main mise sur la Route de la Soie, et acquisition de Skoda (tchèque) pour s’attaquer au marché européen. De 2013 à 2017, ses actifs sont passés de 3 milliards de yuans à 34 milliards. Ce géant, issu d’une fusion, répond au choix de la politique chinoise de construire un mastodonte afin de s’imposer sur le marché international profitant de l’isolationnisme américain, et laissant sur le côté une Europe vulnérable.

Les gouvernements allemand et français sont agacés. La Commission doit voir au-delà du marché européen. Le ministre allemand Peter Altmaier affirme que certains domaines comme les chemins de fers devraient avoir pour référentiel le marché mondial. La volonté de mutation des dispositions européennes, ainsi qu’une reprise de pouvoir des États membres sur les décisions se font entendre. La tendance est à créer des champions européens pour maintenir le continent économiquement attractif et viable.
Qu’en est-il pour Alstom ? Le PDG l’a reconnu, pas de conséquences économiques immédiates. Lors des neuf premiers mois de l’exercice de 2018, Alstom a atteint les 6 milliards de vente. Sans le renforcement de Siemens, la société française va devoir redoubler d’efforts et de stratégies technologiques (notamment en matière de signalisation) pour pouvoir rivaliser avec CRRC (27 milliards d’euros de chiffre d’affaire), mais aussi avec Bombardier Transport Canada, Hitachi Rail Japon, et bien sur Siemens.
Cette concurrence difficile forcerait-elle à l’élaboration d’un « Buy European Act » ? La question d’un renouveau des règles de concurrence européennes est plus que jamais d’actualité et l’opportunité des élections européennes à venir est substantielle.

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[1] Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne